Arthur, Tristan et moi.

5. Tristan

  La sœur de Blanche est réellement bizarre. Dès qu'elle m'a vu a littéralement foncé vers le sol. On aurait dit qu'elle me fessait la référence alors qu'elle nettoyait ou voulait le sol. Je n'ai pas vu la tache sur le carrelage, mais il doit bien en avoir une si elle a fondu au sol comme ça.

Blanche : Je peux savoir pourquoi tu m'as suivi ?

   Elle l'a remarqué. Merde, je pensais être discret. Je ne le suis pas d'habitude, mais là j'ai fait des efforts. Pourquoi ? Je ne sais pas, mais j'en ai fait.

Tristan : Tu l'as remarqué ?

   Merde, c'est quoi mon excuse déjà ? Je l'ai préparé toute la journée, je ne peux tout de même pas l'avoir oublié. Réfléchie Tristan, putain. Réfléchie. Ah ouais voilà. Enfin.

Tristan : Et bien je me disais que tu aurais peut-être besoin d'aide avec tes devoirs, on ne sait jamais.

   Je suis sûr qu'elle sait que je mens. J'ai mis trop de temps à répondre. Mon cerveau n'a pas fonctionné assez vite. J'sais pas, mais elle sait que je mens. C'est obligé, on parle de moi, là. J'ai foiré ma première, enfin première après la journée de cours, impression. Je foire tout, de toute façon.

   La réalité, quant à elle, est tout autre. Je l'ai suivi, car c'est la seule fille de la classe à ne pas avoir les cheveux colorés en blond, à ne pas avoir trois tonnes de maquillage, de vêtements de grandes marques et un physique parfaitement refait. Je ne dis pas que Blanche est moche, au contraire elle est très belle. Et naturelle, elle. Une fille qui tient tête à un prof dès son premier jour,  ça m'intrigue. L'exposé aussi. La légende de sa famille me fascine ce qui est beaucoup pour moi. Cette fille m'intrigues alors qu'elle est normale. Qu'elle semble normale. Enfin aussi normal que je l'entends.

Tristan : Guenièvre, c'est le nom de la sœur aînée dans la légende ?

Blanche : C'est le même nom, oui.

   La légende de leur famille m'a l'air très importante pour eux.  Blanche porte le nom de la sœur cadette de leur légende. Sa grande sœur a le même nom que la sœur aînée. Pourquoi leurs parents les ont nommées comme elles ? Ils croient qu'elles vont revivre la même chose ou quoi ? On est dans une époque légèrement différente. La Cépétris n'existe plus. Vraiment plus. Arthur est mort depuis longtemps. Il n'y a plus de roi en France. Elles ne peuvent plus être potes avec un prince. Elles ne peuvent plus avoir la même vie. Elles ne peuvent plus être elles. Quels parents ignobles. On ne peut pas en demander autant à ses enfants. D'ailleurs, ils sont où leurs parents ?

Tristan : Et où sont les géniteurs de ces deux magnifiques créatures ?

   J'en ai peut-être fait un peu trop. Mais ma curiosité a été piquée au vif. Je veux une réponse. Cette phrase est beaucoup mieux que « Vos vieux sont où ? ». Phrase que j'aurais dit si je ne me serai pas contrôlé à ce point.

Blanche : Ils sont morts. Un accident de voiture tout bête, mais ils ne sont plus de ce monde. C'est pour ça qu'on a déménagé. La Guadeloupe me rappelle trop mes parents.

Tristan : Je suis désolé pour vous. Mes sincères condoléances.

Guenièvre : Mais si tu tiens tellement à rencontrer notre famille, mon mari devrait bientôt arriver.

   Je crois qu'elle pense que je veux la draguer. C'est pas le cas, je ne drague pas. Jamais. C'est les meufs qui viennent à moi. En plus, elle est trop vieille pour moi. Je ne sais pas son âge, mais le fait qu'elle soit la grande sœur de Blanche me suffit. Je sors toujours avec des meufs plus jeunes que moi. De pas beaucoup, deux ans max, mais elles sont toujours plus jeunes. Elles n'ont jamais mon âge non plus. Question de stratégie. Une meuf plus vieille ou ayant le même âge va raconter plus facilement de quelle manière « horrible », je les quitte. Je ne pourrais pas sortir avec autant de monde. Alors, qu'une meuf plus jeune, va se vanter de sortir avec quelqu'un de plus vieux, ce qui donne un plus à ma réputation. Pas que ça m'importe, mais une bonne réputation est toujours mieux.

   Blanche a déménagé de la Guadeloupe, selon ce que j'ai compris. On dirais pas. Elle est super blanche. Mais genre aussi blanche qu'un vampire. On le voit plus chez sa sœur, mais elle est quand même un peu blanche. Ça doit être de famille. Heureusement qu'elles sont pas albinos, car même si on verrait pas trop la différence, surtout chez Blanche, ça serait galère pour elles.

   Mais, merde, qu'est-ce qui arrive ? Je les plaints. Moi ? Y a un truc qui tourne pas rond. Je dois être malade. C'est obligé. Sinon, je n'agirais pas comme ça.

Guenièvre : Hum... Tristan, c'est ça ? Je vais t'emprunter ma sœur pendant deux petites minutes.

   Après m'avoir donné cette information et sans me laisser le temps de répondre, les deux sœurs partent dans une autre pièce. La cuisine, je pense.