Chapitre 14 : La première prophétie

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Chasseur, Féline et Hitsück se retrouvèrent dans la salle à manger, déjeunèrent, puis se dirigèrent vers la salle où logeaient les prophéties.

Hitsück saisit l'épais livre avec précaution, l'amena vers le canapé où tous s'assirent. Il ouvrit la première page et redécouvrit la prophétie générale. Il ouvrit la seconde et vit les lettres apparaître, très rapidement, une à une. Elles se traçaient comme de part une plume invisibles, bleues marines, fines, bouclées, gracieuses.

Les Feux Ardents du vaste désert

Devront leur pauvre village libérer

D'un puissant Maître de tyrannie affamée

Pour sauver les habitants et la rivière

Tous les trois restèrent bouche bée devant ces fines lettres. Hitsück prit finalement la parole :

-C'est maintenant que je vais mettre en pratique mon savoir faire sur les prophéties. Car j'ai appris à comprendre ce qu'elles veulent dire. Pas tout comprendre, mais comprendre de quoi il s'agit. Et vous allez m'aider.

Il se pencha en avant, pour mieux voir.

-Il faudra que je t'achète des lunette ! Déclara Féline.

-Ce ne serait pas une mauvaise idée, continua Hitsück, étant donné qu'on a débloqué les prophéties. Bon. Quand un objet, une plante, ou quelque chose d'illogique doit réaliser une action au premier abord, ce n'est en réalité qu'une métaphore pour nous indiquer indirectement la personne à trouver. Alors. Les Feux Ardents... Le vaste désert... Vous connaissez quelqu'un qui habite dans un désert et qui ressemble plus ou moins à du feu ? Quelqu'un de roux, par exemple. Ou quelqu'un qui brûle. Non. Ça, ça n'existe pas.

Les deux jeunes amis réfléchirent sans trouver, puis, Féline repensa à quelque chose.


-Tu sais te battre ?

-Oui, très bien. Au fait, quel est ton nom ?

-Mon nom ? Flamme. Et vous ?

-Tu sais, tu peux me tutoyer, Flamme. Moi, c'est Féline.


-C'est Flamme, déclara-t-elle subitement.

-Quoi ? Demanda Chasseur.

-C'est Flamme. Celle qui t'a soigné dans le désert. Elle fait penser à une flamme, puisqu'elle est rousse, et elle habite dans le désert. Elle est sous l'emprise d'un Maître tyrannique et leur rivière est presque à sec.

-Très bien, Féline. Je peux être fière de toi, ma chérie, déclama Hitsück, qui comptait comme son père.

-Merci.

-Oui, continua Chasseur. C'est très bien, mais l'Afrique est grande, comment va-t-on la trouver ?

Féline se concentra alors. Comment s'appelait ce fichu désert ?


-Ce désert s'appelle Manial. Vous nous retrouverez facilement.

-C'est le désert du Manial. Elle nous l'a dit ! Elle nous a même dit qu'on la retrouverait facilement et on lui a juré de revenir l'aider un jour ! Si on avait su qu'elle était l'objet de la première prophétie !

-Et bien, dit Hitsück, qu'attendez vous pour partir !

-Nous partiront demain matin, déclara Féline. Chasseur pourra ainsi se reposer avant ce long voyage.

-Très bien. Et bien, Chasseur, je te laisse te reposer !

-Merci, grommela celui-ci.

-Et bien parfait. Je vais faire mes bagages, précisa la jeune femme en partant vers sa chambre.

-Vas te reposer, Chasseur. Au fait, tu veux un bandage pour ta main ?

-Oui, je veux bien.

Hitsück disparut un instant avant de revenir avec une trousse de secours. Il en sortit un désinfectant, une compresse et un bandage. Il aspergea la plaie de produit, avant de l'essuyer, mettre la compresse et enrouler le tissus autour de sa main.

-Et voilà, dit-il. Tu es comme neuf !

-Merci, dit Chasseur.

-Vas te reposer, un long voyage t'attend.

Chasseur commença à partir.

-Attends, lança Hitsück. Je vais te prendre en photo, pour me souvenir de toi. Je ne pense pas pouvoir t'oublier, mais je me rends compte que je perds un peu la boule...

Chasseur revint. Hitsück sortit son appareil et le prit en photo. Chasseur partit ensuite se reposer.

Le soir venu, tous revinrent manger. Hitsück avait préparé le meilleur repas qu'il ait jamais fait.

-C'est délicieux ! Déclara Féline.

-Je suis d'accord, insista Chasseur.

-Merci, répondit Hitsück. Vous êtes adorables.

Tous se couchèrent un sourire au lèvres.

Le lendemain matin, tous se rendirent dans le cuisine et déjeunèrent rapidement. Ils ne parlèrent pas. Pas un bruit ne venait rompre le silence. Pas une quinte de toux. Pas un moustique. Pas un bruit de raclure de cuillère contre bol. Aucun bruit.

Après avoir mangé, Féline enchaussa ses longues bottes, y rangea sa précieuse dague, attacha ses deux épées à sa ceinture et son arc ainsi que ses flèches dans son dos. Chasseur ne prit rien. Car il n'avait rien à prendre. Il ne se battait pas, et s'il se battait, il n'utilisait pas d'armes. Il s'échauffa les ailes tandis que Féline s'entraînait à l'épée et à l'arc.

Soudain, vint l'heure du départ. Hitsück sentit alors combien il était seul toute l'année dans sa cabane.

Féline lui sauta au cou.

-Au revoir Hitsück ! Dit-elle.

-Au revoir, fit ensuite Chasseur.

-Au revoir, répondit Hitsück.

Il les prit tous les deux dans ses bras.

-Faites attention à vous, et revenez vite me voir.

-Ne t'en fais pas. On reviendra entiers, le rassura Féline.

Et ils s'envolèrent à travers les arbres, vers le désert du Manial.

Hitsück s'en retourna vers sa chambre. Il s'assit sur son lit. Il contempla les portraits, et dit à Raland :

-Tu vois Raland, tu ne l'as pas vu, mais un peu plus et tu aurais vu l'oiseau Rokh s'envoler avec dans les bras la petite Féline que tu n'as pas connu non plus. J'ai réussi mon rôle, et nous allons accomplir les prophéties une à une.

Alors, il se tourna de l'autre côté pour essuyer une larme, comme si Raland allait le lui reprocher. Il se retourna pour leur sourire. Un sourire triste mais aimant. Le sourire de quelqu'un qui est entre deux émotions.

Et les photos lui rendirent son sourire. Un sourire plus joyeux. Mais il était chaque soir réconforté par les sourires des portraits.

Cinq beaux sourires.


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