Chapitre 19 Hadrien

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-Comment ça il refuse que je la voie ?

-Il vous a interdit l'accès à sa chambre, oui, mais je peux vous donner des nouvelles de son état de santé ?

-Pourquoi c'est lui qui décide qui a le droit ou non de la voir ? Ce n'est pas son tuteur légal, elle est majeure !

Il faut que je tape sur quelque chose ou sur quelqu'un mais je n'ai plus qu'un bras valide. Je ne dois pas amocher mon autre bras et si je brise quelque chose dans cet hôpital, je pourrai tirer un trait définitif sur l'éventualité de la voir.

-Oui Monsieur PETERS, elle est majeure mais inconsciente. Ils ont rempli des documents médicaux après la mort de leurs parents et se sont ainsi donnés tout pouvoir de décision l'un sur l'autre en cas d'accident.

-Putain ! Et il a mis un vigile devant sa porte pour surveiller qu'on respecte sa décision débile ?

-Non, ce sont les amis de la jeune fille qui prennent le relais lorsque Monsieur MENARD doit s'absenter.

C'est bien ma veine, il faut que je surveille le moment où Rémi prendra le relais. Je sais qu'il a peur de moi alors j'arriverai certainement à le soudoyer pour passer un moment avec ma déesse. Il faut que je la voie, ça devient vital !

-Ok, et comment elle va ?

-Son état est stable, nous n'avons découvert aucune lésion interne mais elle est toujours inconsciente pour l'instant.

-Vous pensez qu'elle va se réveiller bientôt ?

-Nous ne savons pas Monsieur PETERS, je suis désolé de ne pas pouvoir vous donner plus d'éléments. Par contre, bonne nouvelle pour vous, le médecin va passer vous voir dans une heure environ et vous donnera certainement l'autorisation de quitter l'hôpital dès demain.

-Ah ? Ok, je vais l'attendre alors.

-Bonne journée Monsieur PETERS.

L'infirmière quitte ma chambre et je me retrouve seul mais pas pour longtemps car au moment où je me décide à tenter d'aller visiter la chambre de Laura, Mélanie passe la porte.

-Salut Had, alors ça va mieux qu'hier ?

-Ouais, je sors peut être demain.

-Cool, je t'ai ramené des vêtements justement, j'ai profité de l'installation de Joyce pour fouiller tes placards. Cette fille est géniale, elle a commencé dès ce matin et je n'ai donc pas eu besoin d'annuler un seul rendez-vous. Par contre méfie-toi, avec son physique atypique et ses vêtements colorés, elle est en train de séduire tous tes clients, elle fait des ravages et ils ne vont plus vouloir que tu reviennes.

-Tant mieux, j'ai besoin de retrouver l'usage parfait de mon bras avant de tatouer à nouveau et j'espère ne pas perdre la main d'ici là.

-Pff, n'importe quoi !

-Tu es passée devant la chambre de Laura ?

-Oui, bien sûr, mais je ne suis pas entrée car il y avait déjà deux personnes avec elle.

-Pas Clément ?

-Non, le mec qui est venu la chercher devant le salon, tu sais quand elle avait encore ses béquilles ?

-Rémi, oui je vois ! Ça m'arrange. Clément m'interdit de la voir et je vais profiter de son absence pour lui rendre visite, je vais n'en faire qu'une bouchée du Rémi.

-Tu es sur que c'est une bonne idée ? Ça va lui passer à Clément, il est juste en colère.

-C'est ce que tu crois, ça se voit que tu ne le connais pas ! Tu peux surveiller s'il arrive pendant que je vais dans sa chambre ? S'il se pointe, essaie de l'empêcher d'entrer. Tu auras qu'à lui proposer de lui payer un café ou je ne sais pas ...

-Tu veux que je le drague ? Je te rappelle que je suis mariée Had et si ...

-Mais non, il est gay de toute façon ... oh merde c'était un secret ça ! Fais comme si tu n'avais pas entendu et essaie juste de le divertir le temps que je sorte de la chambre, ok ?

-J'ai du boulot je te signale, je ne peux pas laisser le salon trop longtemps sans surveillance, c'est John qui encaisse et tu sais qu'il est nul en calcul, tu risques d'avoir des trous dans la caisse !

-Je m'en fous, s'il te plaît Mélanie ?

-Et bien, ça te rends aimable d'être amoureux ! Bon ok, mais fait vite !

Je ne sais pas ce qu'il me prends mais je me lève et l'embrasse sur la joue. Elle a égayé ma journée, il faudrait que je pense à augmenter son salaire !

-Je peux te demander un dernier service ?

-Allez, tant qu'on y est ! Qu'est-ce que je peux encore faire pour toi ?

-Tu peux m'aider à enfiler des vêtements, je ne veux pas aller la voir avec cette blouse immonde !

-Il ne manquait plus que ça ! Tu imagines que je vais devoir te voir nu ?

-Mais non, enfiler mon caleçon j'y arriverai. Tu m'aideras juste pour le jeans et le tee-shirt.

-Ok, dépêche-toi avant que Clément ne revienne et que tu passes ta chance.

Je file dans la salle de bain, retirer ma blouse d'infirme. Je passe mon sous-vêtement et appelle Mélanie pour le reste. En moins de cinq minutes, je suis habillé. Je me passe de l'eau sur le visage et un peu de gel dans les cheveux.

-Allez, c'est parti.

Je traverse le couloir jusqu'à atteindre la fenêtre de sa chambre. Quand je penche la tête pour voir à l'intérieur, je suis pétrifié par ce que je vois.

Elle est là, allongée dans son lit d'hôpital, branchée de partout. Son teint est pâle et sa bouche entrouverte à cause d'un tube qui doit probablement l'aider à respirer. Ses cheveux poisseux se déversent sur l'oreiller qui la maintient légèrement surélevée et ses yeux sont fermés. Elle porte la même blouse que celle que je portais, il y a moins de dix minutes. Ma déesse parait affaiblie et mon cœur se serre de savoir que tout cela est ma faute. Clément a raison, je ne devrais pas avoir le droit de la voir et de lui parler. Je mériterai d'être à sa place, allongé là inconscient.

-Bon, tu y vas ?

-Je ne sais pas Mélanie. C'est à cause de moi si ...

-Arrête tes conneries et vas-y !

-Ok.

Je pousse la porte de sa chambre et suis assailli par les effluves rassurants de son odeur, ce parfum caractéristique de violette qu'elle doit déposer sur sa peau tous les matins et un léger ressenti citronné qui doit provenir de son shampoing.

-Hadrien, qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devrais pas ...

-Je sais Rémi. Je n'en ai pas pour longtemps. Est-ce que Clément t'as averti que j'étais banni ?

-Non ce sont les infirmières qui ...

-Ok, tu lui diras que tu ne savais pas s'il te pose la question. Tu me laisse quelques minutes ?

Il se lève et tend la main vers la jeune fille à ses côtés que je salue d'un signe de tête.

-Je te donne dix minutes, après je l'appelle. Me lance-t-il en refermant la porte derrière lui.

-Ok.

J'attrape la chaise que je positionne au plus près du lit et m'y assois. Ma main gauche s'aventure dans ses cheveux. J'ai tellement peur de lui faire mal que j'effleure seulement sa chevelure mais le contact de sa peau me fait un bien fou. Les bips retentissent comme si le simple contact de ma main l'avait mise en danger, je m'empresse alors de retirer mes doigts.

PLUS FORT QUE MOIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant