J'aimerai pouvoir mieux appréhender ce que l'avenir me réserve. Je les vois bien les autres, ceux qui ont déjà un avenir tout tracé, ils savent parfaitement ce qui se passera; jeunesse, études, amour, travail, famille, mort. Ils serviront à la société, une simple roue dans un immense engrenage. Ils le savent mais préfèrent fermer les yeux en imaginant que tout cela a un sens. Mais pour les gens comme moi, ce mot n'a aucun sens, impossible d'avoir un avenir quand on a pas de passé. Lorsque l'on tente d'apercevoir notre vie à venir, on ne voit que le néant. Un lieu infini où rien ne se reflète jamais, pas d'éclat de lumière, de douce musique ou de chaleur réconfortante mais juste le froid, le vide et quelques questions.
Qu'est-ce que j'aurais pu être, serait-je devenu celle que je suis aujourd'hui ?
Est-ce que j'y arriverais? Est-ce que je survivrai dans ce monde ?Cette question-là plus que toute les autres m'a longtemps maintenue éveillée des nuits entières et fait frissonner. La vie que je menais jusque là ne me garantissait pas un avenir et j'avais d'ailleurs fini par me résigner à ne pas avoir de réponse avant le moment venu.
Jusqu'à ce jour là. Le jour où quelque part dans le néant qu'étais ma vie, une silhouette est apparue. C'était plus une ombre qu'une forme humaine mais pourtant on pouvait reconnaître les contours flous d'un garçon, ou plutôt d'un homme. Cependant, quelque chose le distinguait d'un simple homme. Deux extensions de lui émergent de son dos. Elles étaient immenses, splendides, c'étaient des ailes. Mais c'était surtout le jour où mon avenir est enfin apparu. Le jour où j'ai trouvé le monde qui me correspondait.
***
Un rayon de soleil filtre entre les rideaux du dortoir, je l'observe continuer sa lente progression sur le vieux parquet en bois usé par le temps pour finalement s'arrêter au pied de mon lit. Je décide de prendre ça pour un signe et me lève lentement. Je me dirige doucement vers la petite armoire située dans un coin de la pièce au côté de deux autres meubles identiques. J'ouvre la porte grinçante et m'arrête un instant pour écouter les bruits environnants. Mais je n'entends que la respiration endormie de mes colocataires. Dans ce dortoir, nous sommes trois et bien que je ne les qualifierai pas d'amies, j'entretiens avec elles des relations cordiales et préfère ne pas les réveiller. Autant éviter les cris dès le matin. J'attrape un jeans, un sweat-shirt rouge à capuche et des basket. Je ne prend pas la peine de brosser mes cheveux châtains et me contente de passer mes doigts dans ma tignasse pleine de noeuds avant de sortir en refermant délicatement la porte derrière moi. À cette heure-ci, les couloirs sont encore déserts et je n'ai aucun mal à rejoindre le réfectoire situé deux étages plus bas. Il n'y a qu'une petite dizaines de résidents quand j'y entre, tous sont à moitié endormis et silencieux. J'échange quelques sourires et me sers rapidement de quoi manger avant de rejoindre une table et de m'installer. Mais ce moment de tranquillité ne dure pas, quelques minutes plus tard le réfectoire est plein et un joyeux brouhaha résonne sur les murs blanc de la salle. Je suis à moitié endormie quand une voix retentit derrière moi :
- Salut Ophélie !
Je me retourne pour faire face à une jolie brune aux grands yeux bleus et au sourire radieux. Je ne peux m'empêcher de sourire en la saluant à mon tour :
-Alice... qu'est ce qui te rend si joyeuse?
Elle s'assoit à mes côtés, pose son plateau aux côtés du mien, et me sourit malicieusement.
-Ne me dit pas que tu ne sens pas cette chaleur?
-Ouais.. probablement l'une de nos dernières températures agréables de l'année...
-Ça va me manquer...
Elle pousse un soupir triste, les yeux dans le vague.
-Dis... tu m'accompagneras pour acheter des vêtements d'hiver? J'économise depuis des mois!
-Hum... 'lice... La dernière fois que j'ai accepté, on a passé plus de 7 heures dans la même friperie...
Elle balaye ma remarque d'un geste agacé de la main et attaque de nouveau.
-Je sais parfaitement que tu m'aime trop pour me laisser seule et puis ... je suis sûre que le caissier qui te faisais de l'œil a hâte de te revoir ...
Elle éclate de rire tandis que j'ouvre la bouche avant de la refermer. Pas la peine d'argumenter avec elle je me contente de lever les yeux au ciel et de me résigner à l'accompagner au "centre-ville" comme elle l'appelle, qui est constitué d' une dizaine de magasins côté à côté et d'un petit Resto a une trentaine de kilomètre. Autant dire que ma présence n'est vraiment pas indispensable. Qui plus est avec cette histoire de caissier qui n'est qu'un malheureux malentendu, ce dernier ne m'avait pas quitté de l'œil de la journée jusqu'au soir ou, lorsque l'on a voulu partir il nous a retenu; or pas pour me demander mon numéro mais car, par je ne sais quelle malchance, un t-shirt avait glissé dans mon sac et il n'attendait que de me voir partir pour m'accuser de vol. Je ne peux pas m'empêcher de sourire en y repensant, surtout la façon dont elle m'avait défendue a corps perdu. Alice est ma seule véritable amie, elle est toujours douce et agréable et ne perd jamais une occasion pour rire ou se faire de nouveaux amis. D'ailleurs, je n'ai jamais compris pourquoi est-ce que l'on s'entendait si bien, on étiez comme la glace et le feu.
-Ophélie! Tu m'écoutes?
Je relève rapidement les yeux sur elle. Mince.
-Qu'est-ce que tu disais?
Elle soupire puis répète en articulant chaque syllabe et en parlant lentement, comme on le ferait avec un petit enfant.. ou une demeurée.
-Je disais qu'on devrait y aller si on ne veut pas être en retard pour les cours.
Je soupire et me lève à contre-coeur.
-Allons-y.
Après tout, c'est juste une nouvelle journée qui commence.
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Voilà ! Chapitre 1 publié, j'espère qu'il vous a plu! N'hésitez pas à voter et à commenter, à bientôt!
IMPORTANT : Pour certains qui étaient là avant vous avez pu remarqué que j'ai changer les noms des personnes en
Emma = Ophélie
May = Alice
N'hésitez pas à me prévenir si j'oublie de corriger quelque partBisous
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Plume Grise
FantasyOphélie, orpheline et solitaire vit une existence banale dans un petit orphelinat perdu au milieu de nul part. Rien de bien palpitant, a-t-elle toujours pensé. Mais lorsqu'elle rencontre un mystérieux garçon au milieu des bois, lui affirmant qu'elle...