Chapitre 16

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Je sentais comme une fissure dans mon intérieur, une douloureuse blessure. Je me sentais vide. Mes amis, eux que je pensais si loyal m'ont d'un coup jetée dans le sable mouvant pour me laisser mourir à petit feu. Je les hais. Je les haïs d'une façon si intense. Mais je patientais encore. J'attendais le bon moment, les poings serrés, le corps tremblant, les oreilles attentives et les yeux grands ouverts.



Je descendis les escaliers à pas lourds, mon corps étant affaibli par le manque de sommeil de la nuit dernière. Je commençais à manger, à devenir comme eux. Ça ne peut qu'être un bon signe après tout, non ?

Je m'assis à ma place, entourée de tous les autres qui se trouvaient déjà à table. Mon visage semblait plus pâle, mon expression encore endormie. J'avais presque une allure de zombie. De loin j'observais Sally et Jane discuter entre filles, tout comme Hoodie et Eyeless Jack. Tout était normal on dirait bien, rien de bien anormal se déroulait parmi nous. On me tapota l'épaule. Je tournai la tête et fis face à Ben.

« Hey, tu es sûre que tout va bien ? » Me demanda-t-il avec son petit air inquiet.

- Oui, j'ai juste mal dormi. Répondis-je de façon assez neutre. »

Je me levai de table après quelques temps. Je n'avais à peine manger, si ce n'est qu'une tartine. Mais la faim m'avait été coupée par les scènes qui s'étaient projetées dans mon esprit lors de mon sommeil.

Je mis ma veste ainsi que mes chaussures puis sortis malgré la pluie. Ceci dit, il pleuvait à peine, de fines gouttes, c'est tout. Le brouillard enveloppait cependant toute la forêt, lui donnant ce petit côté attrayant et en même temps effrayant. J'étais seule désormais à me trimbaler dans la forêt. J'avais une envie forte de rendre visite à mes très chers camarades de classe. Auraient-ils déjà tout oublié ? Possible. Quoi que, je doute fortement qu'ils soient au courant de ce qui est arrivé à deux de leurs amies aux visages maintenant déformés et mutilés. Masky avait raison, on s'y fait avec le temps. Je n'avais plus aucun regret de leur avoir infligé toute cette peine. Ce n'était rien par rapport à ce que j'avais souffert de leur part. Toute cette haine envers ces filles, elle montait. Mais ne vous en faites pas, vous êtes loin d'être les seules victimes. Après tout, ce n'est que le début. Il existe pourtant une chose qui restait dans mon esprit. Comment allait ma mère ? Elle qui n'y était pour rien, qui voulait tout faire pour m'aider... Maintenant elle se retrouvait seule. Elle doit aussi me voir comme un monstre non ? On doit bien me suspecter pour le meurtre de ces deux filles. Ça ne m'étonnerait même pas que la police ait débarquée devant notre porte pour lui faire part de leur suspicion.

Je reviendrai, même s'il faut que je patiente encore pour le moment. Je reviendrai, je vous le promets.

Quand je pense qu'une fois atterri dans l'ombre, on se fait rapidement oublier. Voyez les autres de ma nouvelle famille, personne n'a jamais cherché à les retrouver, à les revoir ni à les chérir à nouveau dans leurs bras. Quels lâches. Ce n'est que le dégoût que je ressentais envers ses personnes. L'envie de vomir en voyant leur visage. A vrai dire qu'ils se disent encore humain. Je n'appelle pas ça « humain », mais égoïste et naïf. Et puis le jour où vous atterrirez sous les griffes de la mort, tout ce que vous saurez faire c'est demander pardon. Mais il sera déjà trop tard. Beaucoup trop tard.

Je poursuivais ma marche, percevant déjà quelques bruits de voiture. Je ne devais être pas loin de la route. Eh bien, ça ne fera pas de mal à mon sens de l'orientation. Je continuai tout en évitant de trop m'approcher de la ville, par précaution. J'aimerai éviter tout problèmes avec les quelques personnes qui circulent là-dehors.

La pluie s'était arrêtée, le brouillard estompé. Les nuages couvraient encore toujours le ciel. Les routes étaient mouillées, je faisais de mon mieux pour ne pas marcher dans une des flaques d'eau qui arrivaient en mon chemin. Je mettais un pied derrière l'autre, serrant ma veste dû au vent frais qui soufflait par là. Plus loin, je pensais entendre comme des sortes de voix. Je me rapprochais par pure curiosité. De toute façon je n'avais rien de mieux à faire sur le coup. Je me fis discrète, tentant d'entendre des débris de conversations avant de reconnaître que ces voix m'avaient l'air étrangement familiales.

Je me faufilai entre les troncs d'arbres, cherchant des visages, quelque chose pour savoir leur identité. Ça y est, j'ai trouvé un bon' angle ! Enfin presque, j'avais réussi à distinguer une moto et effectivement, deux personnes en train de parler de je ne sais quoi.



Mon corps se figea. Mes yeux s'agrandirent.

« Tu as bien fait chéri, elle ne représentait qu'un danger pour toi.

- Rooh allez, ce n'était pas aussi horrible que ça non plus. Au moins Amy en est débarrassée aussi maintenant.

- C'était mon but.

La fille sourit, lâchant un petit rire qui était capable de me donner la nausée avant d'embrasser le garçon qui se trouvait en face d'elle.

- Ce n'étais qu'une petite peste, une saleté. Elle ne méritait pas de sortir avec toi. Tu vaux bien plus... Thibaut...

- Je sais, tu es bien plus belle qu'elle.

Il rit à son tour, attrapant la brune par les hanches pour la tirer vers lui.

- J'espère que cette pute est morte. Je voudrais que la police en finisse, pour qu'on en soit une bonne pour toute débarrassés.

- Sois patiente mon amour, ça ne va pas tarder. Au pire... On s'en occupera, pas vrai ?

- Oui, tu as fait du bon boulot.

Ils se regardaient un long moment, se dévorant du regard avant de coller leurs bouches l'une contre l'autre et de se rouler des pelles.

Je n'en croyais pas mes yeux, ni mes oreilles. Tout ce que je venais d'entendre...

Je reculai, titubant légèrement sans pour autant regarder où je marchais. Je ne voulais pas y croire. Tout est un mensonge... Toute ma vie n'est qu'un mensonge ! Il n'a jamais été mon ami ! Ils n'ont jamais été de mon côté !

Je tournai les talons, les larmes me venant aux yeux, de rage, de tristesse, de peine. Je me mis à courir à vive allure, serrant les poings jusqu'à en avoir mal, contractant mon ventre de douleur, me retenant de crier de toutes mes forces, de les assassiner sur le champ.

Je traçai tout droit en espérant que tout ça ne soit qu'une mauvaise blague, que je n'ai jamais vu Thibaut avec ma pire ennemie, que jamais rien n'ai été réel ! Tête basse, je continu de foncer tout droit. Je vous avais fait confiance ! J'ai cru en vous ! J'ai pensé que vous étiez mes amis ! Mais au final vous n'êtes que des monstres, tout comme les autres. Allez brûler en enfer !

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