SEPT | LE DESSIN

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NYCTALOPES
CHAPITRE SEPT

Il y a un bruit, juste dehors

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Il y a un bruit, juste dehors. On tape à la vitre de la voiture, et mon cœur ne fait qu'un bond. Dans un excès de peur, je me redresse, et mes doigts se crispent sur le manche de ma carabine. Le souffle coupé, les yeux écarquillés d'horreur, j'épie toutes les formes autour de moi, avant de reconnaître la voiture dans laquelle on a passé la nuit.

Ma tête sonne, et j'ai l'impression d'être encore en plein rêve, alors que les secondes qui défilent s'effacent une à une de ma mémoire. Il n'y a rien, dehors. Pas de parasité, pas de menace. Juste la grande autoroute abandonnée, et ses milliers de carcasses métalliques.

— Jordan, ta gueule, il s'passe rien.

La voix provient sur le siège avant, et je me rends compte à quel point je suis bruyante. J'ai gémit en me redressant, et je respire comme une folle. Il n'y a pas de doute que je n'ai eu aucun mal à réveiller David, qui est inconfortablement allongé sur les deux fauteuils sous le volant. Il bouge sur lui-même, et en gardant les yeux fermés, se retourne, pour tenter de retrouver à nouveau un peu de sommeil. Soulagée, je passe quelques secondes à le regarder s'endormir. Je ne sais pas comment il fait pour passer des nuits si paisibles, sans le passé qui revient sans cesse le hanter.

Sous ses souffles lents, sa poitrine s'élève doucement, et par moment, ses paupières frissonnent. Une masse de cheveux bruns lui retombe sur le visage, et il semble reposer dans la plus grande des sérénités. Je souris en le voyant ainsi. Je me penche un peu plus, pour mieux l'observer, comme si le regarder pourrait devenir mon passe-temps et remplir mes journées. Pendant un court moment, un soupir secoue ma poitrine, et je me ressaisie, en me disant que c'est n'importe quoi. Je ne peux pas me laisser glisser comme ça, ça ne m'apporterait que plus de problèmes. Comme si il n'y en avait pas déjà assez.

Je caresse le manche de mon arme, avant de remarquer que Nick n'est pas là. Une panique m'étreint, et je songe tout de suite à réveiller David, pour lui faire part de la situation. Alors que je m'élance, mon regard balaye le sac de celui qui manque à l'appel, et je m'arrête quand je vois que celui-ci est grand ouvert, et qu'il manque quelques bricoles, dont son cahier et ses crayons. Je glousse devant mon inquiétude qui n'a servi à rien, et je sais alors qu'il est parti dessiner je-ne-sais-où.

Je baille et m'étire, en faisant le moins de bruit possible pour ne pas réveiller à nouveau David. Contrairement à lui, Nick a tellement de mal à s'endormir, et je ne serais pas surprise de savoir qu'il n'a pas fermé l'œil de la nuit. Est-ce qu'il fait des rêves, des cauchemars sur son passé, quand il trouve enfin le sommeil ? Où est-ce qu'il vit constamment dans la crainte de se faire bouffer, que ce soit à Athéna ou en dehors de ses murs ? D'une main encore molle et fatiguée, je tire sur le verrouilleur, et attrape la poignée du véhicule. La porte s'ouvre avec un petit son, et je glisse mes jambes à l'extérieur, pour poser mes pieds habillés de chaussettes sur le goudron. Je m'étais débarrassée de mes godasses la veille, et l'idée m'étais venue de me dégourdir les orteils, au lieu de les refourrer immédiatement dans une paire de chaussures.

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