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(Inguk)


Elle reste là à me regarder de ses grand yeux ronds brillants de surprise, sans rien dire. Elle est tellement choquée qu'elle arrête son activité et ne bouge plus d'un pouce. Seule l'air de la climatisation fait voleter quelques uns de ses courts cheveux qui retombent joliment sur son front.

Quand elle arrive enfin à reprendre le contrôle de son corps, elle ne sait pas vraiment comment réagir, remettant une mèche de sa crinière derrière son oreille minuscule. Les sourcils froncé, ses yeux cherchent les mots à la place de sa bouche dont s'échappe un souffle court, bougeant de gauche à droite de façon tout à fait mignonne.

"- Je... Mais... Hein ?!
- Vous êtes sourde ? Jouez le rôle de ma fiancée.
- J'entends très bien, merci de vous en soucier, mais non merci.
- Je vous paie 2 Millions tout de suite.
- Ok ! Marché conclu.
- Tu ne veux pas savoir quelles sont les conditions ?
- À ce prix là, je te fais ce que tu veux."

Cette femme est prête à vendre son petit corps. Alors je n'aurai aucun mal à lui faire faire ce que je veux.

"- Euh... Ouais... Mais faites attention, ce n'est pas le genre de chose qu'il faut dire à un homme."

Elle se contente de râler, reprenant l'essuyage de ses petites tasses de céramique blanches. Elle jette un coup d'oeil dans la salle, l'air de vérifier qu'aucun client ne la réclame. Elle attrape alors doucement le téléphone de ma main et rentre un numéro.

"- Ça, c'est pour me joindre. Me dit-elle en me rendant l'appareil que je remets dans la grande poche de mon manteau.
- Merci. Je suis étonné de la vitesse à laquelle tu as accepté.
- Alors on laisse tomber les politesses. Parfait. Appelle moi ce soir ou rejoins moi en sortant du bureau. On pourra passer un accord à ce moment là. Maintenant t'es gentil mais on a tous les deux du travail.

Cette femme est effrayante. Elle a retourné la situation si rapidement que j'en reste bouche bée, la regardant travailler quelques secondes. Je finis par reprendre mes esprits et repartir, l'air un peu bêta, et rejoint de nouveau Jaejin qui m'attendait sagement à cette même table, près de la baie vitrée.

La lumière du soleil d'automne éclaire ses traits et son visage m'apparaît soudain angélique. J'ai rarement pu travailler avec de si belles personnes par le passé, je me demande si toute cette situation est réelle.

"- Vous êtes un peu pâle. Me sort-il, l'air véritablement inquiet.
- Ça va. Votre amie est... Sûre d'elle."

Mon intervention le fait ricaner doucement. La malice dans ses yeux me fait penser qu'il sait exactement de quoi je parle.

"- Ouais, parfois elle me fait totalement flipper.
- Comme je vous comprends.
- De quoi avez-vous parlé ?
- Je pense qu'elle vous en parlera. Pour l'instant je préfère ne pas y penser. Ah, et arrêtez de me vouvoyer, j'ai l'impression d'être un grand-père.
- Oh, pas de problème. Comment dois-je t'appeler ?
- Inguk, Ingukie, mec, mon pote, comme tu veux.
- Ingukie c'est mignon.
- Allons-y pour celui là.
- Mais tutoie moi aussi dans ce cas.
- Avec joie."

Je lui tends la main et il la prend d'une façon enjouée adorable, ce qui me fait rire. Ça faisait longtemps que ça m'était arrivé. Ce Jaejin a l'air d'une personne originale. Il n'a pas peur de dire ce qu'il pense à son supérieur et j'apprécie cette honnêteté naturelle..

Nous pouvons enfin terminer notre matinée sur l'ordinateur et nous arrêtons pour manger à seulement deux heures de l'après midi.

Nara s'avance vers nous.

- Hey, Jay. Dit-elle, passant sa main dans les cheveux de Jaejin, bien plus à l'aise que quand le café était ouvert.

Elle le regarde avec tendresse, pas vraiment comme quelqu'un qu'elle aime, mais comme une mère regarderait son enfant, tripotant ses cheveux machinalement.

"- Hm ?
- Tout le monde est parti, je peux fermer. On mange ensemble ?
- Ouais, bien sûr. Ingukie, tu manges avec nous ?
- Oui, avec plaisir, merci pour l'invitation."

Je suis assez surpris par les gestes affectueux de Nara et encore plus de voir que ce Jaejin n'a aucune réaction quand elle passe ses doigts dans les cheveux parfaitement coupés à l'arrière de son crâne. Il est de toute évidence habitué.

"- Je vous suis, je ne connais pas le coin.
- On pourrait aller chez moi.
- Oh ouais, super ! Comme ça ton ami verra ta belle maison !"

Qu'est-ce qu'elle raconte, cette dingue ? Cette petite femme à fort caractère se rend-elle même compte que je suis bien plus haut placé que lui ?

"- Je m'en fiche pas mal que sa maison soit jolie. J'ai une faim de loup.
- Haha, merci. Tu vois Nara, lui, c'est un mec bien !
- Ouais, ouais, cause toujours, en attendant, je suis sûre qu'il sera époustouflé."

Époustouflé, hein ?

Nous arrivons devant une immense maison, très moderne, à l'architecture légère. Comme je m'y attendais, je ne suis pas le moins du monde épaté par cette maison très sobre malgré sa grande taille et son originalité frappante.

Le stagiaire nous laisse entrer et commence directement à s'affairer dans la cuisine. Il fait chauffer de simples ramens au curry.

Je fais un rapide tour du rez de chaussée pendant qu'il fait bouillir l'eau et défait les trois sachets de nouilles sèches. Je vois alors des tableaux d'art contemporain magnifiques que je reconnais. Je sais qu'ils coûtent une petite fortune. Il est impossible qu'un employé de bureau à peine embauché puisse s'offrir de telles pièces.

"- Les tableaux sont très beaux. Je dis simplement pour combler le silence qui régnait dans l'immense pièce.
- Oui, mon père les a peints.
- Q... Quoi ?! Sérieusement ? Alors ces oeuvres sont les originales ?"

Je décède intérieurement. Je n'y crois pas.

"- Oui, il est plutôt connu dans le monde de l'art.
- Ton père... Est..."

Je me lève, abasourdi. Je connais très bien ces tableaux, Je suis un grand fan de leur auteur. Je commence à sourire, tellement content d'être dans la maison de cet homme que je ne suis pas sûr que j'aurai la volonté d'en sortir.

Pourtant, je déchante rapidement.

Incapable de terminer ma phrase, incapable d'entendre la voix de Jaejin qui bouge pourtant ses lèvres, ma vision se trouble et une vive douleur me prend dans tout le corps. Je me sens faible. Mes jambes me faussent compagnie et je tombe d'abord sur les genoux pour m'effondre sur le côté, sans pouvoir me rattraper de mes bras tout aussi engourdis.

Ma tête frappe contre le sol et, petit à petit, tout autour de moi devient noir.

Ma tête frappe contre le sol et, petit à petit, tout autour de moi devient noir

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 Frères [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant