Chapitre 2 : L'aventure commence !

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Ce matin là, Chasseur s'était levé aux aurores. Il s'était habillé, il avait mangé rapidement, puis était sorti, bien que fatigué par l'heure matinale. Les ruelles étaient sombres malgré la Lune brillant de toute sa splendeur. Chasseur marcha à travers ces dédales de rues pendant une bonne demi-heure. Quand il arriva à son lieu de destination, il s'arrêta et s'assit sur le banc le plus proche, puis attendit. Il attendit longtemps, sans perdre patience, et fut satisfait de sa manœuvre, car il vit ce qu'il voulait voir dans la ruelle mal éclairée.

Féline s'approchait lentement, un petit sac à dos à la main, l'air rêveur. Chasseur se leva et l'oreille de la jeune femme se tourna légèrement, signe qu'elle l'avait entendu.

-Salut ! Commença Chasseur avant qu'elle ne se retourne.

-Salut ! Lui répondit la jeune femme. Comment ça va ? Tu as dû te lever tôt ! Il est à peine cinq heures !

-Ne t'inquiète pas pour moi ! Ça va très bien. Et toi ?

-Comme d'habitude... Mais je suis contente de te retrouver avant de travailler.

-Moi aussi, car je ne voudrais pas te gêner quand tu travailles !

Le jeune homme la regarda dans les yeux, puis la jeune femme baissa le regard en riant.

-Ne me regardes pas comme ça ! Commença-t-elle.

-Ah, désolé.

Chasseur attendit un instant, puis ajouta :

-Il faudra que je te présente à mes amis !

-Non ! Surtout pas ! S'épouvanta la jeune femme.

-Pourquoi ? Demanda Chasseur, intrigué.

-Mon nom doit rester secret ! Si trop de gens intéressent à moi, je dois partir. J'ai confiance en toi, mais, surtout ne dis à personne que tu me connais, ne dis mon nom à personne. C'est une question de vie ou de mort.

-D'accord, mais il faudra que tu m'expliques tout ça.

-Je t'expliquerais, mais tu n'es pas encore prêt à connaître la vérité sur moi.

-Tu es mystérieuse ! On dirait une aventure, c'est génial !

-Non, Chasseur, c'est loin d'être génial.

Et elle partit au loin, comme dans un éclair.

***

-Ça va, Chasseur, t'as l'air fatigué ! Tu t'es levé aux aurores, ou quoi ?

Alexandre mettait toujours une pointe d'humour dans ses paroles. Il était loin de parler comme dans un poème.

-Mais non, je me suis juste couché tard hier soir !

Chasseur n'aimait pas mentir, mais il le faisait très bien. Il parlait comme si c'était une évidence, il inventait instantanément des mensonges crédibles. Il n'aimait pas le faire, mais il le devait. Il ne savait pas comment un nom pouvait menacer quelqu'un, mais Féline lui faisait confiance, il ne devait pas la trahir. Il la protégerait. Et puis, cela ne menaçait pas son amitié avec Alexandre. Ce n'était pas grave dans ce sens. Féline lui expliquerais, il comprendrait enfin toute cette mascarade. Il ne savait rien, il ne savait qu'une chose, c'était qu'il aiderait Féline, et que tout cela lui plaisait. Il savait aussi que ça l'intriguait, Féline parlait avec un tel sérieux que cette petite aventure dont il rêvait semblait soudain beaucoup plus importante qu'il n'aurait pu l'imaginer.

Chasseur passa la journée avec Alexandre. Il prit ensuite la direction de sa maison, mais, dès qu'Alex ne pouvait plus le voir, il fit demi-tour et alla rejoindre Féline à côté du stand de poissons.

-Tu veux venir chez moi ? Proposa le jeune homme, espérant une réponse positive.

-Ouais, pourquoi pas, tu habites loin ?

-Non.

Et les deux amis prirent la direction de la modeste demeure de Chasseur.

-Alors tu habite là ?

Féline parut émerveillée par la grandeur de la maison de son ami. Car il est vrai que Chasseur avait une maison assez grande, avec un étage, toute collée au milieu des autres maisons.

-Pourquoi, elle est grande comment, la tienne ?

Féline se dirigea vers l'arrière-cuisine de la maison, qui devait faire environ cinq mètres carrés, puis ajouta :

-Environ comme ça.

-Mais c'est tout petit ! Tu n'as pas assez d'argent ?

-Non, je crois que mon patron se sert de moi pour s'enrichir.

-Mais pourquoi ne portes-tu pas plainte ?

-Parce-que, si je le fais, je vais attirer l'attention sur moi.

-Mais pourquoi te caches-tu ?

-Tu sais, ne le dis à personne, mais je ne suis pas sensée exister, je n'ai pas de papiers, pas de certificats de naissance, rien, je ne suis personne, je suis un fantôme !

-Mais tu as bien un père !

-Oui, mais je ne peux pas te dire qui c'est, tu n'est pas prêt !

-Depuis le début, tu me dis que je ne suis pas prêt !

-Je te le dirais, plus tard, mais je te le dirais.

Elle attendit un instant avant de reprendre :

-J'ai pas envie de rentrer chez moi, ici, c'est si grand, et chez moi, c'est si petit !

-Tu veux rester pour dîner ? Tu veux rester pour dormir ? J'ai un grand canapé dans le salon.

-Tu ferais ça pour moi ? Je t'adore ! Tu es le meilleur ami que j'ai jamais eut ! 

-Si tu veux je peux dormir dans le canapé... 

-Oh non ! Ne te déranges pas ! Tu sais, je suis sûre que ton canapé est plus confortable que mon sol ! 

-Tu dors à même le sol ! 

-Tu sais, j'ai à peine l'argent pour m'acheter à manger ! 

-Pourquoi tu te couvres de tous ces tissus, tu n'as pas chaud ? 

-Si, mais sinon, je suis en danger.

-De quelle couleur sont tes cheveux ? 

-Ils sont noirs. 

-Ils sont longs ? 

-Non, mais je ne peux pas en dire autant. Si quelqu'un aperçoit mes cheveux, je suis morte ! Ce serait plus grave encore que mon nom ! 

-Ne t'inquiètes pas, je ne te trahirais pas. Même Alexandre n'en saura rien. 

-Qui est Alexandre ? 

-Même ma mère n'en saura rien. Alexandre, c'est mon meilleur ami. Enfin, toi aussi tu es ma meilleure amie, mais, avec Alex, on se connaît depuis longtemps. 

-Je comprends. Eh bien, toi, tu es mon meilleur ami, de toute façon, tu es mon seul ami. Mais tu es un super ami, enfin, tu vois ce que je veux dire ! 

-Ouais. Je suis content que tu ais accepté de venir chez moi. Je vis seul depuis peu et je n'y suis pas habitué. Tu me fais de la compagnie. Et pas n'importe quelle compagnie ! De la compagnie de qualité ! 

-T'en fais pas un peu trop, là ? 

-Non, pas du tout ! 

-En tout cas, je suis heureuse de t'avoir rencontré. 

-Moi aussi !

Les deux amis mangèrent un bon repas, des légumes et du poisson, frais, bien sûr, puis allèrent se coucher.

« Elle est si gentille » pensait Chasseur.

« J'ai enfin trouvé un ami digne de ce nom » pensait Féline.

Et tous les deux s'endormirent paisiblement.


Le Chat NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant