Un mois plus tard
L'entrepôt dans lequel je suis est vraiment lugubre. Les murs en briques, fissurés de toute part ne laisse entrer la lumière que grâce à la rangée de dix fenêtres et au trou qui les constituent. Il n'y a aucune lumière au plafond. La nuit est tombée depuis une heure, la seule lumière qui passe par les fenêtres sont les rayons de la pleine lune. Il fait sombre, très sombre. J'ai la chair de poule. Pas par peur, mais la température n'est pas très haute. J'ai froid. Je suis seule dans cette entrepôt. Seule pendant encore trente secondes. J'ai rendez-vous avec Arthur à vingt et une heures précise. Et je sais qu'il sera à l'heure puisque c'est lui qui m'a donné rendez-vous. Un rendez-vous qui lui est bénéfique.
Et j'ai raison. Trente secondes plus tard, il est là. Debout, à l'autre bout de l'entrepôt, il me fixe, un sourire narquois aux lèvres.
Arthur : Tu l'as ?
Blanche : Oui.
Arthur : Donne-la-moi.
Blanche : D'accord...
Il s'avance vers moi en me tendant la main.
Blanche : Mais avant, je veux savoir ce que tu en feras.
Arthur : Tu le sais.
Blanche : Non, je ne le sais pas.
Arthur : Bien sûr que si. Souviens-toi.
Blanche : Comment ?
Arthur : Regarde-moi dans les yeux. Regarde-moi bien. Fixes mes yeux et seulement mes yeux.
Blanche : Pourquoi ?
Arthur : Ce que tu peux être agaçante ! Donne-moi la bague qu'on en parle plus !
Blanche : Dis-moi d'abord pourquoi ?
Arthur : Regarde-moi dans les yeux et tu te souviendras.
Blanche : Que comptes-tu faire ? Dit le clairement.
Arthur : T'hypnotiser encore une fois pour faire revenir les souvenirs que je t'ai fait oublier le mois dernier. Maintenant arrête de parler, regarde-moi dans les yeux et ensuite tu me donnes cette bague.
Blanche : Très bien.
Je le regarde dans les yeux et revois une seconde fois mes souvenirs. La nuit où Tristan a dormi chez moi. Cette même nuit où Arthur est venu dans ma chambre. Cette nuit où il m'a embrassé. Cette nuit où il m'a dévoilé le secret des vampires de sang royal. Cette nuit où il m'a obligé à ressentir les sentiments plus qu'amicaux pour Tristan. Cette nuit où il m'a obligé à voler la bague de mon meilleur ami même si c'est d'abord la sienne. Cette nuit où il m'a fait tout oublier.
* *
*
Arthur : Tu te souviens de tout maintenant, n'est-ce pas ?
Blanche : Oui, vous les vampires de sang royal avez des pouvoirs magiques, vous pouvez hypnotiser les personnes que vous souhaitez. C'est un don inestimable qui n'est accessible qu'aux personnes au sang bleu, comme toi et comme Tristan. Ce don survient pendant votre transformation. Nos deux bagues ont été fabriquées par Merlin. Il n'y a que peu de différences entre nos bagues. La tienne est pour les hommes, la mienne pour les femmes et ta bague a été ensorcelé par son fabriquant pour que lorsque tu deviendras un vampire, que tu aies, en plus des pouvoirs d'hypnotiseur, d'autres pouvoirs magiques. Tu avais caché ta bague, car, comme le veut la coutume, si la bague avait été sur toi ou auprès de toi à ta mort, elle aurait été mise avec les autres, dans un caveau scellé et tu aurais dû attendre très longtemps que toutes les personnes qui t'ont connu meurent, et que ton histoire disparaisse des souvenirs des gens. Après ça, si Camelot était toujours gouverné par des rois et reines, tu devais attendre que le souverain meure pour pouvoir t'infiltrer dans le caveau et réussir à trouver ta bague parmi toutes celles identiques des autres rois en un temps assez limité. En plus de ça, tu devais avoir la confiance de la famille royale. Confiance qui se gagne très difficilement. Il faut des années pour l'avoir, toute une vie des fois. Mais tu ne vieillis pas. Tout ça serait difficile à gérer, même pour toi, mais si ce n'était pas ton principal problème. C'était Guenièvre. Pour que tout ça fonctionne, il fallait que Guenièvre se marie avec quelqu'un d'autre et qu'elle ait un enfant pour que la génération continue. Bien sûr, le pouvoir aurait pu revenir à quelqu'un de ta famille lointaine. Cela aurait été simple si seulement ton père n'avait pas fait faire ce traité ridicule comme quoi, un héritier au trône pouvait aussi être un enfant de sexe féminin quand les descendants du couple royal sont uniquement des filles mais l'héritier doit être un enfant du roi. Tu n'avais pas d'enfants. Il fallait que Guenièvre se marie pour avoir un enfant. Mais pour se marier, il fallait qu'elle tombe amoureuse et que le fiancé soit aussi amoureux. Alors, tu as demandé à Merlin de te fabriquer deux philtres d'amour. Tu aurais choisi le premier venu pour Guenièvre, l'important était que Guenièvre ait un enfant. Hors, comme chacun le savait à l'époque, Merlin utilisait la magie pour beaucoup de choses, mais il ne l'utilisait jamais pour rendre des personnes amoureuses. Tu n'as pas fait exception à la règle, quand tu lui as demandé, il t'a répondu non, qu'il en avait déjà fait assez pour toi et qu'il allait s'occuper de ta mort, mais qu'il ne trahirait pas sa règle numéro un pour un roi même si sa mission était de le protéger. Il t'avait assez protégé et tu voulais disparaître. Alors, il t'aiderait à masquer ta « mort », il t'aiderait pour l'enterrement, mais pas pour que ta femme ait un enfant. Alors, il ne te restait plus qu'à cacher ta bague. Tu l'as fait, très bien d'ailleurs. Tu m'as suivi jusqu'à ce que j'aille vivre sur l'île. Alors là et seulement là, tu es parti chercher ta bague. Entre temps, malheureusement, ton château est devenu un musée et lorsque tu as été la chercher, tu as eu la mauvaise surprise de constater que ta chevalière n'était plus dans sa cachette. Tu as fouillé partout dans le musée, mais tu n'as rien trouvé et pour cause, avant que le château devienne un musée, des fouilles ont été produites et ta bague a été jugé sans grand intérêt, on pensait sans doute que c'était la bague d'une domestique, mais étant donné qu'ils l'ont trouvé dans ton château, ils l'ont donné à tes descendants, la famille de Tristan. Tu as mis du temps à trouver tes descendants, mais quand tu les as trouvés, tu as cherché qui avait la bague et tu as trouvé Tristan. Quand tu t'es aperçu que j'étais proche de lui, tu as eu l'idée de m'hypnotiser pour me faire croire que j'étais amoureuse de Tristan, tu m'as forcé à coucher avec lui et à lui voler ta chevalière. C'est ça, non ?
Arthur : Oui, c'est à peu près ça.
Blanche : Que vas-tu en faire ? De ta bague et de tes pouvoirs ?
Arthur : Tu ne le seras pas, Blanche.
Blanche : Arthur, Arthur, Arthur...dois-je te rappeler que c'est moi qui ait ta chevalière ?
Arthur : Je pourrais la reprendre sans effort.
Blanche : Mais tu ne le feras pas. Tu ne veux pas me dire ce que tu vas en faire ? Très bien. Alors, je vais imaginer. Tu pourrais utiliser la bague pour prendre l'avion gratuitement et aller passer le reste de l'éternité sur une île déserte.
Arthur : Je pourrais.
Blanche : Tu pourrais utiliser ta bague pour devenir maire ou président pour pouvoir retrouver la sensation d'être au pouvoir.
Arthur : C'est une idée.
Blanche : Tu pourrais aussi utiliser les pouvoirs de ta bague pour tuer les membres du conseil et ainsi devenir le roi des vampires, régner comme sur Camelot et utiliser les vampires pour former une armée, tuer les rebelles et avec ton armée prendre le contrôle des humains et ton rôle de roi des vampires se transformera en roi du monde. Une fois ce rôle acquis, tu n'auras plus qu'à utiliser tes pouvoirs ou tes sous-fifres pour éliminer toutes traces de modernités venues du Moyen-Age.
Arthur : Stop !
Blanche : Ce ne sont que des propositions.
Arthur : Arrêtes tes propositions stupides alors et donnes moi cette chevalière.
Blanche : Pourquoi arrêter si elles sont stupides ?
Arthur : Parce que ça m'énerve.
Blanche : Tu crois que tu es le seul énervé ? Tu penses que je ne suis pas énervée, moi, que mon meilleur ami m'ait utilisé pour récupérer une bague ?
Arthur : Cesses donc de te plaindre et donnes moi cette bague.
Blanche : Pourquoi ?
Arthur : Tu n'as donc pas changé, tu veux toujours avoir le dernier mot.
Blanche : Toi non plus, je te rassure, tu n'as pas changé : tu cherches toujours à vouloir tout diriger. Tu veux ta bague ? Très bien, je vais te la donner, mais avant je peux juste te poser une question ?
Arthur : Quoi encore ?
Il est énervé. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose pour la suite.
Blanche : Je peux garder ma bague ?
Arthur : Si tu veux. Tu auras un souvenir de moi.
Blanche : J'aurais un souvenir du Arthur que j'ai connu.
Arthur : Je suis toujours le même.
Blanche : Tu sais très bien que non. Cette journée nous l'a prouvé. Au restaurant, et même là tu es impatient, énervé pour une chevalière. Tu trouves ça normal ? Tu es un vampire, tu as l'éternité devant toi, mais tu es incapable d'attendre une minute. Il te faut tout à la seconde. On dirait un adolescent.

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Arthur, Tristan et moi.
VampirosVous croyez tous connaître les vampires. Mais vous ne connaissez rien d'eux. Les vampires ont, durant longtemps, étaient considérés comme des monstres puis depuis quelques années, ils sont les héros des histoires. Des personnes bienfaisantes. Des...