vendredi 28 décembre 2015 – New York Universty Hospital, NJ
omniscient
Miles allait au plus mal. Miles souriait. Miles souffrait. Miles riait. Miles pleurait tous les soirs. Miles passait ses journées à discuter avec ses proches. Miles avait peur. Miles n'osait pas le dire.
Il prenait sur lui, il essayait de refouler son inquiétude pour se concentrer exclusivement sur les derniers moments, non pas qu'il était en train de vivre mais surtout, qu'il était en train de donner à sa famille, à ses amis, à Addy. Il ne pouvait se résoudre à partir en leur laisser le souvenir d'un garçon absent, rongé par la maladie. En fait, il voulait vivre jusqu'au bout. Il voulait remplacer les larmes par des sourires et cacher sa douleur derrière des éclats de rire. Il y parvenait, à peu près. Toutes personnes entrant dans sa salle en ressortait avec un sourire, mais aussi avec le cœur gros, oh oui, très lourd, de savoir que ce jeune homme allait bientôt s'éteindre.
C'était horrible. L'attente. L'attente de la mort. Miles se demandait s'il ne s'était pas trompé, finalement, peut-être n'était-il pas si mal en point ? Peut-être allait-il connaître un miracle ? Peut-être aurait-il dû demander au médecin ? Et peut-être que la réponse du Dr. Haas aurait été meilleure qu'il ne l'avait imaginé ? Peut-être lui restait-il encore quelques semaines, mois, à vivre ? Et pourquoi pas ?
Alors ses proches allaient et venaient dans la chambre, alternant. Layne et Paige, les parents et Brent, Sean, Sanae et Tom, Wael et Olivia, ses grands-parents, Adelyn. C'était horrible de les voir arriver, puis repartirent, et voir venir quelqu'un d'autre un peu après, comme s'ils devaient prendre soin de lui alors que non, non, ils ne devaient pas prendre soin de lui, loin de là, il n'y avait plus rien à faire. Ils voulaient juste s'assurer que le temps ne lui paraissait pas interminable et Miles ne pouvait se résoudre à leur dire que si, si, le temps était interminable, si, il aimerait mourir maintenant plutôt que de continuer avec cette once d'espoir. Si, il en avait marre. Si, il souffrait.
Et puis, en ce vendredi 28 décembre 2015, aux alentours de 10pm, les machines s'affolèrent, il perdit connaissance, on essaya de le réanimer.
« -Son cœur s'est arrêté. » avait expliqué le médecin à Sandy et Jorge.
Dans la chambre, Sandy serrait sa main. Jorge sortit de la pièce après avoir embrassé le front de son fils une dernière fois, une larme coulant sur sa joue. Miles ouvrit les yeux, les traits tirés et fatigués, le visage pâle.
« -Maman, je ne veux plus me réveiller. » soupira-t-il en grimaçant.
Les larmes perlèrent des yeux de la femme qui regardait son fils avec admiration, pour tout ce qu'il avait traversé, et amour, pour tout ce qu'il avait donné, lui avait donné. Elle porta la main de son enfant à son visage et appuya sa joue contre la paume. Cette main qu'elle avait l'habitude de tenir il y a, ce qui lui semblait être, seulement quelques années et qu'elle tenait maintenant, parce son bébé était sur un lit d'hôpital ; son lit de mort. Elle la porte à sa lèvre et embrassa délicatement le dos, puis appuya la sienne contre le visage du jeune homme, caressant sa joue et ses cheveux légèrement humides.Elle voulait se souvenir de la sensation de sa peau contre la sienne. Et Sandy Anderson prit la décision la plus difficile de sa vie.
« -Alors ne te réveille plus chéri. Dors. » sa voix se brisa.
Elle lui avait promis. ''On va traverser ça ensemble, je te promets de t'aider.'', lui avait-elle dit. Elle s'en souvenait parfaitement. Et elle ne pouvait aller à l'encontre de ce que son fils avait demandé : arrêter de se battre désespérément contre une maladie qui ne les laisserait jamais gagner. Elle savait qu'il refuserait qu'on le 'sauve' encore une fois, provisoirement, et elle savait qu'il préférerait partir maintenant.
VOUS LISEZ
WELCOME TO MY FUNERAL
General Fiction« -Je veux mourir en ayant eu la vie dont j'ai toujours rêvé.»