Si t'étais normal

Chapitre 40- Le baccalauréat

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Jour-J baccalauréat.

Ma mère sortira de sa maison de repos début septembre prochain. Son état mental s'était amélioré, les médecins l'avaient estimée prête à s'occuper de moi.

Il ne me restait que deux mois avec les Smadja. Et moins d'un mois avec Kev.

La première épreuve de français était facile, j'avais fait abstraction de tous mes problèmes et l'avais réussi haut la main. L'oral avait lieu le lendemain. L'après-midi, c'était la rédaction, ce que je préférais.
Écrire était ma passion. J'aimais m'imaginer différentes vies, inventer des personnages, tout cela me permettait de m'évader.

C'était la pause de midi. J'avais brillamment évité Jeanne, qui ne comprenait rien à sa vie, la pauvre.
Mais j'estimais qu'elle ne pourrait que me distraire, et j'avais absolument besoin d'être seule avec mes écouteurs.

J'avais une terrible envie d'écouter Evanescence, et c'est ce que je fis, assise adossée contre un platane isolé.
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La musique s'infiltra doucement dans mes oreilles, et je fermai les yeux, transportée dans un autre monde.
La guitare électrique se fit entendre, violente, puis la voix s'insinua en moi telle une substance dans mes veines.
La musique était en quelque sorte ma drogue, mon échappatoire. Il n'y avait plus d'examen, plus de mère, plus de Noam, plus de Jeanne, plus de Kev.

J'ai parlé trop vite, un message fit vibrer mon iPhone.

Kev.

"Salut l'intello, merde pour ton bac. Tu vas gérer tqt. Petit changement de programme, j'ai annulé des dates avec Gad. Je reviens samedi. Je te 📞 tt à l'heure. Bizz"

Kev allait revenir. Mon cœur rata un battement. Il allait revenir.
Un sourire apparut sur mon visage à ce moment-là, et je me laissai glisser le long de mon arbre.

— Qu'est-ce qui te fait sourire beauté?

Je levai brusquement la tête, et croisai un regard malheureusement familier.

— Tiens, Zacharie.
— Je peux m'installer ?
— Non.

Il ne m'écouta nullement, et s'assied près de moi.

— Tu ne m'as pas répondu princesse, pourquoi souris-tu?
— De un, je ne suis pas une princesse, de deux il me semble que cela ne te concerne pas.

Son sourire s'agrandit.

— D'accord, princesse. Alors ce bac de français ?
— Les doigts dans le nez. Je te demande pas hein? ricanai-je, me prenant un doigt d'honneur de sa part.
— J'ai jamais été bon en français, de toute manière. Pff, et dire que toi t'es une seconde et t'y arrives easy.
— Prends pas le seum coco.

Je refermai les yeux, souriant légèrement quand The Weeknd commença à chanter Earned it.

Je sentis tout à coup un léger contact sur mes lèvres.
Non, il a pas osé quand même ?!
J'ouvris les yeux, et là je lui mis une énorme claque.

— T'as osé m'embrasser?! Espèce de bouffon!!

Je pris mes affaires, furieuse, poussant un Zacharie légèrement sonné.

—Je suis pas une de ces putes qui changent de mec comme de chemise! Ne m'approche plus jamais du Con!

~•~

L'après-midi se déroula lentement.
J'étais dans mon élément, je noircissais de mon écriture ronde et penchée des pages et des pages d'examen. J'étais plutôt fière de moi.

La sonnerie de fin d'examen retentit, pile au moment où je rectifiais un dernier mot après ma relecture.

Plus qu'une matinée d'oraux, et j'étais en vacances! Et j'allais revoir Kev!

Et ma mère...

~Noam~
J'étais sûrement l'homme le plus frustré au monde. Depuis samedi je tirai la tronche. J'avais fait exprès de ne pas recroiser Noa, sinon ce serait tendu, après ce que je lui avais dit dimanche matin après la fête, bourré comme j'étais.
Je regrettais de m'être conduit comme tel, mais Noa était tellement compliquée... Ça m'énerve. Ce n'est pas une fille qui sait ce qu'elle veut, c'est réellement agaçant.
Mais je crois que le pire a été quand ma mère m'a posé des questions le lendemain, accusatrice. Noa par-ci, Noa par-là...
Elle ne m'a pas vraiment laissé parler, elle m'a juste engueulé, et finalement c'est très bien comme ça, j'avais la flemme d'argumenter. Et peut-être que je le méritais au fond ?

J'avais alors décidé de parler à Noa, mais quand je l'avais aperçue sortir de l'appartement, les joues baignées de larmes, je n'avais pas insisté.

J'avais appris plus tard qu'elle retournerait chez sa mère bientôt.

Et clairement ça ne réjouissait personne à la maison.

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#E