Chapitre 38- Coup de fil

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-Kev, c'est Noa.  Je sais que tu bosses mais dès que tu as ce message, rappelle-moi. Pour ce qu'il s'est passé exactement hier je te raconterai plus en détails une autre fois. Mais j'aimerai savoir pour le coup de téléphone dont tu étais sensé me parler. Bonjour à Tonton Gad. Bisous.

Je soupirai bruyamment en raccrochant après avoir laissé mon message.
Il était seulement 7h43 du matin, j'avais passé une sale nuit.
Nathalie n'avait pas exigé d'explication immédiate, en raison de l'heure et de mon état, mais je ne payais rien pour attendre.
Allez savoir ce que Noam aurait pu raconter.
Je me lève difficilement, la tête me tourne, je manque m'écrouler dans un petit cri.
Le sang battit fort à mes tempes.
C'était ça de s'être bouffé le bitume et les coups de son père. Tout ça amplifié par dix avec les conséquences des quelques verres d'alcool ingérés hier soir.
T'es une gourdasse Noa.
Mais ferme ta gueule toi.
Depuis quelques temps une voix s'infiltre dans ma tête, je me demande si je ne deviens pas folle.
Je me relève, me frotte les yeux, puis vais piocher mes vêtements dans mon sac de voyage à côté du lit.
Je prends un t-shirt basique noir et un slim de la même couleur, accompagné d'un pull blanc cassé uni.
Sobre et banal, presque déprimant, à mon image.
Je ne sais pas si j'aurais la force d'ouvrir ne serait-ce qu'un bouquin de révision aujourd'hui. Le bac de français approchait à grands pas. J-4.
Je savais que pour moi c'était une sorte de bac blanc, mais si je ratais je m'en voudrais tout de même, je ne veux pas avoir bossé et galéré pour rien.
C'est en soupirant que je m'habille, enfilant le tout à la va vite.
J'entends quelques coups frappés à ma porte. Je me raidis.

S'il s'agit de Noam, je le défonce.

Depuis quand suis-je si vulgaire? Ah oui, depuis que je vis entourée de garçons.
-Oui? fis-je timidement en balançant mes cheveux vers l'arrière, dégageant mon cou.
Nathalie passe la tête à travers la porte, les traits tirés, comme si elle n'avait pas dormi de la nuit.
-Salut ma belle. Déjà habillée? Tu sais qu'il est à peine 8h?
-Oui Nathalie, c'est juste que... J'aimerai prendre l'air, murmurai-je en baissant la tête.
J'étais tout de même mal à l'aise, son fils avait piqué une crise à cause de moi hier.
-Très bien, à condition qu'avant tu me racontes ce qui est passé par la tête de mon abruti de fils.
Elle s'approche de moi, vêtue d'une robe de chambre en soie grise. Elle vient me caresser le dos, tandis que je laisse passer un soupir discret. Il faut bien que je lui raconte brièvement.
-Eh bien... J'ai... Je hum... C'est un malentendu. J'ai...
-Tu sais si tu as couché avec mon fils autant le dire tout de suite, ne me fais pas lambiner, déclara-t-elle, une lueur vive et sévère dans les yeux.
Je ris légèrement, cramoisie.
-Oh non! Je n'ai pas l'âge pour faire des choses pareilles, et puis je n'ai bu qu'avec modération. (Elle arqua un sourcil, oups.) C'est juste que... J'ai cru que Noam me plaisait et je lui ai fait comprendre, et au final je me suis rendue compte que je m'étais... Fourvoyée, et Noam n'a pas supporté que je le repousse...
Cela me gênait extrêmement de raconter tout ça à la mère même du fauteur de trouble, mais j'avais besoin de me confier.
Celle-ci se pinçait l'arête du nez, contrariée.
-Bien, si je comprends bien tu as donné de faux espoirs à Noam, et il a très mal réagi? C'est bien cela? C'est tout?!
-Hrrm, en gros, répondis-je d'une toute petite voix fluette.
-J'ai du mal à te croire, avoua-t-elle en croisant les bras sur son opulente poitrine.
Si je rajoutais les détails, je pouvais signer mon arrêt de mort.
-Peut-être Noam vous éclaircira plus, à mon avis son point de vue pourrait légèrement différer du mien, je ne le blâme pas. Mais je n'accepte juste pas qu'il m'insulte et se permette de faire des réflexions sur ma mère, c'est tout.
Mme Cohen se massa les tempes.
-Ce n'est pas comme ça que j'ai éduqué mon fils, soupira-t-elle. J'espère au moins qu'il ne t'a pas fait plus de mal que cela.
Je secouai la tête. Lui ne pourrait me faire du mal. Quelqu'un d'autre le pourrait.
Le "quelqu'un d'autre" en question commençait d'ailleurs à me faire chier à ne pas me rappeler.
-Je parlerai à Noam tout à l'heure, assura Nathalie en exerçant une pression rassurante sur mon poignet. Prends ton petit déjeuner, va t'aérer la tête si cela te chante.
Elle s'éclipsa rapidement de ma chambre.
Je pris mon iPhone, mes écouteurs et pris la peine de m'attacher les cheveux d'une courte queue de cheval.
C'est fou ce que ma crinière brune me manque.
Mon portable attira mon attention en vibrant. Appel de Kev 🐿.

-Allô Kev?
-Salut.
Son ton était froid, irrité, yummy, je sens la conversation légère.
-Hey. Je vais éviter de demander comment tu vas, vu ta voix...
-Effectivement. Je suis désolé Noa mais j'ai pas tout mon temps. Abrège.
-C'est pas toi qui devait me parler?
-Non, c'est pas moi qui me tape mon frère.
À ces mots, mon sang ne fait qu'un tour. Je manque écraser le téléphone tellement je le sers.
-J'espère que tu te rends compte à quel point tes mots sont pires qu'une arme de destruction massive là.
-J'espère que tu te rends compte à quel point tes actes sont pires qu'une arme de destruction massive là, rétorque-t-il sur le même ton.
-Tu es un gamin Kev! Je ne pensais pas te dire ça un jour, mais tu es stupide.
-Tais-toi je ne suis pas de très bonne humeur, grinça l'humoriste, semblant se contenir.
-Ah parce-que tu penses que moi si? Sachant que la seule personne en qui j'ai entièrement confiance me prend pour une traînée qui abuse des gens?
Si tu connaissais précisément la vérité tu la fermerais Kev. Pardonne-moi d'être virulente mais c'est en partie à cause de toi que ça a dégénéré.
-Quoi?! Comment ça ?!
J'avalai difficilement ma salive.
-Laisse tomber, je te raconterai à ton retour... Dans dix ans, ricanai-je, amère.
-Noa...
-Stop! J'aimerai que tu me parles du coup de fil que tu as reçu, je dois aller courir et je me remets au boulot après.
Le silence se fit pesant de l'autre côté de la ligne.
-Kev? Il y a un problème ? Attends non, dis rien, dis-je subitement. C'est ma mère n'est-ce pas?
Je m'étais figée, en attente de la réponse.
-Oui. Elle est sortie de sa...maison de repos. Elle veut te récupérer.

Hey! Petit chapitre en retard, j'avais totalement oublié de le continuer et de le poster mdrr, sorry... Je pensais vraiment l'avoir fait, j'ai dû rêver!
Sinon petite info, j'ai commencé à écrire une nouvelle fiction, qui se nomme "Too old for me"!
Il n'empêche que ma préoccupation principale est "Si t'étais normal", je compte bien la terminer, même s'il m'arrive de me décourager souvent en ce moment... Enfin bref!
Des bisous! #E

Si t'étais normalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant