Les jours s'enchainent et se ressemblent sauf que désormais Hadrien passe la plupart de ses journées avec moi quand ce n'est pas Rémi qui vient. Je découvre une nouvelle facette de sa personnalité, un mec tendre et généreux. Il doit s'ennuyer à mort à m'admirer inerte dans un lit d'hôpital. L'infirmière Annabelle a beau passer une heure tous les jours à faire ma toilette, je suis certaine de ressembler à une morte. Je dois puer, c'est affreux. Il faut absolument que je me sorte de là, que je quitte cet enfer !
Je n'ai aucune idée du nombre de jours qui s'est écoulé depuis l'accident : une semaine, peut être deux ? Mais je ne tiens plus, comment fait-on pour se réveiller ? Je me sens prisonnière de liens invisibles, j'étouffe dans mon propre corps ! Je m'énerve, j'agite les bras et les jambes, enfin j'imagine qu'ils bougent, pour tenter de refaire surface. Les bips des machines se réveillent et tout à coup j'ai l'impression de planer. Ça ne dure que quelques secondes, jusqu'à ce que je perçoive un choc brutal mais indolore. Aucune idée de ce qui vient de se passer.
La porte de ma chambre grince, Hadrien ?
-Salut ma petite chatte ! Dommage que tu ne puisses pas manger, j'ai trouvé une boulangerie juste à côté qui fait des éclairs de toutes les couleurs et à tous les parfums, ils ont l'air, divins. Putain mais qu'est-ce qu'il s'est passé ... Eh oh, infirmières s'il vous plait ... c'est une urgence. Elle est tombée de son lit !
Il s'approche jusqu'à ce que je perçoive nettement son parfum. Sa main se pose derrière ma nuque et il presse ses lèvres sur ma joue.
-Mais qu'est-ce que tu as essayé de faire ma déesse. Tu as la jambe plâtrée, tu ne peux pas sauter de ton lit comme ça.
Le contact entre nous se rompt quand débarque dans la chambre une flopée de personnel médical. Non je veux Hadrien, laissez-moi, je veux juste le ... Voir !
Mes paupières cèdent et s'entrouvrent mais mes yeux sont immédiatement agressé par une lumière vive. Je papillonne pour tenter de discerner quelque chose. Une douleur sourde se réveille dans tout mon corps et particulièrement dans ma jambe droite et la nausée me monte. J'essaie d'en avertir ceux qui m'entourent mais ils sont trop occupés à essayer de me remettre dans le lit.
-... e ...ch
Impossible d'émettre le moindre mot. Mes yeux commencent à s'acclimater et distinguent désormais les couleurs.
-Elle a ..., elle ouvre les yeux ! Oh mon dieu, ce n'est pas vrai ? Ma déesse, tu reviens parmi nous !
Ma main attrape le tube qui m'obstrue la bouche et tire violemment dessus.
-Ah non non non, ma chérie, ce n'est pas comme ça qu'on retire l'intubation. Tu vas te blesser, essaie de te calmer, nous allons arranger ça. Donnez-lui une nouvelle dose d'anti douleur, tout de suite ! Crie l'infirmière.
La main d'Hadrien attrape la mienne et la presse délicatement. C'est sa manière à lui de me dire qu'il est là, avec moi. Je tourne la tête pour le voir mais son image est trouble. Ses cheveux sont légèrement plus long où il n'est simplement pas coiffé. Quelques taches violacées lui décorent le visage, certainement dû à l'accident. Son bras, noirci par l'encre, est tendu entre nous et je profite de cette position pour admirer l'œuvre qui orne sa peau.
-Tu es revenue ma douce ? Tu ne peux pas savoir à quel point tu m'as fait peur, ça fait trois semaines maintenant et j'ai cru un instant que tu ... que tu ne reviendrais jamais.
Le flou s'éclairci et son doux visage m'apparait enfin nettement. Il est si beau, si imposant, tellement touchant alors qu'une larme solitaire glisse le long de sa joue. J'aimerai tellement lui parler et lui dire que je l'aime mais ce putain de tube m'en empêche. Je fais abstraction du personnel médical qui s'agite furieusement autour de nous et lui fait passer avec les yeux tout ce que je meure d'envie de lui avouer.
-Son plâtre n'est pas fêlé mais il va falloir faire une radio. Elle ne va pas tarder à sombrer avec le sédatif qu'on vient de lui passer, il faudra en profiter pour lui faire ces examens et lui retirer l'intubation.
-Vous allez l'endormir alors qu'elle vient de se réveiller ? Hors de question ! Hurle Hadrien.
-Calmez-vous Monsieur, on fait ça pour son bien. La douleur risque d'être intense et elle a besoin de temps pour émerger mais ne vous inquiétez pas, ça ne va pas la replonger dans l'état où elle était. Ca l'apaise simplement, ok ?
-Ouais, ok ! Je n'ai même pas pu lui dire un mot !
-Vous aurez tout le temps voulu, je vous promets. Pouvez-vous sortir maintenant s'il vous plait que l'on puisse faire notre travail?
-Ouais, c'est bon je sors !
Ses doigts glissent des miens et le manque se fait déjà sentir. Il dépose un baiser sur ma main puis rompt le contact. Je commence à sentir l'effet du sédatif et le peu de vision que j'avais retrouvée se trouble de nouveau. Je ne veux pas, je ne veux plus m'endormir mais j'ai beau lutter, le sommeil m'emporte.
Quand je me réveille à nouveau, je suis agréablement surprise de parvenir à ouvrir mes yeux. La lumière est trop vive et je peine à me situer mais c'est un geste simple qui m'a tellement manqué que j'apprécie de pouvoir tout juste agiter les paupières.
-Alors c'était vrai, tu es de nouveau avec nous. Mon dieu, j'ai cru que toi aussi tu aller rejoindre le cimetière. Tu ne peux pas savoir à quel point tu m'as manqué. Je suis désolé Laura, j'aurai dû ...
Je bâillonne mon frère de ma main pour le stopper dans sa déclaration car ce n'est vraiment pas le moment de débattre sur qui est ou n'est pas responsable de ce qui est arrivé. J'ouvre la bouche pour parler mais ma gorge est extrêmement sèche et aucun son ne sort.
-Les médecins ont dit que ça prendrait du temps avant que tu ne puisses à nouveau parler ! M'explique Clément. Chouette, ta répartie, Elle, ne m'avait pas manqué.
Un gloussement silencieux m'agite le corps et à cette vue, le sourire de Clément revient, accompagné de larmes qui glissent le long de ses joues. Je tends le bras, que je maitrise désormais mais qui me parait peser une tonne, pour essuyer ses larmes avec mes doigts. Il niche naturellement son visage dans le creux de ma main. Sa barbe a poussé mais la longueur est raisonnable. Ça le vieillit et ça fait plus professionnel, j'aime beaucoup.
-je suis tellement soulagé de te retrouver.
-... A ... Ha ...
Ma gorge me tiraille et me brule comme si j'avais avalé du verre pilé.
-Attends, je vais aller te chercher à boire.
Il ouvre la porte de chambre et reviens aussitôt avec un verre d'eau dans le quel flotte une paille. Il la place entre mes lèvres et le mouvement d'aspiration me semble irréalisable. A force de concentration, je réussi à soulager ma gorge en avalant quelque millilitre.
-Où ... est ... Ha ...
-Tu veux savoir ou est Hadrien ?
J'acquiesce d'un léger mouvement de la tête. Le moindre mouvement m'est pénible comme si j'étais entièrement engourdie.
-Il est allé à la cafétéria nous chercher des cafés. Il ne sait pas encore que tu es complétement réveillée. De toute façon, je n'arriverai pas à le virer de la chambre, il est trop fort pour moi !
Un sourire étire mes lèvres.
-Vous ...
-Tu veux savoir si on est réconcilié ? Ça va mieux, ce n'est pas encore idéal mais ça revient. J'ai été con, vraiment con. Mais j'ai tellement eu peur que je ne maitrisais pas la situation alors j'ai succombé à mes pulsions et à ma colère. M'avoue mon frère.
-Che ... sais ...
-Je ne sais pas ce que tu sais mais en tout cas on est assez têtus tous les deux et on t'aime assez pour avoir réussi à surmonter les conflits.
Mon frère m'aime, oui ça j'en suis sure mais Hadrien ? Je ne sais pas si c'est vraiment de l'amour. Il tient beaucoup à moi, ça j'en suis certaine et je suis consciente que je dois être la première fille pour laquelle il ressent ce genre de sentiments. J'en suis fière. J'ai besoin de lui dire que je l'aime mais j'ai vraiment peur de l'effrayer.

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PLUS FORT QUE MOI
RomantikLaura est une jeune fille timide qui utilise l'agressivité comme mécanisme de défense au quotidien. Secrètement attirée par un mec de son lycée mais sans aucune expérience, elle cherche a tester son potentiel drague pour pouvoir enfin l'aborder. Had...