Chapitre 8 : mort ou vif

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Lorsque Féline se réveilla, elle était couchée dans une forêt tempérée, à côté de Chasseur. Elle se redressa et entendit des oiseaux piailler. Le jeune homme semblait dormir profondément, elle ne voudrait pas le réveiller. Elle se leva, saisit son arc et courut dans les bois. Sentir l'air dans ses cheveux, se sentir enfin elle-même. Elle s'arrêta soudainement, aux aguets. Son oreille frémit, signe qu'elle avait entendu quelque chose. Elle se tourna en une fraction de secondes, saisit une flèche, et la décocha. Elle vit alors sa proie tomber, un oiseau, une grive, sûrement. Elle retira la flèche plantée dans son poitrail avant de ramener sa trouvaille près du jeune homme endormis. Elle repartit ensuite à la chasse, enthousiaste.

Lorsque Chasseur ouvrit les yeux, la première chose qu'il vit fut un oiseau sanglant juste à côté de lui. Il se redressa en sursaut, pris de nausées, avant de se lever. Il respira un bon coup, et sa sensation de dégoût disparût. Il vit alors la jeune femme revenir, enthousiaste, avec un gros lapin inanimé dans la main. Chasseur se retourna subitement pour ne plus voir le lapin, puis vit l'oiseau. Il ferma donc les yeux pour tenter de chasser de son esprit l'image dégoûtante des animaux morts.

-Ça va Chasseur ? Qu'est-ce qu'il y a ?

-Tu te rends compte que tu as posé un oiseau mort jute devant ma tête ! C'est dégoûtant !

-C'est pas dégoûtant d'apporter le petit déjeuner...

Chasseur faillit vomir à nouveau. Lui ? Manger ça ? Impossible. Devant la réaction de son ami, Féline entama son repas. Elle dévora le lapin cru, comme un chat sauvage.

-Tiens, l'oiseau est pour toi, annonça-t-elle.

-Nan, ça ira... Merci.

-Tant pis pour toi. Ça fera un repas pour ce midi. Tu es sûr que tu ne veux rien ?

-Je... je mangerais des fruits.

Féline chargea la bête dans son sac et les deux amis se remirent en marche. Ils arrivèrent près d'un petit village.

-Enfin ! Un village digne de ce nom ! Allons-y ! proposa Chasseur.

-Non... Je ne veux pas y aller.

-Pourquoi ?

-Mais parce que je suis une voleuse ! Sais-tu seulement à combien est vendue ma tête ?

-Ta tête est vendue ! S'écria Chasseur.

-Oui.

-C'est pas un peu moyenâgeux ?

-Si. Mais voler sans se faire remarquer et se battre avec une épée et un arc, c'est un peu moyenâgeux aussi !

-Bah, si tu remettais tes tissus ?

-Mes tissus...

-Mais oui, tu sais ! Les tissus bariolés avec lesquels tu te camouflais en ville !

-Ah ! Oui, c'est pas bête.

Et la jeune fille enfila ses drôles d'habits. Ils se dirigèrent ensuite vers le petit village où des enfants jouaient entre les maison grises. Ils passèrent dans une ruelle et virent une série d'affiches.

« Recherchés, morts ou vifs » était inscrit au dessus des visages des bandits.

Féline recula d'un pas en voyant son visage, dessiné sans couleurs.

Les noms des bandits et la récompense était notée en dessous du visage du recherché.

« Le Chat Noir. 1 000 000 euros. »

« Wiskers. 100 000 euros »

-Hey, Wiskers, c'était pas l'ennemi publique numéro un avant...

Féline lui couvrit la bouche de sa main.

-Avant le Chat Noir, finit Chasseur.

-Si.

-Donc aujourd'hui, c'est le deuxième ?

-Oui. Allons nous en.

Féline partit dans la ruelle et Chasseur attarda une dernière fois son regard sur le visage de l'homme au regard assassin. Un chat, lui aussi. Il faut croire que tous les bandits étaient des chats. Contrairement au Chat Noir, on connaissait le visage de Wiskers. Tout le monde le connaissait. C'est pourquoi il n'avait pas intérêt à faire comme Féline, à cacher ce qui le rendrait suspect.

-Chasseur, tu viens ?

-J'arrive !

Chasseur la rejoignit au fond de la ruelle. Il pensait à ce bandit tant redouté. On l'avait oublié depuis que le Chat Noir était arrivé. Il devait lui en vouloir. Et s'il voulait la tuer ?

-Féline, où allons-nous ?

-à un endroit où nous seront en sécurité, mais je ne peux pas te le dire maintenant. Là, on va acheter à manger. Ensuite, on va partir vers la Forêt. J'y ai quelque chose de très important à faire. Ensuite, nous reviendrons délivrer Flamme à Manial. Puis, nous retournerons en Antarctique.

-Quoi ? Tu veux dire que notre but ultime est l'Antarctique ? Pourquoi on en est partis, alors ?

-Par ce que nous devons impérativement aller dans la Forêt.

-Mais quelle forêt ?

-La plus grande. L'Amazonie.

-Ah, d'accord.

Ils se dirigèrent vers la place du marché où des marchants vendaient des plats chauds, froids, des habits, des fruits et tout ce dont on a besoin. Féline et Chasseur achetèrent des fruits, beaucoup de fruits, des pommes de terre et différentes viandes cuites et crues. Ils s'empressèrent ensuite de sortir de la petite ville. Ils s'assirent dans une clairière et dégustèrent un bon repas. Ensuite, ils se reposèrent un peu. Chacun divaguait dans ses pensées. Chasseur brisa le silence.

-Féline ? Tu es en danger ?

-Constamment.

-Dis, Féline, pourquoi tu as choisis d'être une voleuse ? Tu as mis ta vie en danger alors que tu aurais pu vivre comme tout le monde !

-Tu te trompes, Chasseur, tu te trompes. J'ai pas eu une enfance facile. Soit je partais toute seule comme je l'ai fait, soit je restais avec les autres.

-C'est qui les autres ?

-Je t'expliquerais plus tard.

-Féline ?

-Oui ?

-Ça me met en danger de rester avec toi ?

-Oui, Chasseur. Et j'en suis désolée, mais avec les pouvoirs que tu t'es découvert, tu ne pouvais rester chez toi. À moins de les cacher toute ta vie, on aurait fini par les découvrir. Et alors, tu aurais été en grand danger. Rien que pour ce que tu es. Tu peux en quelques sorte, contrôler le vent. Et en plus, tu peux changer d'apparence et prendre une force phénoménale !

-Quel est le problème ? Les gens n'aiment pas ?

-Les gens trouvent ça monstrueux.

Un silence de mort pris la place de la douce voix de la jeune femme. « monstrueux ». Chasseur n'arrivait pas à chasser ce mot de sa tête.

-Cela veut dire que des gens essayent en ce moment même de nous retrouver pour nous tuer et qu'une affiche à mon nom couvrira bientôt une autre parcelle de mur ?

-C'est probable.

Chasseur imaginait déjà l'affiche, où serait représenté son visage, avec un air assassin.

« Chasseur, mort ou vif, 100 000 euros »

Monstrueux, c'était monstrueux. Chasseur avait l'impression de revenir dix siècles auparavant. Il imaginait Féline à terre, inconsciente, du sang coulant de toutes parts, comme cet oiseau qui avait été sa proie. Chasseur eut soudain peur. Très peur. Peur de la mort qui arrivait vers lui, mais surtout peur de la mort de Féline, qui se faisait encore plus probable. Chasseur pensait, pensait. Il se demandait si il allait réussir à s'endormir. Le soleil se coucha. Magnifique spectacle. Panache de couleurs, du bleu, du rose, du orange et du jaune. Du violet aussi. Chasseur s'endormit sur ces pensées, ces couleurs, mais néanmoins anxieux.


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