Chapitre 13- Soupçon

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Noam me fixait d'un air soupçonneux.
Surtout rester naturelle.

— Hmm...

Il se redressa tout à coup, s'approcha de moi, et me dit en me regardant droit dans les yeux:

— J'ai légèrement du mal à te croire. Qu'est-ce qui me fait dire que tu es là parce que tu es amnésique? Ça se trouve tu veux juste te retrouver avec Kev, tu es peut-être une de ces groupies sans limite, qui sait.

Touchée. Piquée au vif, je répliquais:

— Ah ouais? Juste parce que je sais qui est David Guetta tu en déduis que je veux juste profiter de ton frère? Wow quelle intelligence sans borne! Va te faire interner, je te signale que je ressors de deux jours d'hôpital et que j'ai une putain de migraine, et là toi tu me sors tes accusations dégueulasses. Merci l'accueil, mais vu qu'apparemment je profite de ton frère et puis du sien aussi par la même occasion, je vais partir! C'est mieux.

Je m'apprêtai à me lever quand Noam, les yeux toujours fixés dans les miens, me repoussa dans mon fauteuil. Il me regardait intensément, à la fois méfiant et incertain. Il y avait une autre émotion que je ne sus détecter... Et tout à coup, son visage se détendit, il se recula, s'affala sur le canapé et me dit:

— Tu as raison, je deviens parano pour deux. Mais mon frère et toutes ses histoires... Je me méfie. Mais quel genre de fille tu serais si tu prétendais une quelconque amnésie et que tu disparaisses de la vie de ta famille pour duper une personnalité et en profiter?

D'un côté, le fait qu'il lâche l'affaire me rassura. Mais ses paroles me blessèrent au plus haut point. Certes, je voulais échapper à ma famille, mais ceux-ci ne me regrettent sûrement pas; et de plus je ne veux pas profiter d'une personnalité, je veux apprendre à connaître la vraie personnalité de Kev Adams. Tout d'abord parce qu'il m'est sympathique, et de deux parce qu'il est vrai qu'une occasion comme ça ne se présente jamais...

Il est vrai que je n'étais pas fan de Kev Adams, ni même de son humour ou de son physique. Et puis je suis réellement devenue amnésique, j'ai juste retrouvé la mémoire plus tôt que prévu. Partiellement en tout cas. Quelques parties me semblaient floues en effet...
Je n'avais aucun souvenir de mon enfance. Et c'est là que je m'en rendais spécifiquement compte.
Mon malaise dût s'afficher sur mon visage, car Noam ouvrit la bouche pour me parler quand tout à coup la porte d'entrée claqua.

— Tiens, ça doit être ma mère...

On entendit des talons contre le carrelage et une femme brune, petite et plutôt ronde fit son entrée dans le salon.

— Noam? Tu es là...? Oh bonjour! Fit-elle en m'apercevant.

Je me levai, légèrement anxieuse.

— Bonjour Madame...

— Nathalie. Noa c'est ça ? continua-t-elle en venant me serrer la main. Tu es la jeune fille amnésique que Kev a à sa charge je présume. Il m'a prévenue que David venait te chercher à 18h.

— C'est ça. Je suis vraiment désolée de vous imposer ma présence, je sais que vous souhaitiez être tranquille...

— Il n'y a pas de souci, ne te prends pas la tête. Noam s'est bien occupé de toi? Au fait, où est mon Lirone?

— Dans sa chambre, je lui ai mis les Simpson, répondit Noam.

— Encore cette débilité... Bon très bien, je vais le voir, faites comme si je n'étais pas là.

Elle était vraiment très cool, cette Nathalie. Sachant que je pouvais tout à fait être une fan hystérique prête à tout pour profiter de son fils aîné et du reste de sa famille.

Noam reconcentra toute son attention sur moi et me dit avec un sourire narquois:

— Elle est gentille ma mère, hein.

— Oui, très.

Il se leva, redressa son pantalon avec toujours ce sourire horripilant, et sortit du salon.

— Euh je fais quoi moi?? lui lançai-je.

— Relax Max, je vais juste aux toilettes, à moins que tu veuilles m'accompagner, (-_-') reste là, on va continuer notre p'tit jeu de tatasserie après la pause, me répliqua-t-il, moqueur.

Je me sentis rougir. Quelle imbécile je faisais.

~Kev~

J'étais de retour au lycée. Son lycée. Mes rendez-vous marketing avaient duré moins longtemps que prévu, j'avais donc pu me concentrer plus sur la recherche des parents de Noa.

Noa. Ça me faisait drôle de dire ce prénom, si proche de celui de mon frère.

J'attendais dans un long couloir rempli de casiers bleus, verts et jaunes. Dire qu'il y a cinq-six ans j'y étais encore...
Je devais voir le directeur, et lui parler de Noa; il contactera ses parents, et tout rentrera dans l'ordre.
D'ailleurs je ne sais pas pourquoi aucun d'entre nous n'y avons pensé plus tôt... L'alcool sûrement... Et le mal de crâne. Ça brouille les idées.

Quelque chose d'autre me gênait; pourquoi donc les parents Landski n'avaient donc pas donné signe de vie au commissariat concernant la disparition de leur fille? Était-ce habituel? J'allais en savoir plus avec le proviseur.

Je vis la porte du bureau s'ouvrir, et deux jeunes lycéens sortirent, tout penauds. Ils levèrent la tête à ma vue, et le premier poussa l'autre du coude en me dévisageant.

— Oh putain.

— Kev Adams??! Wesh je rêve!

— Bonjour messieurs, ris-je en les checkant du poing.

— On peut prendre une photo??

— Oui bien sûr mais faites vite, je vais pas faire trop attendre votre proviseur.

— Ouais t'inquiète, mais attends on parle à Kev Adams là! C'est énorme! On est trop fan!

— Aha merci ça fait plaisir! Big up les gars! Et faites pas trop de conneries!

— Ouais nan on va essayer! Mais qu'est-ce que tu fais dans notre bahut?!

Je décidai alors de leur demander. Après tout ils en savaient peut-être plus que le directeur.

— Vous connaissez une certaine Noa Landski?

Ils se concertèrent, inquiets, et l'un d'eux me dit:

— Ouais, c'est une meuf en alternance 2nde-1ere.

— Alternance?

— Elle prend des cours supplémentaires de 1ère parce qu'elle est surdouée un truc du genre.
Pourquoi ?

— Elle est dans un de vos cours?

— Oui, en espagnol. Mais elle est pas venue depuis trois jours. Askip' le proviseur a pas réussi à joindre ses parents. C'est des cas sociaux, ils voient même pas à quel point leur fille se barre en couilles.

Houlà... Je sens pas du tout l'affaire.

— Monsieur ? fit soudain une voix derrière moi.

Je me retournai, c'était le proviseur.

Il lança un regard glacial aux élèves, qui partirent en me lançant un ultime "merci!", que je rendis en leur faisant un signe de la main.

— Bonjour, je vous prie de m'excuser de vous déranger, je voudrais vous parler d'une élève scolarisée dans votre établissement...

— Pardonnez-moi, qui êtes-vous?
J'hésitai.

— Je suis... Kevin Smadja, le tuteur provisoire de Noa Landski.

Si t'étais normalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant