DIX-HUIT | L'ACCIDENT

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NYCTALOPES
CHAPITRE 18

Je crois que j'ai crié

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Je crois que j'ai crié. Ma gorge me fait mal, et mon ventre se crispe, soudainement. Mes yeux s'ouvrent en grand, et j'émerge comme une balle de revolver, secouée par mon dernier cauchemar.

— Merde, Jordan, tu vas bien ?

C'est David. J'ouvre la bouche, les yeux exorbités, en me tournant vers lui.

Les secondes passent, et je m'accroche à son visage, pour me tirer en dehors du sommeil qui hante toujours le fond de mon âme. Il a posé sa main sur mon épaule, je sens ses doigts. Mon pull les sépare de ma peau nue, et pendant un mince instant, je regrette d'avoir un vêtement sur le dos. Nick apparaît, un air inquiet sur le visage.

— Je vais bien. Je suis désolée. Je vais bien.

Je me rends compte qu'on est toujours en voiture, et qu'il fait grand ciel bleu. Je fronce les sourcils, en voyant que les deux garçons sont réveillés depuis un moment.

J'ai l'impression qu'on m'explose le crane à coups de marteau. J'essaie d'esquisser un sourire, avant que les images de leurs dents contre une chair encore vivante me reviennent. Je grimace, et ravale mes larmes. Je tente de mettre mon esprit sur autre chose, pour effacer le plus vite possible le souvenir de la mort qui me ronge les cellules.

—T'as dormis, David ?

Je ne prends même pas la peine de le regarder. Je sais déjà qu'il porte un visage creusé par la fatigue, les yeux en train de sombrer au fond de leurs orbites. Il ressert et dessert sa poigne autour du volant, pour ne pas tomber en plein sommeil. Il ricane. Il sait que je connais déjà la réponse à la question que je pose, et pourtant, il me répond :

— Non. Nick a à peine dormis deux heures. On a parlé, pour passer le temps.

Je me retourne vers Nick, qui affiche un grand sourire, et je le lui rends. Lorsque je me retourne vers le monde qui m'entoure, je réalise enfin qu'on a du faire un putain de long chemin. Le paysage est complètement différent que celui de la veille, et les routes sont plus larges. Il y a aussi plus de véhicules égorgés sur le goudron, mais David semble les éviter avec facilité. Au loin, j'aperçois les premiers immeubles.

Nick me dit qu'on est en « Île-de-France ». Je frémis, à la fois excitée et effrayée. Les bouffes-merdes semblent de plus en plus nombreux dans les parages, comme si ils nous accueillaient dans la capitale. Ils vagabondent comme des ombres, et lorsqu'ils voient notre voiture passer en vrombissant, ils n'ont que le temps de tourner la tête. Par moment, un ou deux nous prennent en chasse. Ça ne dure pas très longtemps.

J'aperçois des immeubles sortir de terre, pas très loin de la route. On approche de la ville, et à vrai dire, je n'ai aucune idée de comment on va pouvoir trouver atteindre le laboratoire. Je ressors la carte, sous le regard préoccupé de Nick. Il est debout, le menton appuyé sur ses avant-bras, pour mieux voir le trajet qui est indiqué sur le plan.

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