Frères [Terminée]

12

(Jaejin)

Ok. Elle a fumé un truc pas clair avant de venir. Elle croit que je me souviens d'un truc qui s'est produit un an avant ? Elle sait pourtant que j'ai une mauvaise mémoire.

"- Hein? De quoi tu parles ?
- Me dis pas que tu ne t'en rappelles pas ?
- Me rappeler de quoi ?
- Un soir, un repas, une déclaration, une nuit ensemble...
- Ah~ ça..."

Eh merde. Elle aurait pu me demander ça au téléphone. Je me sens piégé, je déteste ça. Pourquoi reparler de ça maintenant ? Je pensais qu'elle avait compris que je ne voulais plus remettre ça sur le tapis.

"- J'attends. Dit-elle avec un peu d'agressivité dans la voix.
- Mais pourquoi maintenant ?
- Parce que j'estime qu'un an c'est assez pour te laisser du temps pour réfléchir. Et qu'Inguk m'a un peu convaincue de le faire.
- Mais je n'y réfléchissais pas vraiment... Et qu'est-ce que mon formateur a à voir avec ça ?
- Eh bien réfléchis-y maintenant. Je te laisse dix minutes. Je te paie un café. Dit-elle en ignorant totalement ma deuxième question."

Dix minutes ? Il me faudrait au moins dix jours. Je suis surpris et ne sais vraiment quoi dire. Je la suis sans bruit à l'intérieur, les souvenirs de cette nuit passant dans ma tête alors que nous nous asseyons.

Elle commande un café allongé pour nous deux, croisant ses bras sur la table. Mon café servi devant moi, les vapeurs aux senteurs amères s'infiltrant dans mes narines, je me perds dans mes pensées, celles de l'année passée que je ne voulais pas voir resurgir.

Cette nuit là il faisait vraiment froid. Janvier n'est pas la plus agréable période de l'année pour les hommes qui se nourrissent presque des rayons du soleil.
Nara avait préparé un dîner aux petit oignons pour moi.
J'étais arrivé sur mon trente-et-un, comme elle me l'avait demandé. Je portais un costume simple, bleu marine, des chaussures vernies et mes cheveux noir étaient coiffés en arrière avec de la cire. J'avais même pris soin de brosser mes sourcils dont je n'avais habituellement rien à faire.

"- Ouah, tu es sublime. Me dit-elle, m'observant de la tête aux pieds."

J'adorais quand elle me faisait des compliments. Elle ne cherchait pas à en obtenir quelque chose. Ça venait du coeur et c'est une chose que je ne voyais qu'avec elle.
Elle me dit de m'assoir dans le canapé. Elle avait tamisé la lumière, ce qui n'était pas habituel. Quelque chose était différent. L'atmosphère, son attitude, ses gestes.

"- On fête quelque chose ce soir ? Demandai-je un peu inquiet, presque certain qu'elle allait m'annoncer une grave maladie.
-

Eh bien, non, pas vraiment. Ça dépend du déroulement des choses.

- O... Ok."

Je la trouvais particulièrement attirante. Elle avait fait un effort sur sa tenue, elle qui d'habitude m'accueillait en survêtement, sans maquillage, avec les cheveux en l'air et des chaussons affreux.
Elle portait à ce moment là une petite robe noire moulante et avait un peu maquillé ses yeux, ce qui les faisait paraître vraiment mignons et sexy à la fois.
Après un bon repas et quelques verres de vin, assis comme des tas sur le canapé, je sentis que Nara passait sa main sur l'intérieur de ma cuisse. Je la repoussai, pas vraiment à l'aise avec le fait que ma meilleure amie ait ce genre de geste envers moi.

"- Nara, tu as trop bu, je devrais partir. Dis-je en me levant, cherchant la veste de mon costume du regard.

- Mais, Jay...
- On ne devrait pas discuter quand tu es dans cet état."

Elle se leva à son tour et se colla à moi pour m'enlacer. Je ne comprenais vraiment pas ce qu'elle voulait.
Je devais être bien naïf pour ne pas réaliser qu'elle me dévorait du regard depuis que j'avais passé le pas de la porte.

"- Jay, je ne te vois plus comme un ami. Je t'aime. Sincèrement."

Elle n'attendit pas ma réponse et attrapa mon visage pour m'embrasser. Je me laissais aller dans l'action, un peu perdu, émoustillé par la sensation de ses lèvres chaudes, et la pressais contre moi.
Nous nous dirigions maladroitement, sans décoller nos bouches avides, balladant nos mains sur le corps de l'autre avec empressement, vers sa chambre. Elle poussa mon corps frêle sur le lit sans effort, se retrouvant à cheval sur moi en deux temps trois mouvements.
J'avais de la peine à réaliser ce qu'il se passait. Pris dans les émotions qui brûlaient mon bas ventre en un millier de petites flammes dansantes, mon corps embrasé se mouvait sans que je ne puisse le contrôler, sans que mon coeur n'arrive à calmer le rythme de ses pulsations effrénées.

"- Yah ! Jay !"

Je suis tiré de ma rêverie quand Nara tape ses premières phalanges sur la table de métal pour me faire revenir à la réalité.

"- Désolé.
- Tu y réfléchis au moins ?"

Pas du tout.

"- Euh, ouais. Mais, ma réponse, cette fois là ne t'a pas suffit ?
- Ta réponse ? Quelle réponse ?"

(Nara)

Je me souviens clairement de ce matin là.

Après une nuit d'amour avec mon Jay, je me lovai contre lui. Je me sentais bien, collant mon abdomen contre sa hanche, sa main posée sur mon épaule qui me serrait par réflexe quand je bougeais un peu trop. Tout était parfait. Jusqu'à ce qu'il se réveille.

"- Qu'est-ce que je fous là ?! Dit-il alors qu'il avait à peine ouvert les yeux.
- Arrête de te moquer et fais moi un bisou, saloperie.
- Je rigole pas. T'es dingue ou quoi ? On a... ? Ah. Je veux pas savoir. Je dois partir. A plus Nara.
-

Mais... !"

"- Le matin, tu es parti comme un voleur, tu ne te souvenais même pas. Bref, t'es un gros naze.
- Je me rappelle très bien de cette nuit là, Nara. J'avais pas bu tant que ça. Je dis à voix basse, un peu honteux des regards qui se sont posés sur nous.
- Tu... ! Connard... Bon, cette réponse ? Je suis vraiment la seule à ressentir quelque chose ? Tout ça ne signifiait rien pour toi ?
- Ok, je devrais te donner une réponse claire, tu as raison, c'est de ma faute. Nara, je suis vraiment touché par tes attentions et on dirait que tu m'aimes encore... Mais je...
- Jang Nara ?!"

Une voix rauque que j'ai du mal à identifier m'interpelle derrière moi. Souriante, me retournant vers ce son qui a prononcé mon nom, je pose les yeux sur la personne qui se trouvait à un mètre à peine et me rend compte qu'il s'agit du père d'inguk qui se tient non loin de nous.

"- Oh ! Beau-papa !"