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▬ quelques heures plus tard

Départ pour l'hôpital. C'était prévu, Miles l'avait annoncé à tout le monde dès son retour de Los Angeles : après noël, il devait aller à l'hôpital. Personne ne s'était opposé à cette décision, personne n'avait posé de questions ; au fond de lui, Miles savait pourquoi il avait décidé d'y aller. Pas seulement parce qu'il sentait qu'il allait bientôt partir – mourir, pardon – mais surtout parce qu'il ne voulait pas que ça arrive chez lui, dans la nuit, parce qu'il ne voulait pas que ses parents se réveillent et le trouve mort, parce qu'il ne voulait pas les réveiller dans la nuit pour aller, encore une fois – une dernière fois –, en urgence à l'hôpital.

Ce fut donc dans la nuit du vingt-cinq au vingt-six que la famille Anderson prit la route pour emmener Miles à l'hôpital, Miles à la mort, peut-être, sûrement, oui, forcément. Bizarrement, la circulation n'était pas aussi dense qu'habituellement, les feux n'étaient pas tous au rouge, les gens ne klaxonnaient pas autant, ils ne faisaient pas non plus tellement de queues de poissons ... Peut-être qu'ils savaient ? Peut-être que la planète s'arrêtait doucement de tourner, anxieux. Peut-être que Miles avait eu tort la dernière fois, peut-être que sa mort allait affecter le monde qui l'entourait ? Peut-être que tout semblait aller plus vite parce que le plus grand souhait de la famille Anderson serait d'arrêter le temps. Ou peut-être était-ce simplement une métaphore pour dire que ça allait arriver, bientôt, plus vite qu'ils pouvaient le penser.

Qu'importe ? Ils furent rapidement arrivés à l'hôpital, et ils suivirent l'infirmière jusqu'à la chambre de Miles, déjà réservée, déjà prête. Le calme, inquiétant, du service accueillait une dernière fois Miles en son sein ; une ultime fois. Bientôt, il ne verrait plus les murs blancs, les draps blancs, le lit blancs, le sol blanc, les couloir blanc. D'ailleurs, il ne verrait bientôt plus rien, du tout.

«  -On va rester là pour ... pour la nuit, d'accord chéri ? »

Ce n'était pas forcément une question, Sandy n'attendait pas forcément de réponse. Et Miles ne pouvait dire non. Habituellement, si, il l'aurait fait, il lui aurait dit qu'il fallait qu'ils rentrent se reposer à la maison, qu'ils se verraient le lendemain. Mais en ce moment, le lendemain était plus qu'incertain, peut-être même inexistant. Il n'y avait rien de pire en ce moment, rien de pire que de ne pas savoir de quoi demain serait fait.

Quand vous vous réveillez le matin, vous avez tout sauf envie de vous levez, de vous préparez, d'aller en cours. Pourtant, vous savez que vous allez y aller, vous savez que vous allez devoir supporter huit heures assis sur une chaise, vous savez qu'en rentrant chez vous vous aurez des devoirs, et vous savez aussi que vous les remettrez à plus tard pour pouvoir regarder la télé, ou glander, ou que sais-je ? Vous savez que vos parents vont rentrer, vous savez que vous allez manger en famille. Dès l'instant où vous ouvrez les yeux, vous savez de quoi votre journée sera faite. Et vous savez aussi de quoi le lendemain, le reste de la semaine, sera fait, à quelques exceptions près.

Ça vous semble être une routine ennuyante, et pourtant c'est sûrement la chose la plus rassurant qui soit, parce que même si se lancer dans l'inconnu, se jeter dans le vide, est exaltant, ça ne remplacera jamais ça ; savoir.

Et puis, tous les inconnus et tous les vides ne sont pas exaltants : Miles va s'endormir, peut-être qu'il ne se réveillera pas. 

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très petit chapitre pour vous faire patienter ... sans surprise, j'ai énormément de mal à écrire la fin de cette histoire

-marie, xx

WELCOME TO MY FUNERALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant