Chapitre 17

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J'enfonçai mes ongles le plus profond possible dans la terre. Ma respiration était rapide, moi-même, tremblante. Ma tête bourdonnait, de petites voix criaient à travers mes pensées. Elles me braillaient de petites choses morbides, on aurait pu penser à un lavage de cervelle. Cela dit, ça marchait. Je commençai peu à peu à faire des petits mouvements nerveux de la tête, une sorte de tic. Je me relevai, ne prenant pas soin d'enlever la crasse de mes habits. J'avais une envie irréprochable de faire demi-tour et de rendre visite à mes deux très chers amis de traître. Je m'apprêtai à faire le premier pas alors que je ressenti une main se poser sur mon épaule. Je demeurai statique pendant un long moment.

« Calme-toi. » Fit une voix derrière moi.

Je n'avais même pas besoin de me retourner. Je reconnaîtrais cette voix sans doute de partout.

- Ce ne sont pas tes affaires, Toby. Répondis-je quasi sèchement.

- Peut-être. Mais calme toi avant de faire des conneries.

Des conneries. De quoi il parle lui ? Tout ce qu'il fait c'est tuer ! Tout comme les autres ! Et ensuite c'est soi-disant moi qui fait des conneries ! J'appelle ça du sarcasme mon ami, mais de haut rang en plus du foutage de gueule !

J'émis un grognement pour manifester mon mécontentement, retirant sa main de son épaule d'un geste assez rapide avant de me diriger direction manoir. Je me fiche qu'il soit si ça se trouve resté planté là. Je n'avais absolument plus les nerfs, plus la confiance ! Saloperie de ...Argh. J'agrippais mon léger pull au buste, là où se situait ce fameux organe vital. Oui, j'avais mal. A vrai dire, beaucoup même.

Les feuilles et les branches craquaient sous mes pieds. De petites gouttes de pluie tombaient du ciel. Je m'arrêtais, levant le menton pour laisser quelques perles d'eau dévaler mes joues. Les larmes n'en coulaient pas pour autant. Ce serait lamentable de pleurer dans un cas pareil, surtout parmi ces quelques personnes. En ce qui me concernait, je ne voulais plus. Que ceux qui croient en l'espoir soi maudits. Que l'espoir même soit maudit. Que le monde entier là-dehors soit maudit !

Mes pas s'accéléraient, je courrais jusqu'au manoir à présent, tête basse. Ma tête bourdonnait à nouveau. Mes mains se crispaient, je sprintais avant d'arriver. J'ouvris la porte d'un geste brusque, pénétrant le vieux manoir à pas lourd. Je restais à nouveau sans bouger. Ce n'était même pas étonnant que j'attire de ce fait quelques regards. Surtout celui de Ben. Lui qui d'habitude était collé à sa console. Masky s'était retourné également, il fronça les sourcils, comprenant que mon état était presque critique.

« Elodie...Tout va bien ? » Demanda une petite voix.

Ah tiens, je l'avais oublié elle. Je perçais son regard du miens rempli plein de fureur. Elle n'insistait pas, et tant mieux. Je montai les escaliers, filant dans ma chambre. Je claquais la porte dans mon dos, la fermant à clé. Je faisais ça pour les autres, et non pour moi en ce qui concernait de m'enfermer.

Par la suite, je tombai à genoux. Que c'était ironique. On aurait dit une pauvre petite fille qui abandonnait. Oh que non. J'étais loin d'abandonner. Je voulais juste tout détruire dans mon passage, mais c'est tout. Mais j'avais surtout l'envie pour une fois de mon plein gré... de tuer.

Je pris ma tête entre mes mains, retenant cette sorte de « deuxième personnalité » qui sommeillait en moi. Surtout, retenir sa soif de vengeance. En y repensant, je ne fais qu'un avec elle. J'avais de même cette envie de me venger, de les faire souffrir. Mais nos deux manières étaient bien différentes l'une de l'autre. J'aurais tors de m'y prendre de façon gentille. Spécialement dans leur cas. Cette scène au lycée. Elle trottait bien trop souvent dans mon esprit. Ses coups dans le ventre, je les ressentais encore, quoi que moins douloureux. C'était au cœur qu'on me frappait.

Je tentai de réguler ma respiration, montant sur le lit en agrippant un coussin. Avec un peu de chance, ça aidera. Aussi tordu que ça pourrait paraître, je parvenais à me calmer alors que mon passé défilait à nouveau devant mes yeux. Je me rappelle de cette forêt, de l'hôpital, du miroir, de ces cicatrices que j'ai encore toujours au bras. La suite était floue. Une espèce de brouillard sans sortie.

Je courrais à travers la forêt, rapidement. Il faisait horriblement froid. On devait être en hiver et pourtant je courrais presque en t-shirt. Mes cheveux habituellement coiffés en queue de cheval étaient pour une fois détachés. J'errais à travers le brouillard, la nuit tombait à une vitesse surhumaine, m'enveloppant dans son ombre avant que je ne m'arrête. Je grelottais. Je n'entendais strictement rien. Tout était silencieux autour de moi avant qu'une sorte de lumière rouge n'attire mon intention. Et puis, un crépitement. Je levai la tête, ouvrant grand les yeux en observant la maison de mon ancien meilleur ami brûler. Les cris surgir du nulle part, je réalisai qu'ils provenaient de la maison qui se trouvait en flammes. Des cris tellement malsains qu'on en obtenait la chair de poule. Je me bouchai les oreilles. Je ne voulais plus les entendre. Je ne voulais plus voir ces choses.

Je me réveillais brusquement. Encore un de ces foutus cauchemar. Je me frottai doucement le front, les yeux fermés. Ma migraine avait une nouvelle fois disparue. J'estimai que le sommeil m'avait aidé. Je me levai de mon lit, déverrouillant la porte avant d'en ressortir.

« Alors Elodie. A nouveau en phase de rage ?

- Ferme-la Jeff et occupe-toi de tes oignons, tu veux ?

Je tournai la tête lentement vers lui.

- Tu sais, ce n'est pas en pétant des câbles que ça va aller mieux.

Je serrais légèrement les poings et la mâchoire.

- Dis, tu as vraiment rien d'autre à foutre que d'essayer de me mettre sur les nerfs ?

Il haussa les épaules.

- Faut bien s'occuper quand on s'emmerde.

Sans vraiment comprendre ni comment ni pourquoi, je lâchai un rire avant de m'arrêter brusquement, de tourner les talons et de partir. Il en était lui-même un peu surpris et se tut, il était temps.

Je descendis les escaliers, rejoignant les autres comme si ne rien était. Tous me fixaient d'un petit air curieux ou inquiet. Je décidai au final de m'asseoir à côté de Ben qui jouait devant sa console. Il ne mit pas longtemps à se rendre compte de ma présence, mes yeux rivés sur l'écran qui affichait une partie de Majora's Mask. Je ne bougeai plus. On aurait dit une statue à présent. Mon regard ne bougeait pas non plus, il était vide d'émotions. Je n'étais plus qu'une âme errante qui ne joue plus aucun rôle important sur Terre.

« Elodie ... ? » Percevais-je à côté de mon oreille.

Je ne répondis pas, ce qui le mis visiblement mal-à-l'aise.

A présent, c'est foutu. Je sentais que tout changeait en moi. Mes blessures cicatrisaient, mais elles ne redeviendront jamais à leur état initial, tout comme ma santé mentale. J'ouvris la bouche, répondant après cinq minutes de silence.




« Je vais bien. »


Pas l'un de mes meilleurs chapitres, mais j'aurais essayé. Bref ! 

Je vois déjà que certains s'attendent à une boucherie, ne vous en faites pas, ça ne va pas tarder ;) je prévois un petit quelque chose depuis longtemps en ce qui concerne deux personnes spécifiquement :D 
Vive la folie ~

Un monde de creepypastasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant