Chapitre 32 Laura

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Nous sommes vendredi et j'observe Hadrien qui boutonne sa chemise à manches longues. Il a retiré son plâtre cette semaine et il est d'une élégance folle, le seul hic, c'est qu'on voit à peine ses tatouages. Il porte un jeans noir avec une ceinture de marque, une chemise blanche et des chaussures de ville. Je ne me rappelle pas l'avoir déjà vu aussi fringant.

Je suis sur mon lit, adossée au mur et je me délecte du spectacle. Ses cheveux, désormais mi-longs, sont coiffés en arrière et il a taillé sa barbe très courte. Quant à moi, j'ai réussi à enfiler une robe noire et grise, simple mais classe et je porte des ballerines, fini les basquets que je traîne depuis l'accident. Je me suis maquillée légèrement et j'ai lissé mes cheveux qui mériteraient une bonne coupe et une couleur. On verra ça plus tard.

-T'es prête ?

-Pff, ouais. J'ai aucune allure avec ma jambe plâtrée mais bon ...

-Arrête, t'es trop bonne ma petite chatte. Et ce décolleté ! Je vais avoir du mal à me concentrer sur mon plat.

-Tu n'es pas objectif. Je suis certaine que tu n'aimes que mes seins !

-Bien sur, t'as vu la paire de nichons que tu trimballes ?

Je lui jette son tee-shirt sale à la figure pour l'empêcher de continuer à débiter ses conneries et me redresse en attrapant les béquilles.

-Tu crois vraiment que tu vas réussir à me faire descendre les escaliers ?

-On verra bien, au pire j'appellerais John.

On parvient difficilement à rejoindre la voiture et nous voilà en route pour le « Royal ». J'ai une boule d'angoisse nichée au creux du ventre et je ne suis pas certaine de réussir à avaler quelque chose ce soir, mais paradoxalement, je crève de faim. Hadrien tends ses clefs au portier et m'aide à descendre du 4x4, puis m'accompagne jusqu'à la réception.

Je n'ai jamais vu un restaurant aussi classe. Ma pauvre petite robe, que je trouvais élégante, me parait maintenant inappropriée.

-Je t'ai dit de ne pas t'en faire. Ils trouveront toujours quelque chose à redire de toute façon et moi je te trouve parfaite.

Je lui adresse un sourire crispé mais reconnaissant et on se dirige vers une table à l'écart où un couple d'une cinquantaine d'années nous attend.

Son père est un homme imposant, grand, grisonnant avec le visage dur et fermé, vêtu d'un costume trois pièces et de boutons de manchettes. Je reconnais les traits d'Hadrien sans que ce soit flagrant. Sa mère est une jolie brune, extrêmement élégante et apprêtée. Elle m'adresse un grand sourire faux tout en chuchotant à l'oreille de son mari. Je les trouve tout les deux très assortis avec leur air hautain et ne ressens pas la chaleur humaine que dégageaient mes parents et l'amour qu'il y avait entre eux.

Hadrien fait les présentations et nous prenons place face à eux sur une petite table rectangulaire recouverte d'une nappe blanche immaculée. Je suis très mal à l'aise. J'avale cul-sec le verre d'eau qui est devant moi mais ma bouche reste sèche et pâteuse. Le père d'Hadrien, qui me demande de l'appeler Monsieur PETERS, parle business et politique avec Hadrien qui paraît plutôt suivre la conversation.

Les échanges sont froids et guindés et mon malaise s'amplifie. Après avoir terminé l'entrée, une soupe de tomate pour moi, je me lève pour me rendre aux toilettes. Hadrien se redresse aussitôt mais je lui assure que je peux tout à fait y aller seule, c'était sans compter la réplique de sa mère.

-Laisse Hadrien, je dois également m'y rendre. Je vais accompagner ton amie.

Elle se contente de me précéder et je la rattrape difficilement à l'aide de mes béquilles. J'ai à peine refermé la porte des toilettes, que la nausée me reprend et je rends la totalité de mon entrée. Super classe quand vous pensais que la mère de votre homme est dans le WC voisin. Quand je sors, elle m'attend devant le lavabo.

PLUS FORT QUE MOIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant