17. Blanche

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  Je me décide quand même de sortir de la pièce. Je ne vais pas rester enfermer dans cette pièce, toute l'éternité tout de même. Au moins, pour mes besoins et pour me laver, ce serait réglé, mais il faut que je mange. Et puis l'éternité c'est long,  je finirais forcément par m'ennuyer alors je préfère sortir. Surtout que si je reste enfermée , ce serait à cause d'un prétexte minable : un simple baiser.

Oui, mais un baiser avec Tristan...

   Je sors donc de la pièce pour trouver mon meilleur ami, assis sur mon lit, le regard absorbé par le ciel calme du matin. Je m'approche doucement de lui, prête à lui faire mes excuses pour un baiser, au combien merveilleux, mais il ne semble pas me remarquer. Tant pis, je me lance avant de perdre tout mon courage et de retourner me cacher dans ma salle de bain.

Blanche : Tristan, je suis désolée de t'avoir embrassé.

   Je suis sincère. En partie, du moins. Une grande partie de moi est désolée, mais une autre, plus petite, n'est absolument pas désolée et meurt d'envie de coller mes lèvres sur celles de Tristan.

Tristan: C'est rien, t'inquiète. Mais je veux juste te poser une question.

   Je bouge ma tête dans un signe positif. Je sais déjà sa question, mais il doit la dire, j'en ai besoin pour ne pas paraître aussi minable que maintenant.

Tristan : Bien, alors pourquoi m'as-tu embrassé ?

Blanche : Je n'en ai strictement aucune idée. Si tu le découvres, tu me préviens.

   Nous partons dans un fou rire. Je suis heureuse que, malgré ce baiser, notre complicité soit restée intacte. J'aurais été triste et déçue du contraire, mais le choix revient à Tristan, pas à moi. Il a choisi, car son sourire signifie « On oublie ce baiser et on reste meilleur ami. ». Je suis heureuse qu'il ait fait ce choix mais s'il avait fait le contraire, je l'aurais accepté. C'est son choix et j'ai l'éternité pour m'en remettre.

Blanche/Tristan : J'ai faim.

   Ces paroles déclarées à l'unisson, nous fait repartir dans un fou rire.

????: Alors venez manger.

   Je me retourne et découvre ma sœur dans l'escalier à nous observer. Je ne sais pas depuis combien de temps elle est là, ni ce qu'elle sait, mais son regard et son sourire me prouvent qu'elle a des ragots à raconter sur nous.

Blanche : T'es là depuis longtemps ?

Guenièvre : Assez en tout cas pour savoir que vous vous êtes embrassés et que vous vous comportez comme un couple.

   Je ne peux pas lui en vouloir. Malgré tous mes efforts, je ne peux pas lui en vouloir. Nous n'avons jamais été aussi proche d'une relation de couple.

Tristan : Dommage alors que nous soyons seulement meilleurs amis.

   Tristan parle ironiquement. C'est évident.

   Ses paroles me font mal. Je ne sais pas pourquoi, car il dit la vérité, mais ses paroles me font du mal. Ce n'est pas tellement les paroles qu'il a utilisés, mais plutôt le ton dont il s'est servi. Mon cœur en souffre, mais mon cerveau refuse de souffrir. Il utilise donc la méthode de l'escargot, sans mon consentement, méthode qui consiste à piéger ma souffrance dans une bulle, une coquille qui devient sa nouvelle maison, l'endroit où elle va mourir.

   Je laisse donc mon cœur souffrir jusqu'à ce que toutes les phases de la méthode de l'escargot soit enclenchée et descends en bas pour remplir mon estomac accompagné de la raison de ma souffrance sous le regard bienfaisant de ma sœur.

Blanche : Tristan, tu pourrais tenir ta langue au lycée sur l'identité de ma tante, je ne voudrais pas qu'on croit que je suis favorisée.

   Mon meilleur ami acquiesce la tête et me sourit en versant son lait dans son bol et je lui rends le sourire le plus hypocrite que je peux fournir en attendant que ma souffrance parte.

Arthur, Tristan et moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant