22. Blanche

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*Flash-back*

   J'ai rendez-vous avec « mon meilleur ami », le premier. Arthur. Je sais très bien que c'est lui, mais je dois faire comme si de rien n'était. Comme si je ne savais pas que s'était lui. Comme si je ne savais pas que c'était  pas Arthur. Comme s'il ne m'avait pas hypnotisé. Comme s'il était Tristan.

   Je le vois arriver au loin. Je suis assise à une table dans le restaurant où travaille Juliette. Arthur m'a donné rendez-vous ce midi. Je ne sais pas ce qu'il a prévu, mais je sais qu'il veut récupérer sa chevalière. Je l'ai, mais je ne peux pas lui donner. Pas maintenant. Pas ici.

   Je souris et me lève. C'est parti pour mon rôle. Je l'embrasse. Horrible. C'est le seul mot qui me vient à l'esprit. C'est horrible. J'ai envie de vomir.

Blanche : Je suis content de te voir, Tristan.

Arthur : Moi aussi, Blanche. On s'est quittés il y a peu de temps, mais tu m'as manqué.

Blanche : C'est que tu deviendrais romantique.

Arthur : On s'assoit.

   J'acquiesce d'un signe de tête. Je me rassoie à la place où j'étais quelques instants auparavant. Je souris mais j'ai envie de partir aussi loin que je peux de lui. Comment il a pu me manipuler ainsi pour une bague ? Arthur lève la main de façon à interpeller Juliette. Elle arrive vers nous, un sourire aux lèvres.

Juliette : Et après ce que je viens de voir, vous n'êtes que meilleurs amis. (Foutez-vous de ma gueule.)

Blanche : Notre relation a quelque peu évolué.

Juliette : Je vois ça.

Arthur : On peut commander ?

   Je ne sais pas si c'est à cause des siècles qui ont passé, mais Arthur a perdu l'usage de l'amabilité.

Juliette : Bien sûr, Tristan. Que voulez-vous ?

Blanche : Je vais prendre....

Arthur : Deux salades niçoises. Dont une allégée.

Juliette : T'es au régime, Tristan ?

Arthur : Non. C'est pour Blanche.

Blanche : C'est sympa.

Arthur : C'est vrai. Tu dois perdre quelques kilos.

  Comment vous dire que j'ai envie de lui mettre mon poing dans sa joue. Je fais mon possible pour essayer de rester calme et ainsi éviter de ruiner ma couverture.

Juliette : Très bien.

   Elle me jette un regard d'incompréhension. Je lui réponds par un geste pour lui dire de laisser tomber. Je l'ai connu, elle ne va pas laisser tomber, elle tient à la liberté et l'égalité pour tous. Pas seulement pour celle des femmes, mais aussi pour la liberté de mariage pour les personnes homosexuelles, les personnes de couleurs ou étrangères.

Juliette : Tu sais, Tristan, beaucoup de filles rêveraient d'avoir la taille de Blanche. Elle n'est pas du tout grosse donc si tu veux une salade allégée, ce sera pour toi et non pour Blanche. Surtout que tu ne lui as pas demandé son avis sur ce qu'elle désire manger.

Arthur : Je croyais que le client était roi. Donc j'attends ma commande, mes deux salades niçoises dont une allégée. Et si je n'ai pas ce que je demande, le proprio aura des nouvelles de moi.

Juliette : Vas-y, je n'ai pas peur.

Arthur :  Très bien. Je vais le voir de ce...

   Je dois intervenir. Il faut qu'il reste calme pour le moment. Nous sommes dans un lieu public et je ne peux pas mettre mon plan à exécution. Notre plan.

Blanche : Stop. Tristan, tu n'iras voir personne. Juliette apporte nous ce que Tristan a commandé. Je n'ai pas envie que ça parte en drame. Donc on va se calmer et on va rester calme tout le long du repas.

Juliette : Tu ne devrais pas te laisser faire comme ça, Blanche.

Blanche : Je sais très bien ce que je fais.

   Juliette part. Je vois qu'elle est sceptique et qu'elle fait son possible pour ne pas intervenir plus. Si elle savait tous les efforts que je fais pour rester calme et ne pas mettre les heures d'entraînements aux combats que j'ai eu pour envoyer la personne devant moi à l'hôpital.

   Elle revient quelques minutes plus tard, deux assiettes à la main.

Juliette :Une salade niçoise et...

Elle pose l'assiette devant moi.

Juliette : une autre allégée.

   Elle pose l'autre salade devant Arthur. Je me mords l'intérieur des joues pour éviter de rire.

Juliette : Euh. Oups, j'ai dû confondre.

   Elle inverse les assiettes. Arthur me jette un regard alors je me force à lancer un regard plein de reproches à Juliette. Dès que l'homme devant moi baisse la tête, un sourire gratifiant prends place sur mon visage. Mon amie me fait un clin d'œil avant de partir.

Blanche : Tu pourrais être gentil.

Arthur : J'ai du mal à être gentil quand je n'ai pas ce que je veux.

Blanche : Et qu'est-ce que tu veux ?

Arthur : Ma chevalière. La chevalière d'Arthur.

Blanche : Comment peux-tu savoir si elle appartenait à Arthur Pendragon ou non ?

Arthur : Je t'en prie. On sait tous les deux qu'elle lui appartenait.

Blanche : Je n'étais pas née à l'époque d'Arthur et toi non plus. On ne peut pas le savoir.

Arthur : J'ai fait des recherches et son ancien proprio était Arthur.

   Encore une preuve que ce n'est pas Tristan. Lui, n'aurait jamais fait des recherches pour savoir à qui appartenait une bague.

Blanche :  Pourquoi avoir fait des recherches ?

Arthur :  Cette chevalière m'intriguait. Je n'aime pas avoir des doutes, et tu le sais. J'ai fait disparaître mes doutes.

   Je me plonge dans mon assiette et commence à manger.

Arthur : Tu peux me la rendre ?

   Ma bouche pleine m'empêche de lui répondre. Je prends mon temps pour mâcher et ainsi éviter de lui répondre trop vite. Ma nourriture avalée, je bois une gorgée d'eau. Je souffle avant de lui donner une réponse.

Blanche :  Je ne l'ai pas.

Arthur : Pardon ?

Blanche : Je ne l'ai pas. Je te l'ai prise, mais je ne l'ai pas ici.

Arthur : Où est-elle alors ?

Blanche : Cachée.

Arthur : Cachée où ?

Blanche : Quelque part. Tu n'as pas à le savoir.

Arthur : Je veux la récupérer.

Blanche : On n'a pas toujours ce qu'on veut dans la vie. Je ne l'ai pas maintenant. Tu veux la récupérer ? Bien, tu vas la récupérer, mais je ne l'ai pas. Tu me dis un lieu et une heure, et je viens au rendez-vous.

Arthur : Avec la bague ?

Blanche  :Avec la bague.

Arthur : Alors rendez-vous à vingt et une heures à l'entrepôt 11 Wallstreet. Ne sois pas en retard.

Blanche : Ne t'en fais pas, je serais à l'heure. Maintenant mangeons.

Arthur : Je crois que je n'ai plus très faim. On se rejoint à l'entrepôt. Vingt et une heures, n'oublie pas.

   Il me laisse seule, devant les deux salades niçoises que je n'allais pas finir.

Arthur, Tristan et moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant