Nyctalope [n.m.] qui a la capacité de voir mieux dans la pénombre que dans la lumière.
Dans un monde peuplé d'êtres cannibales et dangereux, trois adolescents vont se lancer dans le plus périlleux des voyages. Ensembles, ils feront tout pour rest...
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Un soupir arrache mes lèvres. Un gémissement perce le silence de la nuit, et des bruits de deux corps l'un contre l'autre, qui se débâtent. Des plaintes étouffées me font émerger de mon sommeil, et des syllabes soufflées me supplient d'ouvrir mes yeux.
Quand mes esprits me reviennent, et que j'arrive enfin à lever mes paupières, je me crois encore en train de rêver. Je suis prise d'un mouvement de recul, effrayée par ce qu'il se passe devant moi. David est à peine levé, comme moi, et il lui faut du temps pour comprendre ce qu'il est en train d'arriver. Nick en revanche, ne pourrait pas être plus éveillé que ce qu'il est maintenant. Camille est debout, sa poigne grossière rattachée autour de sa chevelure. De son autre main, elle empoigne une lame. Un couteau qui lui a permis de défaire ses liens. Nick a dû se réveiller au mauvais moment, et le voilà avec une arme bien aiguisée à la gorge. Plus il se débat, plus elle appuie, et bientôt, je perçois le filet de sang qui perle sur le métal que tient Camille.
— Chienne, je parviens à lâcher, en faisant un pas en avant.
— Chhh... me souffle-t-elle, le sourire aux lèvres, en menaçant un peu plus Nick.
Il est mort de peur. Impuissant, il nous implore de le sortir de cette emprise. Elle le tient fermement, prête à l'égorger d'un seul geste. Les cordes qui lui recouvraient les bras ont laissé de vilaines marques sur sa peau, et je m'en félicite. Si elle ne meurt pas ce soir, elle aura de quoi se souvenir de nous.
— Vous me laisser partir. Vous me refilez vos armes. C'est tout, tonne-t-elle d'une grande voix, et les yeux poings de David se serrent.
— Lâche Nick ! j'annonce comme une évidence, et son visage se referme aussitôt.
— Vous n'arriverez jamais à Paris ! Jamais ! Vous vous ferez bouffer comme trois bouts de viande ! commence-t-elle à hurler, entrant dans un délire pas possible.
— Lâche-le ! je tâte ma hanche, et remarque qu'elle m'a privé de ma dague.
Ma carabine est allongée derrière elle, et je n'ai même pas le temps de trouver du regard celle de David. Elle se remet à gueuler comme une dingue.
Pendant la brève seconde où ses cris emplissent l'atmosphère, David se jette en avant, comme une ombre. Il agrippe son fusil, et au moment que Camille croise ses yeux où brûle la rage, il presse la détente sans une once d'hésitation. Un coup de tonnerre résonne, et un éclat éclaire la nuit. Une lumière fleurit de son canon, comme un feu d'artifice, et nous n'apercevons pas la balle qui décolle comme une fusée. Seul le cri d'agonie de Camille nous annonce qu'elle s'est niché dans sa jambe, et Nick se dégage de sa poigne. Il tombe à la renverse, une main sur son cou. Je me précipite vers lui, l'empoignant à travers la pénombre. Mes mains rencontrent ses épaules, sa tête balance lentement.
