Chapitre 27 : haine déchirante

14 5 1
                                    

Nans marchait le long des corridors de sa base. Ici, c'était lui le chef. Il en était fier. Désormais, il voulait voir sa fille. Il était intolérable qu'elle parle avec ce... bon-à-rien ! Il fallait en plus qu'elle lui témoigne un peu plus de respect. Il était tout de même son père.

Nans se dirigea alors vers la salle de soins où patientait Chasseur, et où Féline lui rendait sûrement visite.

Mais ce qu'il voulait voir – sa fille qui rendait rapidement visite à son ami – n'était pas du tout ce qu'il vit. Il la vit dans les bras de Chasseur. Pire ! En train de l'embrasser ! Pour qui se prenait-il ? Comment osait-il prendre sa fille de cette manière ?

Nans entra, épée à la main, dans la petite salle.

Féline était heureuse du moment présent, dans les bras de Chasseur, elle aimait le contacte de ses lèvres chaudes. Elle était au plus profond de sa joie ; quand elle sentit une main se poser sur son épaule. Son père la poussa vers la gauche. Elle fut projetée contre le mur, et retomba sur ses deux pieds, juste un peu surprise.

Wiskers tenait dans sa main droite une dague, un poignard.

-Tu ne m'enlèveras pas ma fille ! Rugit-il à l'intention de Chasseur. Tu ne lui feras rien. Rien ! Parce que tu vas mourir ! Mourir, tu entends ?

Chasseur ne pouvait bouger, menacé par l'arme du voleur. Sa respiration était forte et sa panique grandissante. Ne sachant que dire, il hasarda :

-Écoutez, je... je ne ferais pas de mal à votre fille...

-Menteur ! Tu abuses d'elle et après tu la tueras !

-Non, supplia Féline, arrêtes ! Ne lui fais rien !

-Toi, restes en dehors de tout ça, répondit Wiskers.

-Tu veux détruire ma vie ? Je t'en supplie, arrête !

-Tu ne sais pas ce qu'il te feras quand il aura ta confiance ! Il ne faut faire confiance à personne !

-Je me mets à genoux si tu veux, mais ne lui fais rien !

-Pourquoi ? C'est juste un... un civile, qui abuse de toi et te dénoncera en temps voulu !

-Non ! Tu te trompes sur son compte ! S'il te plaît... Je ne veux pas me battre contre toi !

-Parce que tu te battrais contre moi ? Tu te battrais contre moi pour... pour lui ? Tu es ma fille ! Tu entends ?

-Je le sais ! Mais je t'en supplie... ne lui fais rien...

-Pourquoi l'épargnerais-je ? Il te conduira à la mort !

-Mais... parce que... parce que je l'aime !

-Et bien je vais te guérir !

Wiskers souleva son poignard, puis l'abaissa à toute vitesse vers Chasseur, apeuré. Celui-ci sentait sa dernière heure arriver. Ou plutôt sa dernière seconde. Car dans moins de cinq d'entre elles, son torse serait déchiré, et si près du cœur qu'il ne s'en tirerait pas. Mais que pouvait-il faire ? Rien. Attendre la mort, c'est tout.

Féline, dans un élan désespéré, pour sauver son ami, sortit son épée, se jeta en avant et transperça la poitrine de son père. Celui-ci tomba sur Chasseur, mort, le poignard toujours à la main, arrêté à quelques centimètres seulement de la peau du jeune aigle.

Féline, épouvantée de son propre acte, lâcha sa longue épée, recula, oreilles en arrière, les yeux grands ouverts.

-Mais qu'est-ce que j'ai fait... articula-t-elle dans ses sanglots naissants.

Elle tomba à genoux et prit sa tête entre ses mains, prise de convulsions dues à ses pleurs, laissant couler ses larmes, oubliant sa fierté.

Flamme avait entendu des cris. Les hommes de Wiskers aussi. Lorsqu'elle passa sa tête dans la petite pièce, elle fut presque surprise. C'est comme si elle venait de vivre la scène, elle comprenait parfaitement ce qu'il venait de se passer.

Devant son regard horrifié, Chasseur haletait, Wiskers était couché sur ses jambes, un poignard contre le torse du jeune homme en main, les yeux grand ouverts, une épée sanguinolente transperçant son dos. Sur leur gauche, Féline pleurait, à genoux.

Elle avait tué son père.


Le Chat NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant