Chapitre 10

36 8 2
                                    

Chasseur se réveilla. Féline dormait non loin. Par peur de la réveiller, il s'éloigna à pas feutrés. Il avait remarqué depuis la découverte de ses dons son envie de s'élancer à travers le ciel. Il savait qu'il était un monstre, un monstre capable d'une force surhumaine et de diriger le vent. Mais il était persuadé qu'il n'était pas mauvais, qu'il ne méritait pas le rejet ni la peur des autres. Malgré le fait qu'il soit un monstre, il était certain de ne pas être une créature sanguinaire et cruelle à qui on attribue le mot « monstre ». Obéissant à ses envies, il se mit à courir, puis s'éleva grâce à ses grandes jambes, déployant ses immenses ailes. Il sentit le vent dans ses cheveux, ses ailes, il le ressentit de tout son corps, mais fut étonné de ne pas se sentir ralentit par cet air si agréable à son corps. Il s'élança plus vite, plus fort à travers cet air si pur qui ne le freinait pas. Son corps se couvrit de plumes. Il exploita alors toutes les ressources de son corps. Il sentit alors une énergie plus puissante encore s'approcher de lui, l'envahir petit à petit. Il écarta alors ses bras, qu'il tenait contre son corps pour un meilleur aérodynamisme. Son corps devint alors plus grand et ses bras vinrent se coller contre ses ailes. Chasseur ne comprenait pas ce qui lui arrivait, mais il était heureux et ne s'en souciait pas. Il regarda ses pieds qui étaient devenus de grandes serres, ses bras et ses ailes ne faisaient plus qu'un. Il était désormais plus grand. Il vola un instant au dessus d'un lac et fut surpris de son reflet. Il ne voyait pas un homme. Il voyait un aigle. Un aigle géant balançant ses grandes ailes dans l'air comme sur une solide terre, ouvrant un grand bec éclatant pour émettre un cri de joie.

Féline se réveilla soudainement. Elle venait d'entendre un cri strident. Alors elle se leva, attacha ses épées à sa ceinture et pris son arc ainsi que son carquois rempli de flèches sur son dos. Elle se précipita et couru dans la forêt tapissée de feuilles dorées par la fin de l'été. Elle courut de ses fines jambes, de ses grandes bottes noires, faisant retentir le bruit sec de ses pas sur les longues et solides racines des arbres coriaces. Elle se retrouva alors dans une clairière. Elle s'arrêta un instant, aveuglée par la lumière du soleil avant de se remettre en marche, ou plutôt en course. Était-ce possible ? Ce pourrait-il qu'elle l'ait enfin trouvé ? Par hasard en plus. Se trouver au bon endroit au bon moment... Elle continua de courir jusqu'à se trouver devant un grand lac resplendissant sous le magnifique soleil de fin d'été. Elle s'arrêta alors, haletante, heureuse, satisfaite, un sourire au lèvres.

L'oiseau volait, plein de joie, puis la vit et vint vers elle.

Elle l'avait enfin trouvé.

Il était vraiment immense, comme dans ses rêves. Non. Plus grand encore. L'oiseau étendit ses grandes ailes pour se poser en douceur. Dès qu'il posa le pied à terre, son corps rapetissa et des bras sortirent de ses ailes. Toutes les plumes de son corps se décrochèrent et des habits se formèrent tout autour de son corps. Féline n'en revenait pas que Chasseur eut pût être celui qu'elle cherchait depuis tant d'années.

-Tu as vu ce que je peux faire ! S'écria celui-ci, un immense sourire aux lèvres.

-Oui ! S'exclama la jeune femme en retour. Tu est sûrement très fort ainsi ! Je n'ai plus à m'inquiéter de ta sécurité maintenant que je sais que tu peux te défendre. Mais je veillerais tout de même sur toi.

-Tu te fais du soucis pour moi ? Demanda le jeune aigle assez enthousiaste à cette idée.

-Oui, je dois le reconnaître. Mais ne nous attardons pas sur des idées inutiles. Nous devons nous mettre en route.

Le jeune homme, sans broncher, la suivit dans la forêt sauvage. Ils arrivèrent à l'endroit où ils avaient laissé leurs affaires et les prirent en vitesse.

-Féline, pourquoi devons-nous partir ?

-Tu n'as pas besoin de le savoir tout de suite mais je t'expliquerais. Nous devons nous dépêcher de partir.

-Où allons nous ? Tu te dois quand même de me le dire parce que c'est moi qui vole donc si je ne sais pas où je vais, je n'irais pas bien loin !

-Tu as raison. Mais je te l'ai déjà dit. Nous allons en Amazonie.

-Ah oui, c'est vrai...

-Mais nous sommes plus pressés qu'avant maintenant que je suis sûre de ce que j'avance.

-D'accord...

Le jeune homme attendit un instant, croyant que Féline allait répondre.

-Bon, on y va ? Dit-elle finalement.

-D'accord...

Il la saisit par la taille et s'envola avec la jeune fille dans ses bras comme à son habitude.

Féline qui avait toujours la phobie de la hauteur, s'accrocha à son cou avec conviction et le sentit se couvrir de plumes beaucoup plus rapidement que la dernière fois. Il avait pris goût et s'était habitué à son pouvoir. C'était bien. Il l'avait, il l'aurait toujours, il en était obligé. Quand on possède quelque chose, défaut ou qualité, on s'y habitue quand on est sûr de le g arder.

Ils volèrent ainsi pendant près d'une heure avant de voire resplendir la verdure embrumée du poumon de la Terre.

-Avances encore un peu, c'est au milieu des terres.

Chasseur essaya de suivre au mieux les instructions de Féline pour trouver le lieu qu'elle cherchait.

-C'est par là ? Demanda-t-il.

-Non, plus à gauche. Je suis venue ici des tonnes de fois, mais jamais encore je n'avais vu la forêt du dessus. C'est magnifique.

Lorsqu'ils arrivèrent enfin à l'endroit souhaité, Chasseur descendit vers la terre ferme, se faufilant avec difficulté entre les arbres massifs. Atteignant le sol, il relâcha son étreinte de la jeune femme qui reprit possession de son corps.

-Nous ne sommes pas encore arrivés, déclara-t-elle. Je ne pouvais pas exactement prévoir l'endroit où nous devions atterrir. Mais si je ne me trompe pas...

Elle pointa son doigt dans une direction.

-Nous devons aller là-bas, finit-elle.

Elle se mit alors en marche d'un pas ferme, faisant claquer ses talons sur les racines fermes des centenaires. Chasseur la suivit timidement, impressionné par la flore de la jungle, et effrayé aussi.

-Ne me dis pas que fort comme tu es, tu as peur ? Demanda la voleuse d'un ton moqueur.

-Bah... disons que je ne suis pas habitué à ce genre de plantes... Et j'ai entend parler d'animaux dangereux...

-Rassures toi, Chasseur. Si je n'ai pas peur, c'est que tu n'as aucune crainte à avoir.

Et Chasseur, ne sachant que répondre, se contenta de la suivre, feignant une démarche plus naturelle. Il ne voyait pas le temps passer quand soudain, Féline s'arrêta. Il leva la tête et vit une sorte de clairière. Non, une cabane en bois se trouvait au centre de cette clairière. Une vieille cabane qui semblait malgré tout assez grande. Au milieu de l'Amazonie, il était très peu probable de trouver une cabane de cette sorte.

C'est ce que cherchait Féline.


Le Chat NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant