Le Chat Noir

Chapitre 13

-Hitsück, Chasseur à accepté de nous aider, déclara Féline, qui venait de rentrer.

Elle s'était toujours tenue droite, montrée sur d'elle, jamais elle n'avait exposé ses craintes, ses peurs, à quiconque, même pas ses amis. Elle avait rarement pleurer, gardant ce goût amer au fond de la gorge, retenant ses sanglots, se montrant dure et sans cœur.

-Très bien, très bien, fit avec joie le vieil homme.

-Que dois-je faire ? Demanda l'intéresser.

-Et bien, mon garçon, tu dois verser une goutte au moins de ton sang sur ce parchemin, expliqua Hitsück.

Chasseur eut un sursaut. Une goutte de sang ? Il vit Féline sortir une petite dague incrustée de diamants de sa botte et l'essuyer contre un tissus.

-Hitsück ? Demanda-t-elle. Tu pourrais m'amener une flamme s'il te plaît ?

-Oui, bien sûr !

Le vieux disparut et revint avec une torche enflammée. Il la tendit à la jeune fille qui passa sa fine lame à travers la flamme affolée. Chasseur, qui sentait sa respiration s'accélérer, demanda :

-Que... qu'est-ce que vous faites ?

-Tu dois verser une goutte de ton sang. Alors, je désinfecte ma dague par la chaleur pour que tu ne cours aucun risque.

-Tu... tu vas me blesser ?

-Très peu, ne t'inquiètes pas. Et si tu veux, tu peux le faire toi-même.

-Euh... Non, ça va aller...

-Voilà, la dague est prête.

Hitsück apporta le parchemin avec une grande précaution. Féline saisit la main gauche de Chasseur et lui demanda :

-Tu es bien droitier ?

-Oui... Pourquoi ?

-Parce que je ne veux pas endommager ta main la plus forte. Dans notre position, ça compte assez, même si ce n'est pas pour longtemps.

Féline approcha la lame de sa main et traça une fine entaille au creux de sa main. Le sang perla et Féline inclina sa main pour faire couler le sang sur le parchemin que Hitsück plaçait en dessous. Le sang ne coulait pas. Alors, Féline pressa autour de la blessure pour l'en faire sortir. Chasseur émit un petit cri de douleur, et le quelques gouttes tombèrent sur le parchemin. Il fut aussitôt absorbé par le vieux papier. Hitsück, Féline et Chasseur se penchèrent pour observer le phénomène qui était en train de se produire sur l'antique parchemin que le vieil homme avait laissé sur le parquet. Rien ne se produisit.

-Il... il doit y avoir un problème, demanda Féline.

-Non... c'était bien l'oiseau Rokh... Peut-être qu'on a pas verser assez de sang, proposa Hitsück.

Ils discutèrent alors de la démarche à suivre, pour que les prophéties se débloquent.

-Attendez, il n'y a rien à faire, les coupa Chasseur. Il suffit d'attendre.

Féline et Hitsück, interloqués, se penchèrent à nouveau sur le parchemin. En effet, une tache noire commençait à apparaître au centre de la relique. Elle s'étendait petit à petit. Il s'agissait en réalité de fines lettres d'encre apparaissant du centre du parchemin jusqu'en ses contours.

-Qu'est-ce qu'il y a de noté ? Demanda Féline.

-Je n'en sais rien, c'est trop petit pour mes vieux yeux, continua Hitsück.

Chasseur, de ses yeux perçants d'aigle, voyait très bien ce qui était écrit sur le grand parchemin. Alors, il lut :

Le Gardien, la Voleuse et l'Oiseau réunis

Chercheront dans le monde entier

Et aideront les personnes concernées

À accomplir les prophéties

-C'est comme une sorte de prophétie, en elle même... commenta Hitsück.

-Sauf qu'elle dit qu'on doit trouver tous les trois ceux qui devront accomplir des prophéties et les aider... continua Féline.

-Donc, c'est comme si on était concernés par toutes les prophéties ? Conclut Chasseur.

-En quelques sortes...

Personne ne répondit à cette dernière phrase de Féline. Elle ramassa le parchemin, et celui-ci se désintégra en une centaine de minuscules petites choses, qui s'agrandirent ensuite, donnant une centaine de parchemins. Ceux-ci se relièrent et une couverture apparut, formant de tous un livre. Sur la première page était inscrit la prophétie générale. La couverture était épaisse et rouge foncée. Ainsi, elle protégerait les fin parchemins du temps et des quelconques accidents de la vie.

Hitsück saisit le précieux livre dans ses mains. C'était ce qu'il avait attendu toute sa vie. C'était ce que Raland avait attendu toute sa vie avant lui ainsi que ses prédécesseurs. Hitsück retint une larme, tant il était ému.

-Il commence à faire tard, fit remarquer la jeune fille. Nous verrons la suite demain.

-Viens, Chasseur, je vais te préparer une chambre.

-D'accord...

Hitsück installa un matelas dans la chambre du fond et réinstalla la chambre de Féline. Ils mangèrent dans le silence, puis chacun partit se coucher dans sa chambre.

Hitsück se retrouva seul dans sa chambre. Il se mit au lit. Il eut presque peur de se coucher, peur qu'il se réveille et découvre que tout cela n'était qu'un rêve. Mais il remonta tout de même la couette jusqu'à son cou. Il se tourna pour souffler sa bougie et se retrouva en face de ses photos. Les photos disposées avec soin sur sa minuscule table de nuit. Les photos qu'il dépoussiérait tous les jours depuis qu'il les avait posées là. Les photos de ses parents, de son mentor, de celle qu'il aimait comme sa fille. Les photos qui n'étaient pas là pour décorer, embellir sa triste chambre de bois, mais pour qu'il se souvienne de tous ces moments. Qu'il se souvienne de tout ce qu'il avait appris, de tout ce qu'il avait vécu, de tout l'amour qu'il avait pour ces gens. Il se tourna vers la photo de son mentor.

-J'ai réussi, Raland. J'ai réussi. J'ai trouvé l'oiseau Rokh et j'ai débloqué les prophéties. J'ai réussi, Raland.

Il versa une larme. Puis deux, trois, puis un torrent sortit de ses yeux. Il se courba en deux pour étouffer ses sanglots, ravaler ses peines. Mais rien à faire, les larmes continuaient de tomber aussi fort que la fine pluie sortant du pommeau d'une douche. Il éteint sa lumière et essaya de sécher ses larmes, mais rien à faire. Il attendit longtemps avant de commencer à s'assoupir. Il s'endormit avec, au fond de l'esprit, les visages de ses défunts parents et de son mentor. Ils étaient peut-être morts de leur corps, mort de leur esprits, morts et simplement morts, mais ils seraient immortels dans l'esprit du vieil homme.

Hitsück Rilüd, le sage gardien, détenteur et protecteur des prophéties, s'endormit en pleurant.