Si t'étais normal

Chapitre 31- Petite soirée

La soirée passa vite, Kev avait invité ses deux frères chez lui, pour que l'on passe une dernière soirée tous les quatre. Sa mère elle, était restée pour régler quelques paperasses pour son fils, en compagnie d'Elisa, sa productrice, et Rachel, son attachée de presse.
On avait commandé sushis, j'étais la seule à ne pas me goinfrer, j'avais décrété me trouver trop lourde sur la balance. Même si Kev, Noam et sa mère m'avaient persuadée du contraire...

J'étais sur un petit nuage, j'allais au show de Kev et Gad, c'était énorme. Apparement Noam et Lirone m'accompagneront, à ma grande joie.
L'idée d'être toute seule m'aurait moins réjouie...

Noam et Kev passaient leur temps à dire des conneries, je n'en pouvais plus de rire. Lirone lui jouait à la DS, imperturbable. 

— Alors Noa, je vais te manquer aussi? plaisanta Noam, en face de moi, en mettant son nez dans sa canette de bière.

—  Ça risque pas! rigolai-je, vu que je vais passer tout l'été avec toi, balourd!

—  Rho ce que je suis déçu! dit-il avec une moue boudeuse, faussement triste.

— Moi je vais lui manquer par contre! le nargua Kev en s'enfonçant dans le canapé, passant son bras derrière moi.

— Tu peux courir aussi! le narguai-je en virant son bras du dossier pour m'adosser.

Il me regarda dans les yeux, fit la même moue tristoune que Noam et mis sa main sur son cœur.

— Mon petit cœur souffre!

— Pauvre chat! ris-je.

Nous nous défions du regard, l'espace de quelques instants, mais Kev perdit son sourire et baissa les yeux, comme s'il était... Gêné? Ça ne lui ressemble pas.

Une sorte de malaise flotta quelques instants, quand Lirone se manifesta bruyamment.

— Yeeeesss! Niveau 12! hurla-t-il sa console à la main.

Noam éclata de rire et checka son petit frère, Kev sourit simplement, distrait, et moi je mis le nez dans mon verre de Coca, esquissant un sourire.

— Bon Kev t'as de la route demain et tu te lèves tôt, on va faire nos raisonnables et aller tous se coucher! Enfin moi non mais on va y aller quoi! dit Noam en reposant sa canette et en se levant.

— Déjà? lança Lirone, déçu.

Nous nous levâmes tous, Lirone se jeta sur Kev et lui fit un énorme câlin.

Je devais avoir une tête attendrie car Noam me chuchota:

— Attention, tu baves.

— T'es con toi tu sais, répliquai-je en lui tapant le bras, un petit sourire affiché.

— Bon allez à plus frérot, prends soin de toi! commença Kev en prenant son cadet dans ses bras. Et puis occupe-toi bien de l'autre intello qui passe son bac en avance aussi là, continua-t-il en me tirant la langue.

Je lui mis une tape sur la tête, à lui aussi.

Noam me fit la bise, mais genre très très près de ma bouche, carrément au coin de mes lèvres quoi. Il me sourit et me murmura : "On se voit demain, je viens te chercher vers 10h ma belle..."
Je ne dis rien, levant les yeux au ciel, le prit par les épaules, le retournant, et le ramena dans le hall auprès de ses frères.

Lirone me fit un léger bisou, me sourit et tira Noam, les emmenant dehors, Kev aillant ouvert la porte de son appartement.

Nous nous retrouvons donc seuls, Kev et moi.

— Tu vas te coucher? me demanda-t-il.

— Hmm pas encore, faut que je révise un petit peu. Et toi?

— Moi je vais pas tarder, mais je veux bien t'aider à réviser si tu veux! 

Je souris et hochai la tête, allai chercher mes affaires et vins retrouver Kev affalé sur le canapé, son téléphone à la main.

Une question me démangea soudain alors que je le voyais regarder des notifications Instagram.

— Tu n'as jamais eu d'allusion à propos de...moi? Il y a forcément des gens de mon lycée qui t'ont vu avec moi, ou alors des voisins, on en a jamais parlé, et moi ça fait un bail que j'ose plus aller sur les réseaux sociaux.

Kev quitta son téléphone des yeux pour les planter dans les miens. Je tressaillis.

— T'inquiète pas pour ça, c'est passé, sourit-il en riant nerveusement.

— Kev! Il se disait quoi?

Il émit une pause.

— Ça va pas te plaire. 

Je me raidis, le fixant toujours.

Il soupira, tandit son téléphone, me montrant une ancienne photo de son tournage, où s'affichaient des milliers de messages (plus exactement 2134 commentaires).

J'en lis quelques uns.

"Askip Kev tu te tapes la même meuf que ton frère"
"Ta nouvelle meuf elle a juste dix ans de moins que toi, détournement de mineur fais gaffe"
"C'est une pute qui veut ton fric en couchant avec toute la famille!"
"La Photo de Kev Adams accompagné de son frère Noam en présence de leur copine mutuelle, âgée de seulement 16 ans à retrouver sur le compte de @staline_black_off "

Je lus quelques commentaires de plus, la mâchoire serrée.

Ça sentait le coup foireux, ils pouvaient pas avoir des informations pareilles, c'était quelqu'un de notre entourage qui avait divulgué des mensonges et infos pareilles.

Je rendis l'iPhone de Kev, qui me fixait toujours, grave.
Je haussai les sourcils, m'enfonçant dans le canapé, soupirant.

— T'aurais pu m'en parler. C'est dégueulasse. Pour moi mais aussi pour toi. T'aurais vraiment dû m'en parler Kev sérieux! 

— Je sais, mais t'avais autre chose à faire, et moi aussi. Laisse tomber, c'est ce que j'ai fait, tellement c'était énorme comme connerie. Genre je vais avoir la même copine que mon frère, et en plus de ton âge, ricana-t-il.

Ouch, ça faisait mal. Il venait de me planter un couteau dans le cœur. "Surtout de ton âge."
Je ne dis rien et entrepris de me replonger dans mes notes. En vain.

— T'as besoin d'aide alors?

— Je... Finalement je vais me coucher... J'ai sommeil, dis-je sèchement.

— J'ai dis quelque chose qui fallait pas? 

— Non non, bonne nuit.

J'allais partir en me saisissant de mon manuel et de mon bloc note, lorsqu'une main me tira en arrière.

— Et mon bisou? quémanda Kev.

Je dûs rougir, car il rit en me passant le pouce sur la joue.

— Je t'embête. En plus j'ai de la barbe donc bonjour le bisou qui pique.

Je ris, mais lui plantai un rapide bisou sur la pommette, me retirai et allai directement me coucher.

— Bonne nuit porc-épic!

~Kev~

— Bonne nuit porc-épic!

Noa venait de se retirer après m'avoir fait un petit bisou de rien du tout. Elle était toute gênée, c'était adorable. C'était son tour de l'être.
Mais porc-épic ? Ça c'était méchant, j'étais doux comme un agneau... Ou comme mes fans se plaisaient à le répéter, comme un mouton.
Bon, il fallait que j'aille dormir aussi, demain réveil 6h...

Je passai devant la porte de la chambre de ma petite protégée, que j'allais devoir laisser encore une fois à ma mère, et aux sales pattes de mon frère.
Rien qu'à l'idée qu'il la touche, j'en frissonnai.
Je me couchai quelques minutes plus tard, vérifiant mes bagages, mon téléphone en mode avion.

Et ne tardai pas à m'endormir.