13. Blanche

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  Guenièvre a, non seulement, osé dire à ma « tante » que Tristan et moi avons eu le zong, mais elle a en plus raconté durant le repas mon histoire avec Arthur. L'histoire un peu modifiée pour être crédible aux yeux de Tristan mais l'histoire quand même. Elle n'a pas dit ouvertement non plus que Tristan était le portrait caché de l'empereur, mais suffisamment pour que « tata Christine » le devine. Heureusement, Tristan n'a rien remarqué. Hormis ces petits détails, le repas s'est bien passé. Bon, il faut exclure les messages codés des autres vampires pour me faire comprendre ce que je dois faire avec Tristan pour que le repas se soit bien passé. Pour la première fois, mon meilleur ami n'a pas eu un interrogatoire de Robin parce que Christine a pris sa place. Elle a trouvé des questions que mon beau-frère n'a pas encore posé. Je me demande sérieusement comment elle a fait. J'avoue par contre que son rôle de « tante cool, mais tout de même possessive et super protectrice » m'a bien fait rire. Intérieurement, bien sûr.

   Ce repas est à la première place sur ma liste des pires dîners de ma vie et pourtant, j'en ai connu des repas catastrophiques. Ce repas a même surpassé celui où Arthur, lors d'un repas à la cour devant cinq cents invités, m'a demandé si j'avais déjà saigné dans ma partie intime et il a bien sûr fallu que pendant cet instant personne ne parle. Ce moment de gêne extrême avait la première place sur ma liste depuis que j'ai dix ans. Je serai prête à revivre cent fois le repas à la cour plutôt que de vivre le repas avec le sosie du prince, ce qui montre bien la gravité du repas.

   Christine est rentrée chez elle maintenant et chacun de nous est dans son lit. Il est minuit passé, le temps est nuageux, ce soir. J'ai réussi à dormir pendant une heure ou deux, mais je me suis réveillée et depuis impossible de se rendormir. Soudain, j'entends ma porte s'ouvrir. Je ferme les yeux faisant semblant de dormir, car je sais que c'est Tristan. J'arrive à percevoir la faible odeur de Guenièvre et de son mari, signe qu'ils dorment, car ils se sont légèrement détendus. Il ne reste donc que Tristan et je veux savoir la raison de sa présence inopportune dans ma chambre quand je dors, ou en tout cas, quand je suis censé dormir. Je sens une masse prendre place dans mon lit. Je suis sur le dos et cette masse, autrement dit Tristan, se met sur moi. Son souffle chaud s'écrase dans mon coup et me caresse la peau du visage. Je ressens une pression sur mes lèvres. Oh. Mon. Dieu. Tristan est en train de m'embrasser.

   Sans que je m'en rende compte, je lui rends son baiser. Notre bisou est passionné comme si nous attendions ça depuis des siècles alors que nous nous connaissons seulement depuis un mois. Il est fougueux, magnifique, magique, merveilleux. J'ai du mal à croire que j'embrasse vraiment Tristan. Nous qui nous battons pour que tout le monde comprenne que nous ne sommes pas en couple, sommes en train de nous embrasser au beau milieu de la nuit, dans mon lit.

   Une odeur s'immisce soudainement dans mon nez. Une odeur habituelle, mais aussi inconnue. Une odeur vampirique de bonheur, d'excitation et de cette sensation de combler un manque se mélange. J'ouvre les yeux et c'est bien Tristan que je vois. Je sais, au fond de moi, que ce n'est pas lui. Je connais mon meilleur ami et je sais que ce n'est pas lui. Déjà, parce que j'ai l'impression que ce n'est pas la même personne que j'ai vu, quelques heures auparavant, et aussi parce qu'il y a cette odeur. Je sens bien une odeur de vampire qui n'appartient à personne de ma famille. Cette odeur ne provient pas non plus de Christine, car je connais son odeur. Il ne reste plus qu'une seule possibilité. Pourtant, c'est impossible, inconcevable. Il ne peut pas être là. C'est tout simplement impossible mais, dans un sens, je suis la preuve vivante que l'impossible est possible. Je suis une vampire, une créature immortelle ce qui est impossible. Et je le sens, je l'ai embrassé, je sens son odeur. Il est sur moi et ce ne peut être que lui. Tout montre que c'est lui. Lui qui a hanté mes rêves, lui que je rêvais, jadis, de revoir mais aujourd'hui, j'ai juste envie qu'il disparaisse.

   Je m'écarte de l'homme au-dessus de moi, éloignant juste son visage du mien, mais je ne peux que chuchoter compte tenu de la proximité de nos deux visages. J'essaye de repousser plus son visage, mais ma position et mon manque évident de force m'en empêche.

Blanche : Arthur....

Arthur : Salut, Blanche. Tu te souviens de moi depuis le temps ? Je suis impressionné par ta mémoire.

   J'en suis sûre, ce n'est plus la même personne que celle que j'ai connu quand j'étais encore humaine. Il est différent et ce n'est pas seulement parce qu'il est devenu vampire.

Arthur, Tristan et moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant