Si t'étais normal

Chapitre 25- Et la vie reprit son cours...

Quelques jours plus tard...

Ça y est, j'ai repris le lycée. Il est plutôt loin de l'appartement de Kev mais je tenais à y rester. David se proposait de m'y emmener vu que Kev commence sa journée ou plus tôt ou plus tard, mais j'étais décidée à prendre le bus.

Kev avait essayé d'être le plus présent possible, mais il était clairement débordé et demandé de partout, alors j'avais dû passer les jours derniers chez Nathalie, sa maman.

Elle ne s'occupait pas de moi, elle m'accueillait tout simplement en disant de faire comme chez moi. Lirone venait me dire bonjour et repartait quelques minutes après dans sa chambre. Il n'y avait que Noam pour rester avec moi. Il me proposait de faire des balades. Il était plutôt gentil finalement. Plus j'en apprenais sur lui, plus je l'appréciais. Et j'en apprenais tous les jours...

Il me confiait même des choses sur sa maman. Comme quoi elle aurait voulu une fille. Il me disait qu'il lui faudrait du temps pour me connaître, et qu'après elle me considèrerait comme de leur famille. Il me racontait des petites anecdotes sur Kev, mais des légères, pas des gros dossiers, il y avait des limites...

Ma tête ne me faisait plus vraiment souffrir. Je n'avais plus de vertiges, ni rien. C'est pour cela que je reprenais le lycée aujourd'hui, j'avais assez loupé de cours comme ça. Noam m'avait lui aussi proposé de m'accompagner, mais payer un trajet de bus pour rien n'était pas la solution. J'allais donc me retrouver seule avec mes problèmes. Les gens allaient me poser des questions, après tout Kev Adams était venu au lycée pour demander des trucs sur moi. Je soupirai, la main serrée dans ma poche de veste.
J'avais tenu au courant Jeanne et Muriel et leur avait tout expliqué de ma situation. Muriel ne m'avait pas crue, j'en avais parlé à Kev, qui était aussitôt venu la skyper pour lui fournir la preuve. Super amie.

Jeanne, elle, de retour à Paris depuis peu, avait pleuré de soulagement et de joie. C'était vraiment la seule personne qui tenait vraiment à moi dans ce monde de brutes.

Pierre ne me donnait pas souvent signe de vie. En même temps c'est un mec hein, et sauvage en plus.

On est sorti quatre mois ensemble. Pour certains c'est pas beaucoup, mais pour moi c'est énorme!
Nous nous sentions plus "amis intimes" qu'amoureux.
Bon il y avait quelques sextos, ok à quinze ans je sais c'est tôt, mais ce n'était rien de méchant.
Nous avons rompu un soir d'été, d'un commun accord, et en fait rien a changé, nous sommes toujours aussi proches, sans les bisous et les caresses. Et avec la distance.

~•~•~•~•~

Je suis devant le lycée, j'attends Jeanne. J'espère qu'elle ne va pas parler de Kev à tout le monde, je n'ai pas envie qu'on m'embête et qu'on l'embête lui du coup.

Certains lycéens me regardent, se murmurent des trucs à l'oreille et repartent lorsqu'ils s'aperçoivent que je les vois. Ça commence bien...

— Jolie coupe! fit une voix derrière moi.

Je me retournai. Oh pas lui. Jordan Dombrel. Un mec juste impossible. Beau gosse, et qui aime les filles qui lui résistent. Genre moi, par exemple. Je suis sa "crush" du moment.

— Merci, répondis-je, sans le regarder.

— Ça fait un bail que t'es pas venue au lycée. Tu séchais?

— Pas vraiment. Mais est-ce que ça te regarde franchement? rétorquai-je en le regardant droit dans les yeux.

Il me sourit, s'approcha de mon oreille, me faisant tressaillir et me dit:

— Oui ça me regarde, parce que ça concerne ma future copine...

Et là je lui mis une claque bien sonore, et lui tournai le dos en m'éloignant.

Je l'entendis rire en plus! Ce pauvre type riait parce que je l'avais frappé!

Je finis par apercevoir Jeanne, en pleine discussion avec Laureline, une fille vulgaire au QI inférieur à la moyenne. Mais qu'est-ce qu'elle faisait avec?!

Elle finit par m'apercevoir elle aussi, s'excusa auprès de l'autre pouffiasse et vint me rejoindre en souriant.

— Noa! Ta coupe de cheveux est à tomber ! Tu es irrésistible!

— C'est tout ce que t'as à me dire sale moineau? lui lançai-je, souriante, en la prenant dans mes bras.

— Ah mais Laureline je lui demandais un truc pour les cours t'inquiète!

— Mais j'm'en fout de Laureline! Enfin non mais bon, j'ai quand même eu plus qu'une nouvelle coupe quoi!

— Oui c'est vrai, excuse ma superficialité! Viens on va parler au calme, les cours commencent dans dix minutes.

Elle est pas possible ma Jeanne, avec sa cervelle d'oiseau. C'est pour ça que je l'appelle "moineau", ça lui va tellement bien...

Elle ne cessa de me questionner sur mon état d'esprit concernant la mort de mon père, et la mise au repos forcée de ma mère, la vie avec Kev Adams et sa famille...

~•~•~•~•~

La sonnerie de début de cours retentit, Jeanne se leva pour aller en cours de biologie, tandis que moi j'avais maths.

Je ne sais pas pourquoi, mais durant toute l'heure, j'eus l'impression d'être observée. Par les élèves, mais aussi par le prof.

Je me fis la plus petite possible, me remettant dans le bain des inéquations et des autres foutaises mathématiques qui ne servaient pas à grand chose.
J'étais plutôt douée en maths, et le prof le savait, il ne venait donc pas me déranger pour m'interroger, ce qui m'arrangeait.

L'heure passa très vite, j'avais pensé à Kev, qui tournait pour son dernier jour au moment-même où moi j'étudiais.
D'ailleurs je n'avais pas eu de remarque à ce propos; après tout Kev Adams était venu dans l'établissement en mon nom et personne ne m'en parlait? Était-ce à cause de ça que tout le monde me dévisageait craintivement?

Je mis mes pensées dans un coin de ma tête pour me concentrer en vue du prochain cours, quand mon prof m'interpella:

— Landski?

— ... C'est Blanchais maintenant Monsieur.

— J'ai appris pour votre père et votre mère, je suis navré.

— Merci. Ça sera tout?

— Eh bien... Vous semblez ne pas en être si affectée si je peux me permettre.

Mêle-toi de tes fesses, connard.

— Je vous demande pardon? Mon père est mort, ma mère est en maison de repos, je n'ai plus de famille et je n'ai pas l'air affecté? Ah mais peut-être que vous faites allusion à mon tuteur, Monsieur le Directeur n'aura pas tenu sa langue bien longtemps! Maintenant si vous voulez bien m'excuser, j'ai cours de français. Au revoir Monsieur.

— Ne me faites pas croire que vous n'y êtes pour rien dans cette histoire Landski! Vous n'aimiez pas vos parents!

Je fermai les poings, sentis les larmes perler à mes yeux, me retournai.

— Je ne pensais pas que mon professeur de mathématiques était aussi petit que cela... Insinuez aussi que j'ai fait exprès de tomber sur un tuteur ultra connu et ultra riche! Allez-y! Je ne suis plus à ça près!

Et je quittai la salle en pleurant silencieusement, remplie de rage et de désarroi.