Chapitre 29 Hadrien

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Le spectacle qui m'accueille en passant la porte de chez moi est incroyable et il aurait pu être super bandant si les deux filles étaient en maillot de bain dans la boue mais c'est loin d'être le cas. Joyce est à califourchon sur Laura qui se débat, comme une tigresse, à l'aide de ses bras. La vue de son plâtre me rappelle immédiatement le risque qu'elle prend à se battre avec ma colocataire temporaire.

Je suis devant elles en trois pas et j'attrape la frêle Joyce par le bras pour la soulever du sol avec une facilité déconcertante. Elle doit peser à peine 50kilos et a dû profiter du handicap passager de Laura pour parvenir à la maîtriser.

-Il t'arrive quoi Joyce, tu es malade ? Tu vois bien qu'elle a un plâtre, pourquoi tu lui sautes dessus ?

-Tu te fous de ma gueule là, Hadrien ? C'est cette poufiasse qui m'a sauté dessus sans se présenter !

-Déjà, tu ne la traites pas de poufiasse et pourquoi t'aurait-elle sauté dessus ? Laura ?

Le regard de Laura se fixe au mien mais la colère inonde ses traits. Qu'est ce que j'ai encore bien pu faire ?

-Tu m'expliques ma petite chatte ?

Je l'aide à se redresser en attendant sa réponse mais elle se débarrasse vite de mon contact comme si le simple fait de la toucher, lui brulait la peau.

-Alors cette espèce de schtroumpf rose dort dans ta chambre, dans ton lit ? Elle a envahit tranquillement la maison pendant que je n'étais pas là et toi tu me ramènes ici comme si j'allais accepter ta polygamie !

-Oh là, je t'arrête tout de suite ! Joyce (qui fixe ma déesse méchamment, l'histoire du schtroumpf n'ayant pas dû lui plaire) est une amie d'enfance et elle me remplace au salon le temps que je puisse à nouveau tatouer. Elle n'habite pas dans le coin, je lui ai donc proposé de vivre ici.

-Et pourquoi dort-elle dans ton lit ?

-Parce que je n'y dors pas.

-Tu dors où ?

-Dans ton lit, bon c'est bon l'interrogatoire là ? Tu es rassurée ?

-Tu ne pouvais pas simplement m'en parler ? M'agresse t-elle.

-Tu sais quoi ? J'avais autre chose à penser, je suis à peine rentré à la maison ce dernier mois et c'était juste pour prendre une douche et dormir quelques heures. Et quand on était ensemble, je n'avais pas envie de parler de Joyce, tu vois ?

-Parce que c'est de ma faute peut-être ? Me balance Laura.

-Je n'ai jamais dit ça !

Oh, elle m'énerve avec sa jalousie mal placée. Elle se lève avec difficulté et j'accours pour l'aider mais elle me repousse violemment.

-C'est bon, je vais y arriver. Je n'ai pas besoin de ton aide. J'ai juste envie d'aller m'allonger dans ma chambre et TOUTE SEULE ! Joyce, désolée, c'était un malentendu mais à l'avenir, essaie de mettre un short qui couvre un peu plus tes fesses, s'il te plait.

Joyce acquiesce silencieusement en lui adressant un clin d'œil. Laura s'éloigne en prenant appui sur le mur du couloir et ne me jette même pas un regard. Putain, il faut que je boive quelque chose.

-C'est un sacré phénomène ta nana ! Glousse Joyce. Dommage qu'elle aime les hommes.

-Ne t'avise même pas de l'approcher, tu m'entends ? Et puis c'est fini les bagarres, il t'arrive quoi, je pensais que tu avais plus de sang froid que ça !

-Tu parles, elle s'est jetée sur moi ta « petite chatte » !

Elle éclate de rire en repartant vers ma chambre et m'adresse un joli doigt d'honneur au passage. Je rejoins la cuisine et sors une bière du réfrigérateur que je bois au ¾ cul-sec. Moi qui avais hâte de me retrouver enfin avec ma petite femme, je sens que je vais galérer pour qu'elle m'adresse à nouveau un sourire. Je fouille les placards pour dénicher quelque chose à grignoter mais à part les céréales et autres aliments bio de Joyce, il n'y a rien de comestible. Je vais commander des pizzas et essayer de faire la paix avec ma petite chatte devant une bonne part au fromage.

Le pizzaiolo ne tarde pas et me voilà à frapper à sa porte de chambre pour la convaincre de manger quelque chose.

-J'ai dit que je voulais être TOUTE SEULE !

-Allez, j'ai rien fait de mal et il faut bien que tu manges. Tu sais bien pourquoi ?

-Pourquoi tu ne le dis pas alors, tu as peur que ta poupée de mangas ne l'apprenne ?

-Ne dis pas n'importe quoi ! Je suis fier que tu portes ma fille.

Je perçois un léger rire à travers le bois de la porte.

-Je peux rentrer, s'il te plaiiiiiiiiiiit ?

Le rire se transforme en gloussement.

-Tu ne peux pas juste me faire rire pour que j'oublie ce qui s'est passé. Je suis en colère et j'ai besoin d'être seule.

Je presse le cliché de la porte et me rends compte qu'elle n'a pas verrouillée. Je passe la tête par l'entrebâillement pour observer discrètement l'intérieur. Elle est allongée sur son lit, un bras lui recouvre les yeux et son tee-shirt remonte jusqu'à son nombril. Elle porte un short ample, à cause du plâtre mais sa jambe valide est repliée de sorte que je peux facilement apercevoir la naissance de ses fesses. Ma queue se réveille aussitôt.

-J'ai commandé de la pizza et j'ai pris une trois fromages juste pour toi.

Elle retire son bras de ses yeux et se redresse sur le lit en position assise. Ses yeux sont rouges et ses joues maculées de mascara, elle a dû pleurer. Je ne sais même pas quoi faire pour la consoler.

-Je ne suis pas sûre de parvenir à avaler quoique ce soit. J'ai encore des nausées.

-Ah bon ? Tu crois que c'est normal ?

-Oui, rien d'alarmant les trois premiers mois, c'est courant. On peut manger la pizza sur mon lit ? Je n'arriverai pas à bouger avant demain.

-Bien sur, je vais chercher ce qu'il faut.

Bon, ma petite chatte n'est pas du genre rancunière, bonne nouvelle. Je prends les pizzas, des sodas et des serviettes en papier, en dépose une à la porte de Joyce en espérant qu'elle ne mange pas essentiellement des graines et rejoins la petite chambre de ma déesse. Quand j'entre, elle parle au téléphone, celui que je lui ai acheté le lendemain de l'incident car il était hors de question qu'elle ne puisse pas me joindre à tout moment. Ca doit être son frère car elle a pris une voix douce et rassurante. Elle se glisse sur le coté du lit pour me faire une place et poursuit sa conversation.

-Oui tout va bien, je suis allongée dans mon lit. Non, j'ai bien réfléchi et je préfère me donner une année mais je vais commencer à travailler à mon rythme pour m'adapter plus facilement l'année prochaine. Ah, génial, quand ça ? Par contre il sera avec moi, c'est ça ou rien. Oui, bien sur, vers quelle heure ? Ok, à demain alors. Moi aussi. Bisous.

-Ca va ? Je l'interroge.

Je n'ai fait que croiser Clément depuis notre altercation et cette situation commence vraiment à me faire chier, mais si je devais refaire les choses, je ne changerai rien.

-Oui, Clément passe demain. Il vient récupérer ses affaires, il va emménager définitivement avec Dimitri.

-Ah ouais ? C'est encore à cause de moi ?

-Non, je ne pense pas. Il m'a dit que tout se passait bien et qu'ils s'entendaient à merveille. C'est la suite logique des choses non ? On emménage officiellement à deux et lui avec son homme.

-Ouais dit comme ça, pourquoi pas.

-Et puis il veut m'inviter à diner chez eux pour me présenter officiellement.

-Et tu vas y aller ?

-Oui, avec toi.

-Tu crois qu'il va accepter que je t'accompagne ? Tu rêves !

-Il n'a pas le choix. J'en reparlerai avec lui demain, il va passer dans l'après midi.

-Ok, j'en profiterai pour faire un tour au salon. Au fait, j'enlève mon plâtre après demain.

-Cool. Tu me passes une part de pizza au fromage ? Je vais voir si je supporte l'odeur.

PLUS FORT QUE MOIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant