SIX | LE PREMIER RÊVE

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NYCTALOPES
CHAPITRE SIX

— J'vais tomber, j'vais tomber ! hurlai-je en pouffant

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— J'vais tomber, j'vais tomber ! hurlai-je en pouffant.

Ses bras se resserrèrent autour des miens, pour pas que je ne rencontre le sol. J'avais mes pieds à plat sur son skateboard, les jambes tendues, les mains ouvertes, comme si avoir les doigts écartés pouvaient m'aider à rester en équilibre sur la planche à roulette. Il avait insisté pour que j'essaye à tout pris sa planche à roulettes, et peu importe le nombre de fois où je lui avais dit que je ne risquais pas de me blesser moi, mais de le blesser lui avec ma maladresse, il n'avait voulu rien entendre.

Écarte les pieds, tu peux pas tenir si t'es droite comme un poteau !

Son conseil m'arracha un autre éclat de rire, et je m'appliquai pour parvenir à ce qu'il me demandait de faire. Le trottoir était assez large pour moi et mes chutes, et comme l'horloge sonnait une heure tardive, les passants ne se faisaient pas nombreux. Je poussai un hoquet de stupeur lorsque je sentis la planche s'en aller trop loin sous mes pieds, et mes jambes furent propulsées en l'air. Le skateboard parcouru quelques mètres, et s'écrasa bruyamment dans un mur. Je me retrouvais le cul par terre, les mains sur le ciment, le souffle coupé.

T'avais dit que tu me rattraperais si je tombais !

Je l'entendais rire derrière moi, et ses exclamations me firent pousser un « Stephen ! » de ma voix d'enfant. Je me relevai toute seule, et une main vint m'aider à me redresser.

Sans attendre, je me jetai dans ses bras, et il souffla, surpris de ma réaction. Il sourit, et scella ses lèvres sur les miennes.

J'ai une idée, m'annonça-t-il, monte sur mes épaules.

Sans attendre, il s'abaissa, et toute heureuse, je couru chercher sa planche à roulette, et alors que je la tenais bien entre mes mains, je passai doucement mes jambes par-dessus ses épaules, et me retrouvais avec sa tête au niveau de mon ventre. Quand il se releva, je gloussai, et il se mit à marcher naturellement, avec moi sur ses épaules. Je lui avais remis sa planche qu'il tenait de ses deux mains, et pour ne pas tomber, j'avais les mains dans sa chevelure, et mes bottes derrière son dos.

C'est quoi ton idée ?

— On va voir la mer.

On va voir que dalle, il est 2 heures du matin.

— On va sentir la mer, alors.

Je ne rajoutai rien, et relevais la tête, sur les rues vides de ma ville. Dans le sud de la France, nous habitions dans un petit village éloigné des grands centres urbains, et la forêt recouvrait presque tout. Les bâtiments de la ville étaient tous vieux, mais le goudron était neuf, et lisse sous nos semelles. Alors qu'il me portait à travers les avenues de pierre, je ne pouvais m'empêcher de penser au jour où je l'avais croisé pour la première fois. J'ai rencontré Stephen à la plage, alors que je cherchais une pièce de monnaie qui était tombée de mes mains. Au début, je pensais que c'était un autre de ces surfeurs qui peuplent les étendues de sable humide, mais je compris vite que ce n'était pas le cas, quand il s'est pointé en pull et chaussures fermées, les semelles souillées de sel. La vérité, c'est que Stephen était un gars qui préférait la ville à la nature. C'était un urbain, et même si le surf ne le tentait absolument pas, le skate, en revanche, était son moyen de transport. Il n'était pas un de ses grands skateur qui font des figures partout et sur tout : tout ce dont il avait besoin d'apprendre lui, c'est comment tenir en équilibre dessus. Juste le nécessaire.

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