Guenièvre : Hum... Tristan, c'est ça ? Je vais t'emprunter ma sœur pendant deux petites minutes.
Sans même lui laisser le temps de répliquer, elle m'entraîne dans la cuisine. La pièce est moderne comme tout le reste de la maison. Cette dernière a été construite cet été et représente le parfait mélange entre la modernité et les décorations des autres époques. Un peu comme nous. Elle est spacieuse et lumineuse. La cuisine est la pièce qui le prouve le plus. Le carrelage noir et blanc forme un damier au sol. Les meubles peuvent être les pions de la partie d'échec si on a une imagination débordante. Le soleil qui traverse la baie vitrée et qui se réfléchit sur les murs blancs, illumine la pièce.
Guenièvre : Pourquoi Arthur est là ?
Je m'attendais à cette question. C'est ma sœur, je la connais et la ressemblance est tellement frappante que même moi j'ai mis du temps à savoir si c'est Arthur ou non.
Blanche : Ce n'est pas Arthur.
Guenièvre : Si c'est Arthur. Je le vois comme je te vois et je me souviens de son visage. Il n'a pas changé. Pourquoi est-il là et comment a-t-il fait pour survivre ?
Blanche : Guenièvre, je te dis que ce n'est pas Arthur. Je le sais, ce n'est pas lui.
Guenièvre : Tu en es sûre ?
Blanche : Certaine. Le garçon s'appelle Tristan. Il lui ressemble, oui. Il porte la bague de la royauté de Camelot, certes. Mais, je peux t'assurer que ce n'est pas lui.
Guenièvre : Comment peux-tu en être aussi sûre ?
Blanche : Il ne m'a pas reconnu, il n'a eu aucune réaction ni quand il t'a vu, ni quand je lui ai parlé de la Cépétris. Ce n'est pas lui.
Guenièvre : Il lui ressemble tellement...
Sa voix légèrement colérique devient morose et nostalgique. Il lui manque, je le sais, mais le revoir à travers Tristan, a amplifié ce manque.
Blanche : Je sais. Il me manque à moi aussi.
Je lui souris tristement. Dans la légende d'Arthur, la femme de mon meilleur ami s'appelle Guenièvre. Pour ceux qui se demandent, non ma sœur n'est pas la Guenièvre. Le prénom Guenièvre était extrêmement populaire à l'époque. Un peu comme Hugo ou Léo à cette époque.
Quoi qu'il en soit Guenièvre et Arthur n'avaient aucun sentiment envers l'autre. Aucun sentiment amoureux en tout cas. Ils avaient la même relation qu'un frère peut avoir avec sa sœur. Guenièvre était d'ailleurs promise à un autre homme. Un homme horrible. Manipulateur, violent et alcoolique. Avec notre « mort », le mariage n'a pas eu lieu. C'est le deuxième point positif à cette tragédie. Le premier est bien sûr que l'on soit toujours en vie.
Guenièvre : Tu...ter...
Je vois les lèvres de ma sœur bougées, mais je n'entends pas ses paroles. Pas toute en tout cas. Je sors de mes pensées et de mes souvenirs pour sortir, je crois, la phrase la plus banale qui soit.
Blanche : Quoi ?
Guenièvre : L'aide de Tristan. Tu comptes accepter ?
Blanche : Je ne sais pas. J'ai beaucoup de devoirs. J'ai aussi cette histoire de réseaux sociaux à faire. Je ne sais pas si sa présence m'aiderait ou pas. Je veux dire, je ne pourrais pas faire mes comptes avec lui dans les parages. Une adolescente de seize ans normale a déjà un compte dans tous les réseaux sociaux possible.
Guenièvre : Tu devrais.
Blanche : Tu crois vraiment ?
Guenièvre : Il pourrait d'aider pour tes devoirs. Tu n'as pas été scolarisé depuis longtemps. Son aide te ferait du bien.
Blanche : Tu sais quand même que son excuse pour m'aider est fausse ?
Guenièvre : Bien évidemment. Ne me prends pas pour une imbécile, je te prie. Je le sais comme je sais que tu as des problèmes avec tout ce qui concerne la technologie. Son aide te serait très utile pour cette partie. Tu n'as cas dire que tous tes comptes ont été supprimés. Trouves une excuse, mais il y a une chance pour qu'il t'aide et tu dois saisir cette chance.
Blanche : Très bien, je l'emmène dans ma chambre.
Guenièvre : Parfait.
Sur cette conclusion de ma sœur, nous rejoignons Tristan qui s'est assis sur le canapé. Je me place devant lui, un sourire en coin aux lèvres et un plan dans la tête.
Blanche : Tu viens ou pas ?
Il me lance un regard assez surpris..
Tristan : Oui, bien sûr.
Il se lève et me suit dans l'escalier. Pour la première fois depuis le début de la journée, nous nous regardons dans les yeux. Une sorte de voile lumineux traverse dans ses yeux. J'ai déjà vu, une fois dans ma vie, ce voile. C'était dans les yeux de Guenièvre et dans ceux de Robin. Nous montons l'escalier, moi devant et lui me suivant.
Guenièvre : Blanche, ton colis est sur ton lit. Et pas de bêtises tous les deux.
Je lève les yeux au ciel, lui montrant bien mon intérêt pour ces paroles alors que nous arrivons en haut des marches.
Arrivés dans ma chambre, Tristan s'affale sur mon lit. En se redressant, il me tend une petite boite rectangulaire. Je l'ouvre et en sors un portable tactile blanc. Mon premier portable tactile. Mon premier portable tout court. Je remercie Tristan d'un signe de tête et lui lance une remarque sur sa façon de se tenir sur mon lit, un lit qui lui est inconnu. Il souffle, mais fini par se redresser pendant que je tente, tant bien que mal, d'allumer mon téléphone. Voyant le mal que j'ai à exécuter ce geste, Tristan attrape mon portable. Sauf qu'il tient aussi ma main et qu'en voulant rapprocher mon téléphone de son visage, il m'entraîne avec lui, ce qui provoque ma chute sur le lit. Sur lui, pour être précise. Lorsque je roule pour me sortir de cette situation pour le moins embarrassante, Tristan qui me tenait toujours roule aussi. Nous sommes dans la même position qu'il y a quelques instants, nos places simplement inversé : lui en haut et moi en bas. Je sens mes joues légèrement rougir alors que celle de mon camarade sont carrément écarlates.
Blanche : C'est une drôle de façon de m'aider.
Mon ton enjoué me surprend moi-même.
Tristan : C'est sûr. Rassure-toi, je ne comptais pas d'aider de cette façon.
Blanche : Je sais. Tu nous voyais dans cette position, mais avec quelques couches en moins.
Je n'en reviens pas ! J'ai osé plaisanter dans cette situation. Maintenant, il va croire que je suis une de ses filles accros au sexe qui ne pensent qu'à cela et qui en ont besoin pour exister. Bien joué, Blanche ! J'essaie tout de même de me rattraper même si j'ai peu d'espoir pour que ça fonctionne.
Blanche : Mais il te faudra plus de temps pour que j'accepte alors tu pourrais juste te relever ? Ce n'est pas que tu es lourd, mais quand même un peu.
Tristan : Ah oui, oui. Bien sûr.
Il se relève -enfin- de mon corps.
Les vampires ne respirent pas, mais les humains, oui. Tristan ne pouvait pas rester indéfiniment sur moi sinon il se serait douté de quelque chose. Il était quand même en train de me compresser la cage thoracique et l'estomac m'empêchant ainsi de respirer. Aussi, la position dans laquelle nous étions, était pour le moins gênante et pouvait faire croire des choses inexistantes.
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Arthur, Tristan et moi.
VampireVous croyez tous connaître les vampires. Mais vous ne connaissez rien d'eux. Les vampires ont, durant longtemps, étaient considérés comme des monstres puis depuis quelques années, ils sont les héros des histoires. Des personnes bienfaisantes. Des...