Chapitre 49- Déclaration

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"— Je pense en effet que j'ai été bon."

Ok, on se calme, Kev est là.

Théo pivota sur lui-même, les sourcils levés, avant de rire franchement et de saluer Kev, lui disant à quel point il était heureux de le rencontrer et blablabla.

Je fixai le frisé, qui me jetait de fugaces coups d'œil alors que mon rédacteur lui faisait la causette.

— Vous devez en avoir marre des ragots sur vous M. Adams, dans notre rédaction nous nous engageons à ne révéler que ce que vous daignez nécessaire, je vous le garantis! Je ne vous présente pas Mademoiselle Landski, hrrrm Blanchais?

Il est vrai que je préférais qu'on m'appelle par mon nom de substitution.

— Eh bien non, c'est une vieille et très bonne amie, sourit Kev en me regardant droit dans les yeux.

Boum boum, boum boum, fit mon organe vital contre ma poitrine.

— Je vais vous laisser vous entretenir alors, fit mon patron en réajustant ses lunettes. Mais Noa, remettez-vous vite au travail! Je compte sur vous! me vouvoya-t-il.

— Oui chef! minaudai-je.

Théo ferma la porte de mon bureau derrière Kev, qui n'avait pas bougé d'un centimètre, absorbé dans la contemplation de mon bureau.

— Belle pièce, murmura-t-il.

— N'est-ce pas? répliquai-je, rassemblant des feuilles en un tas soigné, fermant mon stylo rouge. Alors qu'est-ce que tu veux Kev? Théo te l'a dit, je n'ai pas beaucoup de temps.

Adoptant une attitude d'élève dans un bureau de CPE, Kev s'assit, triturant une de ses boucles brunes.

— Il faut vraiment qu'on parle d'hier soir, soupira-t-il en osant lever les yeux vers moi, l'espace d'un instant.

— Il n'y a rien à dire.

— Oh que si, gloussa Kev, tes derniers mots ne sont pas passés dans l'oreille d'un sourd, crois-moi!

Je ne réagis pas, me mordant la lèvre, les doigts croisés sur mon bureau dégagé de paperasses au centre.

— Hmm, et ce n'est pas réciproque, je me suis faite baisée tout simplement, et alors? lâchai-je vulgairement, faisant froncer les sourcils de Kev.

Celui-ci se pencha vers mon bureau, l'air menaçant avec ses sourcils froncés, et il me dit d'un ton froid:

— Qui t'a dit que ça ne l'était pas?

Ces huit mots me glacèrent en même temps qu'ils provoquèrent une vague de chaleur dans mon corps.

Contradictoire je sais.

— Qu'est-ce que... commençai-je.

— Laisse-moi parler, me stoppa-t-il. Tu m'as planté là comme un con, seul dans mon appartement vide, en me prêtant des intentions que je n'ai pas. Je ne baise pas, je fais l'amour. Et uniquement avec les personnes en qui j'ai un minimum de respect et de sentiments.

Je ne dis rien, la respiration coupée. Il continua.

— Je pensais vraiment que tu avais compris avec ce que je t'ai dit le matin même. Tu as toujours eu une place dans ma tête Noa, et même si tu étais trop petite, trop jeune à cette époque-là, il m'a fallut un instant en te revoyant, si jolie, pour comprendre que j'étais amoureux de toi. Et je l'ai toujours été, mais je n'en étais moi-même pas au courant.

Ok, pincez-moi je rêve. C'est ce que je fis d'ailleurs, je me pinçai. Kev me regarda d'un drôle d'air.

Je regardai en l'air ou sur les coins s'il n'y avait pas de caméra cachée.

— Euh... Je peux savoir ce que tu fais? demanda Kev en suivant mes mouvements des yeux.

— Je me demande où sont les caméras cachées.

— Ah.

Il y eut un flottement, et tout à coup Kev comprit et ouvrit les yeux tout grand, se levant de sa chaise.

— Attends, me dis pas que tu penses que ce que je viens de faire était une blague?!

— Non, en fait je crois que je rêve. Ou alors il y avait un truc dans mon café. Ou alors... C'est vrai et je suis complètement idiote?

— C'est ça, tu es stupide, sourit Kev.

L'ampleur de ses mots précédents me saisit, me remplissant d'un sentiment de bonheur.

Il y a quelques jours je retrouvais Kev, et aujourd'hui je me rendais compte que mes sentiments étaient réciproques. Je nage en plein bonheur.

Un stupide sourire naquit sur mes lèvres, et je secouai la tête.

Kev sourit également, lâcha un rire et vint contourner le bureau. Il me prit dans ses bras si réconfortants et m'enlaça tendrement.

— Je suis amoureux.

— Moi aussi.

— C'est bien. Heureusement que je sais que c'est de moi! plaisanta Kev.

C'est quoi ce bordel?! hurla une voix, surgie de nulle part.

Je m'écartai brusquement de Kev, reconnaissant cette voix, venant de la porte de mon bureau, maintenant ouverte sur un personnage en colère.

Oh non. Pas lui.

Jordan.

Si t'étais normalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant