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(Inguk)

La paume de mes mains légèrement moites, témoin évident de ma nervosité, je m'attarde derrière la porte d'entrée de cette fichue salle. Je n'aime vraiment pas être muté, et encore moins quand c'est mon père qui m'envoie personnellement. Je crois qu'il a peur que mes compétences ne soient pas suffisantes pour réussir à trouver moi-même un bon job. C'est terriblement vexant quand j'y pense.

Chaque fois que je suis embauché, j'entend mes collègues discuter de ma situation familliale. Le fait que mon vieux père l'ai rendue publique à ma majorité m'horripile au plus haut point. À cause de cela, je ne peux m'afficher avec mes conquêtes sans être placardé sur les murs du pays.

Voilà pourquoi l'homme de vingt-neuf ans que je suis reste, à mon grand désarroi, un éternel célibataire.

En plus de cela, mon paternel adore trouver les compagnies dans lesquelles le taux d'employées féminines est le plus élevé. Il espère certainement me caser avant que je fête mon trentième anniversaire.

Une intense nausée monte pourtant chaque fois que je croise le regard de l'une de ces jeunes filles qui se posent la grande question : qui pourra réussir à séduire le célèbre Seo Inguk et gagner le gros lot ? Un mec beau et plein aux as, à ce que j'ai pû entendre.

Je me moque éperdument de toutes ces bêtises. Je ne souhaite même pas hériter de la fortune de mon père. Je veux le voir, bien en vie, et ce pour le plus longtemps possible.

Après avoir soufflé un instant, j'ouvre enfin la vieille porte dont de bas frotte légèrement sur une moquette grise unie des plus immonde. Laquelle s'étend jusqu'au bout de la pièce, offrant à ce lieu déjà trop silencieux une ambiance d'une tristesse oppressante.

Cette salle qui se présente devant moi est beaucoup plus petite que je ne l'aurais espéré. Je me sens déjà mal. Une dizaine de bureaux, tout aussi peu stylisés que la moquette sur laquelle ils reposent, sont parfaitement alignés. Je m'engage dans l'allée du milieu et marche d'un pas lent, la main gauche dans la poche de mon pantalon, ma serviette dans la main droite, jusqu'au bureau du chef de service : Oh Dong Seok.

Les mâchoires tombent sur mon passage. Pourquoi Seo Inguk est-il dans ce modeste immeuble, amenant avec lui son charisme et sa confiance en lui ? La réponse ne tarde pas à se faire entendre alors que j'atteins mon but.

- Oh, Seo Inguk, vous êtes arrivé ! Haha, venez, entrez.

Je peste intérieurement. Pourquoi a-t-il dit mon nom si fort ? Peut-être voulait-il crier haut et fort qui il avait réussi à faire venir en ce lieu mais les quelques personnes n'ayant pas reconnu mon visage ont eu le plaisir d'entendre ce nom populaire grâce à la maladresse de cet affreux petit bonhomme.

Après une bonne poignée de main faussement amicale et des sourires hypocrites échangés, nous somme enfin à l'intérieur de son bureau, si l'on peut appeler cela de cette façon. On peut, dès lors, entendre au travers de la fine porte que les commérages sont déjà lancés.

L'homme qui se tient devant moi est petit, un peu gras et porte des binocles épaisses qui grossissent ses yeux à la façon de loupes. Sa calvitie avancée lui donne un air imbécile et son sourire étrangement pervers n'arrange rien à sa pauvre situation.

- Bonjour monsieur, je suis désolé d'être en retard. Dis-je sans laisser paraître mon dégoût envers sa personne.
- Ce n'est rien ! Vous faites déjà partie de la famille !

Cet ignoble gnome me lèche les bottes et je déteste ça.

- Pardon ? Demandais-je en haussant un sourcil, espérant avoir mal entendu.
- Oh, ce n'est qu'une expression.
- Oui, ça je le sais. Passons. Je commence quand ? La personne que je dois former est arrivée, je présume ? Je demande pour clairement changer de sujet.
- Il ne devrait pas tarder à arriver. Il est...
- Bien.

Je l'ignore sans pour le moins du monde me sentir mal pour lui, m'assois sur une chaise de bois fort inconfortable et croise mes jambes, attendant en regardant la décoration maladroite et presque inexistante du bureau du chef. Ce dernier se sent mal à l'aise, cherchant à rompre le silence alors que mes yeux divaguent entre la plante assoiffée et le cadre photo qui affiche une vue de la Tour Eiffel en noir et blanc. Monument qu'il n'a certainement jamais pu voir de ses propres yeux.

- Voulez-vous un café ? Propose-t-il en frottant nerveusement ses mains.
- Oh, non, ne faites pas déplacer votre secrétaire pour deux minutes, je peux attendre. Je lui souris avant de croiser mes doigts sur ma cuisse.
- Je n'ai pas de secr... Bien, pas de problème.

Les mains posées sur ma jambe qui danse de haut en bas, je souris et me mords la lèvre inférieure pour m'empêcher de rire devant cet être vilain. Je suis bien conscient de la torture mentale que j'inflige à mon interlocuteur : Oh Dong Seok a peur, il sait qui est le père du jeune homme qui se tient devant lui, le sourire assuré au coin des lèvres.

Lorsqu'il voit la personne attendue entrer sans frapper dans la pièce, le presque chauve est soulagé. Ce silence de mort est enfin brisé. Il ferme la porte derrière le nouvel arrivé et l'invite à s'asseoir sur la chaise qui attend près de la mienne.

Je m'appuie sur mes genoux pour me lever avant qu'il ne s'assied et lui tend la main, lui offrant un sourire tout à fait sincère.

- Bonjour ! J'imagine que vous avez deviné qui je suis.
- Ah, oui, mon formateur ?

Sa voix est claire et ses yeux brun sont rieurs. Quelle belle vision après les quelques instants passés seul avec l'autre créature grotesque et mal intentionnée.

- C'est cela, je suis Seo Inguk, enchanté de vous rencontrer.

Il prend ma main et la secoue vivement en riant légèrement. C'est rafraîchissant.

- Seo... In... Guk. Bien, c'est facile à retenir. Je m'appelle Lee Jaejin.
- Parfait. Je pense qu'on va pouvoir commencer tout de suite.

Nous nous dirigeons vers la porte et cet affreux Oh Dong Seok se contente de faire un tas de bruits en souriant, pour montrer son approbation. Je n'ai aucune idée de s'il s'apprêtait à dire quelquechose mais je n'en ai rien à faire. Mon sauveur, que je remercie le ciel d'être un homme, est arrivé et je compte bien m'accrocher à lui pour fuir loin de ce troll.

La porte refermée derrière moi, je me retourne brièvement pour observer une dernière fois à quel point cet homme est laid. Je le vois alors sortir une petite boîte de médicaments, dont il avale rapidement deux cachets. Certainement des anti-anxiolitiques. Réalise-t-il seulement qu'on peut le voir à travers la vitre ?

Le dénommé Jaejin s'installe à son bureau, qui est identique aux autres, et tire une chaise à roulettes pour moi, son nouveau professeur attitré. Mais avec tous les regards braqués sur moi, je me sens oppressé. Il faut que je change de méthode.

- Prenez un carnet et un stylo, on va faire ça au café que j'ai vu, en bas.
- Mais on n'a pas le droit. Dit-il sans bouger ses fesses de son siège, me regardant avec ses yeux de chiot innocent.
- Ah oui ? Eh bien, maintenant oui. Ne vous inquiétez pas, rares sont les personnes qui osent me faire des problèmes.
- Ouah, vous avez de la famille dans la police ? En tous cas, vous êtes cool quand vous dites ça.

Est-il sérieux ? Je lui fais un large sourire puis pouffe de rire. Ce petit ne sait de toute évidence pas qui il a en face de lui.

 Ce petit ne sait de toute évidence pas qui il a en face de lui

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 Frères [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant