Si t'étais normal

Chapitre 54- Recalé

Média: N.E.M.- Las Aves

J'aime bien ce morceau, les paroles n'ont pas de rapport avec le chapitre, je l'ai juste mis parce que je l'écoutais quand j'ai écrit ce chapitre (en boucle d'ailleurs mdrr j'écris pas en 3:20)

~Noa~

Cette soirée me donnait mal à la tête. Je faisais de mon mieux pour éviter de parler à qui que ce soit, mais Pierre venait souvent me coller et me faire la discussion, comme si tout allait bien et que nous ne nous étions jamais perdus de vue. Je ne le trouvais pas naturel et cela me faisait mal de l'avouer.

Kev était toujours accaparé par ses amis, qui me semblaient être John Eledjam et Majid Berhila; il était donc impossible de lui parler, et cela m'était devenu primordial de m'expliquer.

Moi, qui avant d'aller à la soirée, souhaitais plus que tout l'éviter. Mais l'avoir revu, tout à l'heure, avec ses bouclettes et ses beaux yeux, cela m'avait détruite, renversée.

Il était évident que je l'aimais.

Evidemment j'avais tout gâché. Qu'est-ce qui n'allait pas chez moi?

Je me reposais une énième fois cette question. La cerise sur le gâteau était Noam. J'étais vraiment mal à l'aise lorsqu'il m'avait enlacée sans gêne aucune. Lui aussi je lui avais fait du mal. Plus ou moins.

En fait si j'y réfléchissais, il agissait de la même manière que Pierre. Comme s'ils faisaient une croix sur le passé.

Il était vrai qu'en général les garçons étaient moins rancuniers ou compliqués que les filles, mais tout de même...

Je fus tirée de mes songes par une main sur mon épaule. Je me retournai; c'était Noam.

J'eus un mouvement de recul involontaire, mais celui-ci ne sembla pas s'en apercevoir et me sourit. Il se pencha légèrement vers moi pour que je puisse percevoir ses paroles à travers la forte musique que le DJ, resté aux platines, diffusait.

— Viens avec moi, j'aimerai te parler. En privé.

Croisant mon regard indécis et mes sourcils froncés, il rajouta un ferme "s'il-te-plaît" qui me fit flancher.

Je le suivis à travers la foule de danseurs éméchés et transpirants, jetant des regards autour de moi, à la recherche de Kev. Je ne voulais pas qu'il s'imagine des choses s'il nous voyait tous les deux à l'écart.

Et je n'avais pas confiance en Noam.

Je ris intérieurement. Je n'avais confiance en personne.

Je détestais ma mère, cette lâche.

Je n'avais plus de père. Qu'il pourrisse bien en Enfer.

Je n'ai jamais fait confiance à mon petit-ami Jordan Dombrel.

Je n'avais pas d'amis, hormis Muriel qui habitait loin et qui ne venait jamais sur Paris. Et même elle je ne lui faisais pas confiance.

Mais j'avais Kev.

— A quoi tu penses Noa? résonna la voix de Noam, plus claire maintenant que nous nous trouvions isolés dans... une chambre? Sérieusement? C'était une pièce ambiguë.

— Qu'est-ce qu'on fait là Noam?

Il me fit signe de m'installer sur le canapé présent.

Un canapé dans une chambre, c'est plutôt spécial, mais pourquoi pas, chacun son délire.

— Tu trouves pas ça normal qu'on discute? Ça fait pas, genre cinq ans qu'on s'est quitté? insista le frisé.

Avec l'âge, Noam avait acquis beaucoup des traits et mimiques de son frère aîné, et cela me perturbait.
Quand je parlais à Noam, je voyais Kev.
Et j'avais horreur de ça, cela me mettait mal à l'aise.

Je me trémoussai sur mon séant avant d'acquiescer, prête à l'écouter.

— Alors tu deviens quoi, raconte ?

Bon j'allais devoir raconter ma vie, pour la énième fois de la soirée.

— Je suis journaliste. J'ai interviewé ton frère la semaine dernière, et il m'a reconnue. Pas grand chose à dire. J'ai su que tu étais DJ, c'est super.

— Journaliste, vraiment ? Quel journal ?

— Je ne peux pas le dire, déclarai-je, tout simplement parce que je ne voulais pas qu'il lui vienne à l'idée de venir me rendre visite à la rédaction.

— Pourquoi? s'esclaffa-t-il en s'affalant sur le canapé.

— C'est comme ça, m'en demande pas plus.

J'avalai ma salive, une vague sensation de mal-être envahissant chaque pore de ma peau. Noam me fixait. Je n'aimais pas son regard.

Tout à coup il se rapprocha de moi, je pouvais sentir son souffle sur mon nez.

— Venons droit au but, j'en peux plus là.

Et il posa ses lèvres sur les miennes.

Je le repoussai, rouge de colère et de confusion. Je croyais qu'il avait une copine?!

— Qu'est-ce que tu fiches Noam?! Tu as une petite-amie!

— Je peux la plaquer rien que pour tes beaux yeux, sourit le DJ en caressant ma joue.

— Ne me touche pas! criai-je, ulcérée. Tu penses vraiment que je m'intéresse à toi? Je ne suis pas une fille facile, tu as une copine, et je... J'aime quelqu'un d'autre, et ça depuis des années.

Le jeune homme baissa la tête, un sourire teinté de tristesse sur le visage.

— Je peux t'apprendre à m'aimer. Tu oublieras ce mec vite fait. Tu me dois bien ça, me laisser une seconde chance?! Après la manière dont on s'est quitté – ou plutôt la manière dont tu as fuis–, tu peux me laisser un espoir?

Je soupirai, passant une main dans mes cheveux.

— Je peux te laisser une seconde chance. Mais ce n'est p...

Et ce parfait imbécile ne me laissa pas terminer ma phrase et se jeta à nouveau sur ma bouche tel un vautour sur sa proie, promenant sa main dans mes boucles folles.

Je me détachai, couinant légèrement, sûrement échevelée.

— Je L'aime Noam.

Un bruit de porte se fit entendre, mais je n'y prenais pas garde et me levai du canapé, le regard sûr, déterminé, plongé dans celui perdu de Noam.

— J'aime Kev.

Updaaaaate! Bisous bisous