Chapitre 9

44 8 0
                                    

Jacques Hamilton était dans son bureau. Son bureau de patron. Patron de la police toute entière. Jacques était fier de son statut. Malheureusement, les choses allaient mal. Très mal. Beaucoup de voleurs circulaient partout. Et les petits voleurs se faisaient facilement une place grâce au Chat Noir qui occupait tous les esprits. Jacques auraient mieux aimé qu'on lui apporte les voleurs vivants plutôt que de les tuer pour avoir une prime, mais beaucoup se libéraient alors pour éviter leur propagation, il avait dû permettre de les tuer. Il aurait tant aimé attraper le Chat Noir, le mettre en prison, en lieu sûr et lui poser toutes les questions dont il rêvait... Pourquoi volait elle ? Pourquoi tuait-elle ? Il ne comprenait pas ce qui poussait les voleurs, les bandits, les tueurs, les malfrats à faire face au gouvernement et à la population. Interroger le plus grand des voleurs du monde entier sur ses raisons de voler, de tuer, c'était comme regarder la solution d'une énigme que l'on cherche depuis des mois... Jacques était toujours dans son bureau. Il regardait inlassablement tourner son stylo entre ses doigts. Il s'appuyait lourdement sur le dossier de sa chaise et laissa retomber un instant sa tête en arrière.

On toqua à la porte. Jacques releva se tête de son dossier mais y resta profondément enfoncé.

-Monsieur Hamilton, on a retrouvé la trace du Chat Noir. Elle a été aperçue par des chasseurs en Antarctique avec un jeune homme.

Jacques se redressa et se tourna intensément vers le jeune officier qui venait d'entrer.

-D'après les chasseurs, continua ce dernier, il était grand, avec de longs cheveux blonds, des yeux bleus. Mais le plus important : il paraît que c'était un monstre. Un aigle qui pouvait se couvrir de plumes de la tête aux pieds et acquérir une force phénoménale, évaluée à environ dix hommes.

-Ce n'est pas possible !

-Si monsieur...

-Non ! On a retrouvé la trace du Chat Noir ! C'est génial !

Jacques venait de se lever brusquement. Le jeune officier recula, surpris du brusque changement d'état de son patron.

-Où sont les chasseurs ? Demanda-t-il en se rasseyant.

-La plupart sont morts, la quasi-totalité des autres sont à l'hôpital. Un d'entre eux est venu ici. Il était très blessé alors nous l'avons mis à l'hôpital, mais il n'a pas voulu qu'on l'endorme. Il voulait témoigner contre le bandit. Alors on l'a quand même mis à l'hôpital, mais on l'a vite soigné et il doit être en état de vous répondre si vous lui posez des questions.

-Très bien. Je vais aller moi-même le voir.

-D'accord.

Jacques enfila son manteau et se dirigea vers l'hôpital. Il y arriva un quart d'heure plus tard et se rendit immédiatement dans la salle indiquée par son collègue. Il y trouva un homme d'une quarantaine d'années, barbu avec des chevaux grisonnants. Un épais manteau était suspendu au porte-manteau. L'homme était dans une chemisette d'hôpital. Il était allongé et le regarda venir.

-Monsieur, je veux témoigner contre la voleuse et son ami ! Ils ont tué beaucoup des miens.

-Calmez vous, vous en aurez la possibilité. La voleuse ne veut pas se faire attraper... Que s'est-il passé, exactement ?

-Et bien on avait vu la voleuse et son ami entrer dans la grotte. On y est allés, mais on est pas rentrés. Il y avait un brouillard épais comme un rideau. Alors on a attendu et ils ont fini par ressortir. Alors on a tous braqué nos fusils sur eux et quand on était sûrs qu'ils étaient à notre portée, on leur a dit que si ils bougeaient, on tirait. Alors, comme par magie, le brouillard s'est dissipé. Alors on les a bien vu. La fille avait même pas son masque. Ils ont commencé à nous attaquer. La fille était super agile, elle sautait dans tous les sens et était impossible à attraper. Le garçon se couvrait de plumes et avait une force très grande. Il a repoussé beaucoup d'entre nous. Ils étaient tous à terre, sauf moi, qui étais resté en retrait. Le garçon s'est tourné vers la fille alors, j'ai saisi ma chance, j'ai saisi ma lance et je l'ai enfoncée dans le corps du garçon. Alors, il est tombé par terre. J'ai voulu m'appuyer dessus comme on s'appuie sur un lion qu'on vient d'abattre. Mais la fille m'a hurlé d'arrêter. J'ai fait le malin, je lui ai répondu et elle m'a enfoncé son épée dans le ventre. J'ai eu très mal. J'étais au sol. Elle s'occupait beaucoup du garçon et le suppliait de rester en vie. Je saignais, seul, à terre. Elle semblait attacher beaucoup d'importance à ce garçon. Ils sont partis, finalement et je me suis évanoui. C'est une chance que je sois encore en vie. Mais c'est le cas, alors je vais prendre la revanche de mes camarades. Je vais la tuer, cette fille ! Le vieil homme se leva et fit des gestes brusques mais Jacques le calma et lui ordonna de se rasseoir. -Calmez vous, monsieur. Nous allons attraper la voleuse et lui donner la juste punition. -Et bien je veux vous y aider. -Reposez vous bien, monsieur. Votre témoignage nous a été précieux. Vous nous avez déjà aidé. Jacques réfléchit un instant à la suite de ses propos. Tout se mélangeait dans sa tête pour ne faire qu'une sorte de bouillie infâme de sanguinaire voleuse et de gentille jeune fille. Le vieil esquimaux s'assoupit dans son lit. Jacques se mit à tourner dans la pièce, réfléchissant à toutes méninges. Comment pouvait-il attirer la voleuse. Il pourrait essayer de l'attraper, mais personne n'y arrivait jamais. Cette fille était un fantôme. On ne savait même pas son identité, son nom. Car on s'appelle rarement Chat Noir. Alors, soudain, une idée lui vint. -Attendez, dit-il, vous avez dit qu'elle tenait à cet homme ?


Le Chat NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant