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(Inguk)

Nous passons notre journée dans la ville côtière. Mon téléphone est rempli de photos de nous. J'ai tellement ri quand Jay faisait la tête sur les dernières photos, fatigué que je joue les paparazzi à chaque coin de rue.

Le soir venu, mon manteau acheté dans une boutique du coin sur le dos, nous revenons à la voiture garée un peu plus haut. Je branche mon téléphone sur la batterie portative que j'ai apportée puis la laisse sur le siège passager. Nous descendons alors les marches de pierre pour nous asseoir sur la plage afin de regarder le soleil se coucher.

Je reste en tailleur, les mains dans les poches, alors qu'il dessine de petites courbes dans le sable du bout de son index.

"- Je crois que je n'ai pas fait ça depuis au moins dix ans. Dit-il sans quitter les yeux de son oeuvre improvisée. C'était une chouette idée de venir ici. Oh, je vais envoyer une photo à Nara."

Il sort son téléphone pour la première fois de la journée. Je souris à la pensée que c'est moi qui lui ai donné le virus du photographe maintenant que mon mobile n'est pas utilisable.

"- Tu l'aimes ? Nara.
- Oui, on est comme des frère et soeur, mais je ne la vois pas du tout comme une "femme"."

Il se rapproche de moi, passant une épaule devant la mienne pour que nos visages au teint maintenant orangé et aux yeux brillants soient bien plus proches.

Je sens qu'il galère à cadrer alors je passe mon bras autour de sa taille, le tire un peu plus près, posant ma tête sur la sienne en souriant.

"- Ah. Alors ça ne t'embête pas qu'elle joue le rôle de ma fiancée ?"

Jaejin prend plusieurs photos puis il range l'appareil dans sa poche. Il reste très proche de moi, me laissant simplement assez d'espace pour que je retire mon bras de son dos.

Il n'a pas l'air surpris de ce que je viens de lui annoncer.

"- Après la journée qu'on vient de passer, je ne m'en fais pas vraiment. Et puis elle est coriace !
- Ça, tu peux le dire. Elle m'a fait tellement flipper. J'en ai encore des frissons."

Il sourit devant ma réaction, enfouissant son menton dans le col de son blouson. Le regard perdu dans l'immensité bleue qui s'étend devant nos yeux, ses cheveux bruns qui retombent maladroitement jusqu'à ses sourcils se font fouetter par le vent de façon discontinue. Ça lui donne des airs de héro de romance.

"- Quand on était petits, je me faisais embêter à l'école. Un jour, alors qu'elle était toute nouvelle, elle est venue et a botté les fesses de ces quatre brutes.
- Wow. Quatre ? Elle rigole pas.
- Ouais. Maintenant, j'ai l'impression d'avoir le devoir de la protéger. Bien que je ne sois pas sûr d'être à la hauteur.
- En tous cas, elle t'aime tout autant que toi.
- Je pense que c'est surtout une question d'habitude.
- Non, je t'assure, ça se voit, elle...
- Arrête."

Il pose de nouveau ses yeux sur le sable, visiblement gêné, sans que je n'en comprenne la raison.

"- Désolé, mais, je n'ai rien dit de...
- Je l'ai rejetée il y a environ un an."

Merde. Je suis un gros con.

"- Oh. C'est pour ça que tu ne réagis pas à ses gestes d'affection ?
- Hm. Elle croit que je m'en fiche, mais je remarque toutes ses attentions et c'est dur.
- Pourquoi tu l'as rejetée ?
- J'y ai pensé, une fois qu'elle m'a tout avoué, et je n'avais pas envie de la prendre dans mes bras, ni de l'embrasser ou... De "dormir" avec elle.
- Oh, en effet. Mais je n'ai pas l'impression qu'elle l'ai compris, vu ce qu'elle fait et comme elle te regarde. M'enfin, elle trouvera bien quelqu'un qui lui fera oublier tout ça.
- Pourquoi pas toi ?"

Pardon ?

"- MOI ? N'importe quoi, je la connais depuis deux jours. Et puis elle ne m'intéresse pas vraiment.
- Désolé d'en avoir parlé. Je dis n'importe quoi. Je m'inquiète juste qu'elle reste attachée à moi. Elle a fait fuir quelqu'un avec qui ça marchait pas trop mal. Du coup, depuis, je n'essaie même pas d'avoir une relation.
- Elle n'est pas triste pour toi ?
- J'en sais trop rien."

Je ne réponds pas. Jaejin passe une main dans sa frange et soupire. Il passe son bras autour du mien et nous nous appuyons l'un sur l'autre, regardant le coucher de soleil qui enflamme le ciel de sa couleur rose-orangé.

À la nuit tombée, il se lève puis me tend la main pour m'aider à me mettre debout. Après avoir frotté l'un l'autre nos fesses ensablées, nous retournons à la voiture. Nous ne parlons pas. Seul le son de la mer couvre ce silence apaisant.

"- Merci Inguk. Dit-il en poussant sa capuche en arrière."

Je lui donne un sourire comme réponse, me positionnant pour dormir, mais une sonnerie de téléphone me surprend, résonnant dans tout l'habitacle. Jaejin décroche en appuyant sur la touche verte qui est apparue à côté de la rouge sur le GPS.

"- Hey Nara. Tu as reçu ma photo ?
- Jaejin ! Où es-tu ?! Viens vite !"

Elle a l'air incroyablement paniquée. Je me redresse pour écouter plus attentivement.

"- Je suis à quatre heures de route de chez toi.
- Je savais que je ne pouvais pas compter sur toi !
- T'es sérieuse ?! Mais qu'est-ce qui se passe ?
- Rien, laisse tomber. Bonne soirée."

Nous restons de marbre. Mon téléphone sonne à son tour. Je mets le haut-parleur pour que Jay puisse entendre.

"- Allô ?
- Inguk ?!
- Ben oui.
- J'ai besoin d'aide ! Tu peux venir maintenant ?!
- Je suis avec Jay...
- Putain !
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Rien !
- Arrête de faire la gamine et dis nous ce qui se passe !"

Mon nouvel ami me regarde avec des yeux ronds. Il ne s'attendait certainement pas à cette réaction de ma part. Mais j'ai d'autres chats à fouetter que les caprices d'une gamine caracterielle.

"- Arrête de me crier dessus, je suis sérieuse ! Ahhhhhh. Non !"

Le son s'arrête. Mon écran s'éteint.

"- Elle a raccroché. Jay, on a interêt de se grouiller.
- Attend.
- Comment ça "attend" ? Elle a l'air paniquée."

Jaejin prend son téléphone et compose le 119.

"- Bonsoir. Je viens de recevoir l'appel d'une amie qui avait l'air paniquée. Oui, à Seoul, Cheongdamdong 111, à Gangnam. Ok, merci. "

Il raccroche.

"- C'est bon, ils vont verifier.
- Tu es vraiment plus intelligent que moi...
- Haha. Merci."

(Nara)

Je vois des gyrophares bleus pulser de leur forte lumière devant ma fenêtre. Je me lève pour voir ce qu'il se passe puis vois la police garée devant chez moi. Si seulement Jay était là, j'ai besoin de lui ! Ils toquent fortement à la porte.

"- Police ! Ouvrez la porte !"

J'ouvre, comme ils me le demandent. Un peu surprise de les voir à une heure pareille.

"- Bonsoir messieurs. Qu'y a-t-il ?"

 Qu'y a-t-il ?"

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 Frères [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant