TROIS | LA PROPOSITION

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NYCTALOPES
CHAPITRE TROIS

Au début, je ne comprends pas trop

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Au début, je ne comprends pas trop. Ena doit le voir sur mon visage, et clairement, elle s'attendait à ce que je fasse preuve d'incompréhension. Elle se redresse, et s'enfonce dans son siège. Ce qu'elle s'apprête à m'expliquer semble... différent.

S'il ne s'agissait que d'une chasse un peu plus longue que les autres, je sais qu'elle ne se serait jamais donné la peine de me demander de venir parler avec elle. Cette chasse n'est pas une chasse ordinaire, au moins, ceci est clair. Elle ouvre la bouche et aucun son n'en sort. Enfin, elle décide de se lancer, et me prévient :

— J'ai un très gros service à te demander Jordan, mais tu ne peux le répéter à personne, tu comprends, ça ?

Ses mots commencent à m'effrayer. Un secret ? Mais on s'en fiche, des secrets, dans cette terre en pleine apocalypse ! Ils ne veulent plus rien dire, et puis qu'est ce qu'il y a à cacher de toute manière ? Le monde a déjà été mis à nu ; on nous a montré toutes ses horreurs, et s'il y a bien quelque chose qui est devenu inutile, c'est les secrets. Je regarde Ena, et je sais qu'au fond de moi, je serai tout à fait incapable de cacher quelque chose aux garçons. Elle doit aussi le soupçonner, car elle sait à quel point nous sommes proches.

Pourtant, si elle me confie tout cela, c'est qu'elle a dû évaluer le pour et le contre, et doit être sûre de son coup. Je regarde mes mains pendant quelques secondes, et enfin, je relève la tête pour simplement la hocher. Ena fait de même, et reprend :

— Bien. Il y a peu de temps, l'un de nos groupes de courageux sont revenus d'un voyage de plusieurs jours, et sont parvenus à récupérer des informations plus déstabilisantes qu'autre chose.

J'attends impatiemment qu'elle me dise enfin ce qu'il se passe, et lorsqu'elle se frotte les paumes entre elles, je me demande sérieusement quelle sorte de chose peut la rendre aussi nerveuse. Je comprends qu'elle ne me précisera ni comment, ni qui a réussi à obtenir ces informations dites bouleversantes, et je me mets en tête de ne pas réclamer les détails. Finalement, Ena reprend, et semble presque inquiète.

— Il est dit qu'à Paris, un laboratoire a réussi à mettre au point un antidote.

Je me fige. J'essaie de procéder logiquement dans ma tête, j'inspire plusieurs fois, mais malgré tout, j'ai horriblement besoin d'écouter une nouvelle fois Ena dire ses paroles pour être sûre que je n'ai rien halluciné.

Je reste trop étonnée pour demander quoi que ce soit, et lorsque la dirigeante remarque mon air complètement ridicule, elle hoche la tête. Dans un silence complet, je me force à réfléchir sur ce qu'elle vient d'annoncer, en décortiquant chaque élément.

Un antidote.

Quelque chose qui pourrait guérir les êtres humains de cette pandémie. La ligne d'arrivée d'un marathon épuisant, où l'humanité aura prouvé une nouvelle fois qu'elle peut vaincre tout. Le mot « FIN » écrit de toutes lettres inscrit à la fin de ce cauchemar sans nom, qui fait tant de victimes, qu'elles soient mortes ou encore vivantes. Une vie normale pour peut-être chacun de nous. Trop d'espoir dans un seul mot.

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