Chapitre 4 Laura

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Il fait chier, il fait vraiment chier !

J'atteints la rue essoufflée et franchement énervée. Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais en me déshabillant ainsi devant son regard mais je me sens tellement bien avec lui. C'est le seul avec qui je suis toujours en confiance. Je me sens belle à travers ses yeux. C'est le mec idéal pour me faire vivre mes premières fois, je sais qu'il me respecte, qu'il sera doux et surtout qu'il est doué.

C'est vrai, je passe un peu pour la pute de service mais quoi de mieux que de découvrir le plaisir du sexe avec un partenaire idéal. Hadrien est un plaisir pour les yeux, son histoire est gravée sur sa peau et le relief de ses muscles met en valeur les dessins qui ornent tout le haut de son corps. Le seul effleurement de ses mains me procure des frissons, sa bouche est douce comme du coton et son odeur est enivrante. Il a cette façon à lui de prendre soin de moi sans jamais m'épargner au quotidien. Impossible de le considérer comme un frère, notre relation est trop ambiguë. Alors pourquoi ne pas profiter de son expérience.

C'est une très mauvaise idée, j'en suis consciente mais c'est en même temps la meilleure idée que j'ai eu dernièrement. Bizarrement, je ne suis pas pudique avec lui, je n'ai pas peur de me mettre nue devant lui, je n'ai pas peur de ce qui risque de se passer ensuite, ce qui n'a pas l'air d'être son cas. Il doit croire que je cherche à avoir une histoire sérieuse, que je suis coincée ou plutôt une sainte nitouche.

Oui je suis vierge mais ce n'est qu'un concours de circonstance, je me suis beaucoup trop consacré à mes études et j'en ai oublié de me faire une expérience sentimentale, amoureuse et sexuelle. Il faut absolument que je rattrape le temps perdu car je viens d'avoir dix-huit ans.

Même si je peux comprendre ce qui le pousse à se refuser à moi, je suis vexée qu'il me repousse. Je pensais lui plaire et Hadrien est un queutard, il ne s'embarrasse pas des convenances. Il couche avec des filles différentes tous les jours, des filles qu'il croise ensuite au salon mais avec moi, Non. Moi je mérite un lit et des sentiments : je suis quoi pour lui ? Une espèce d'icône sur un piédestal?

Enfin bref, je ne vais pas rester là devant la façade du salon à cogiter pendant trois plombes.

Je décide de remonter à la maison et d'aller m'affaler dans le canapé pour réfléchir au désastre qu'est devenu ma vie.

Il y a moins d'un an, j'ai perdu mes parents dans un accident de voiture et j'ai encore du mal à réaliser que je ne les reverrai plus. Je n'ai toujours pas réussi à retourner les voir au cimetière depuis l'enterrement mais Clément, je le sais même si on n'en discute pas, se charge de fleurir leur tombe. Leur départ a été soudain et nous n'avons pas vraiment eu le temps de pleurer.

Il a fallu se former à la gestion des papiers, rencontrer un notaire, mettre la maison en vente et contacter les organismes de crédit pour leur demander de nous accorder des délais. J'avoue que j'ai laissé à Clément le soin de gérer la plus grosse partie des démarches et j'ai démissionné de mon rôle de petite sœur.

Je me sens inutile et stupide. Les larmes coulent silencieusement le long de mes joues pendant que je réfléchis à la façon de faire évoluer les choses positivement. Je suis incapable de pleurer la mort de mes parents. J'arrive à peine à soutenir mon frère dans son deuil et dans les démarches qui en découlent. Je viens de gâcher le lien précieux que j'avais avec Hadrien et passer pour la pire des allumeuses. Je n'ai même pas une amie à laquelle me confier et mes potes ne sont pas doués pour me conseiller. Si seulement j'avais encore ma maman, elle saurait me donner des conseils.

J'allume la télévision pour tenter de me changer les idées mais je zappe frénétiquement sans m'arrêter sur un programme en particulier. J'entends la porte d'entrée s'ouvrir mais je n'y prête pas attention jusqu'à sentir le canapé s'affaisser juste à côté de moi. Un bras se pose sur mes épaules et ma tête se niche naturellement dans le creux de son épaule. Son odeur m'envahit et c'est comme un baume sur mes blessures internes. Sa main bandée me caresse lentement les cheveux mais il ne dit rien, il se contente de me consoler et de m'apaiser par sa douceur.

PLUS FORT QUE MOIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant