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(Nara)

J'arrive à bout de souffle, cherchant nerveusement la chambre que m'a indiquée Jay au téléphone avant que je ne parte en trombe de chez moi.

Ma tête tourne de gauche à droite, remontant le manteau qui glisse sur mes bras, scrutant les nombres à trois unités collés sur chaque porte.

C'est après avoir monté un escalier et traversé un long couloir que je le vois enfin. Jay. Assis sur une banquette. Le coeur battant, je tente de me calmer en ralentissant ma marche et en respirant profondément. Je m'assois alors à ses côtés sans qu'il n'aie l'air de le remarquer et lui prends la main. Il a la tête baissée. Je crois qu'il pleure.

"- Hey Jay, regarde moi. J'essaie d'une voix douce.
- Nara."

Il me regarde enfin, les yeux rouges et la morve au nez. Dans une autre situation, je me serais certainement moquée de lui et de sa tête affreuse en cet instant.

"- Hm ?
- J'ai eu tellement peur qu'ils n'arrivent pas à le réanimer.
- Le réanimer ? Il... Il a failli mourir ?
- Hm... Je sais que je ne devrais pas être si touché mais il était là, juste devant moi et... Tu vois, je ne pouvais rien faire. Je me sens coupable et tellement impuissant."

Un vieil homme, qui était non loin de nous, s'approche de nous et nous adresse la parole un peu maladroitement, cherchant ses mots, retenant ses émotions.

"- Excusez-moi.
- Oh. Nara, je te présente le père d'Inguk.
- Bonjour monsieur."

Je me lève et lui serre la main, scrutant son visage qui me paraît familier.

"- Mon fils est maintenant dans un état stable. Merci à vous d'avoir réagi si vite.
- C'est naturel, on était dans ma maison, c'est la moindre des choses. Répond Jaejin en, renifflant, sortant un mouchoir en papier déjà bien trop usagé de sa poche.
- Votre geste ne sera pas vain. Prenez ma carte. Venez à cette adresse demain, à huit heures."

Il se prend pour le roi du monde son père ?

"- Demain nous travaillons.
- Eh bien, dites à vos patrons avec qui vous avez rendez-vous, ils ne vous en tiendront pas rigueur. Rares sont les personnes qui cherchent à me faire des problèmes.
- J'ai déjà entendu ça quelque part. Dit Jaejin en levant un sourcil."1

L'homme d'âge mûr s'éloigne et une infirmière, faisant coulisser la porte de la chambre du rescapé, vient nous dire d'une petite voix que nous pouvons entrer. Il est déjà réveillé. Quel genre de super-héro se réveille après si peu de temps ?

"- Sacrée journée pour une première rencontre."

Inguk sourit mais je vois bien qu'il se force. Il est clairement mal en point. Nous ne devrions pas être là. Même le rose de ses lèvres charnues a quitté son visage.

"- Tu l'as dit...
- Tu veux qu'on te laisse dormir ?
- L'un de vous peut rester dormir ici ? Je sais que j'abuse, qu'on ne se connait pas du tout mais... J'ai, hum, j'ai un peu peur de rester seul.
- Oh, bien sûr. Nara, tu devrais rentrer. Je t'appelle s'il se passe quoi que ce soit.
- Ok. Prends bien soin de lui. Et de toi. Mange quelquechose, ok ?
- D'accord. Merci d'être venue."

Je pose une main mal assurée sur la nuque de Jaejin et le tire pour embrasser le front glacé de ce dernier. Faisant un signe de la main à Inguk, c'est une boule au ventre indescriptible qui s'installe au fond de mon estomac alors que je quitte mon meilleur ami pour rentrer chez moi.

(Inguk)

"- Alors. Tu vas encore me dire que tu fais de l'anémie ? Me dit Jaejin en croisant les bras sur sa poitrine.
- J'avoue que je ne suis plus très crédible, là. Je dis plur essayer de détendre l'atmosphère.
- Si tu ne veux rien dire, je ne suis personne pour t'obliger à le faire. T'en fais pas."

Je suis gêné car je commence à avoir les larmes aux yeux. Je ne veux pas en parler. À quoi bon de toute façon ? Que mon père soit au courant m'accable déjà assez.

Jaejin prend un siège et vient s'asseoir à côté du lit. Il prend ma main, posant la deuxième sur ma tête, passant très légèrement ses doigts sur mes cheveux. C'est tellement agréable que je me surprends moi-même à fermer les yeux à ce contact, expirant de soulagement.

"- Je pense qu'on a tous les deux besoin de dormir.
- Oui. Merci Jay."

Le matin, quand je me réveille, Jaejin n'est plus dans le petit lit prévu pour les proches qui veulent rester jour et nuit aux côtés des patients. J'interroge l'infirmière qui est là à vérifier ma perfusion, celle qui m'a réveillé.

"- Où est parti mon ami ?
- Au travail monsieur.
- Oh, oui, bien sûr."

Je me souviens que j'ai le numéro de Nara dans mon répertoire. Je l'appelle.

"- Hey, ma fiancée !
- Heu, oui ?
- Je sors aujourd'hui, vous venez me chercher ?
- Oh, déjà ? c'est génial ! Je ne peux pas trop te parler, je suis en rendez-vous. À tout à l'heure, je te rappelle."

(Jaejin)

Elle raccroche, remet le mobile dans son sac et présente ses excuses à son faux beau-père en baissant la tête bien trop bas. Ses cheveux volent quand elle se redresse, se remettant en place d'eux-même sur ses épaules frêles.

"- Désolée.
- Il n'y a pas de mal. Inguk vous est reconnaissant, c'est certain. Donc, voici, comme promis, une preuve de ma gratitude. Dit-il d'un air incroyablement satisfait, son sourire assuré creusant les rides de son vieux visage."

Il fouille dans sa serviette et en sort deux bouts de papier blancs, reposant la malette de cuir fin au pied de son fauteuil.

Il nous tend alors, à chacun, une petite enveloppe. J'ouvre le battant qui n'a pas été collé et consulte le contenu du bout des doigts sans le sortir. Il vient de nous remettre deux chèques de 2 millions d'euros.

 Il vient de nous remettre deux chèques de 2 millions d'euros

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 Frères [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant