Chapitre 6

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Je n'hésite plus une seule seconde et m'écris autant pour moi que pour l'autre.

-Cours!

Je m'élance en avant sans plus attendre immédiatement imitée par l'autre. Mes pieds glissent sur le sol lisse tandis que ma robe, normalement évasée, se colle à mon corps dans ma course folle. Un coup d'oeil sur le côté m'indique que l'autre connais aussi quelques difficultés avec sa robe trop longue qu'elle doit soulever à l'aide de ses mains si serrées sur le tissu soyeux que leurs jointures deviennent blanches. Un air terrifié passe sur son visage couvert de sueur lorsqu'elle se retourne pour constater l'avancée de la créature. Mauvaise idée, elle n'est à présent plus qu'à quelques dizaines de mètres de nous. Je me rends rapidement compte qu'elle n'en a pas après moi, ses six yeux injectés de sang sont tous fixés sur l'autre qui accélère tant bien que mal. L'adrénaline coule dans mes veines, me donnant à la fois l'impression de voler et de brûler de l'intérieur. Lorsque mes cheveux se soulèvent en réponse aux battements d'ailes de la bête je prends soudain conscience de quelque chose, les courants d'air qui m'ont dérangés tout à l'air n'en étaient pas vraiment. C'était l'effet des battements d'ailes de la bête! Sur le moment, ça me paraît impossible, elle était si loin! Mais lorsqu'un énième battement d'ailes menace de me soulever, j'oublie mes doutes et accélère encore plus. Ma vue est brouillée par les larmes que je n'ai pas sentie arriver tandis que mes cheveux me fouettent le visage. Je tente d'apercevoir au loin une issue ou juste une porte derrière laquelle nous abriter mais rien, devant nous il n'y a qu'un couloir qui s'étend à l'infini. Mes forces commencent à me quitter peu à peu, je ne tiendrait plus très longtemps à ce rythme. Un filet de sueur me coule le long du dos, mes battements de coeur résonnent si fort dans mes oreilles que je n'entends plus ma respiration saccadée. Ma terreur redouble lorsqu'un souffle chaud me caresse la nuque.

Soudain, un cri retentit. C'est un cri assourdissant, un cri de détresse. Comme au ralenti, ma tête tourne sur le côté, ce que je vois alors me serre la gorge et me noue les tripes. Un air de pur terreur est apparu sur le visage de l'autre, ses yeux semblent me hurler <<sauve moi, sauve moi>> dans un cri bien plus assourdissant qu ceux qui jaillissent de sa gorge, ses bras sont tendus dans ma direction tandis que ses jambes se débattent vainement dans le vide, dans le vide... Trois petits mots qui résonnent en moi comme une condamnation à mort lorsque je m'arrête net.

La réalité m'éclate alors au visage, la bête l'a eue. De la bile remonte le long de ma gorge lorsque je remarque chez le monstre une chose que je n'étais pas parvenue à voir tout à l'heure. Deux longs membres lui servant de bras, recouverts d'écailles aussi effrayantes que celles qui tapissent le reste de son corps et au bout de ses membres squelettiques, des griffes. Des griffes interminables, des griffes acérées, des griffes mortelles, des griffes plantées dans le ventre de l'autre.

Je pousse un hurlement d'horreur en tentant de me jeter sur eux pour la sauver bien qu'au fond de moi, je sache qu'il est trop tard mais je m'écrase lamantablement contre une sorte de mur transparent. Un mur, une vitre, un miroir? Dans tout les cas, il m'est impossible de la traverser. J'ai beau hurler, taper, pleurer, ça n'empêche pas le sang de gicler sur la barrière invisible qui nous sépare, ça n'empêche pas la chimère de s'envoler avec le corps de l'autre entre ses griffes, un corps ballotté par le vent que provoque le monstre, un corps mort, un cadavre. Je me laisse finalement glisser au sol, le dos collé contre la vitre, le monstre n'est polus qu'un points indistinct à l'horizon.

Prostrée dans ce décor impeccable, mon attention est soudain attirée vers une imperfection qui n'a rien à faire là. C'est une minuscule fissure juste en face de moi, sur le sol. Elle est casimment invisible mais dans dans ce lieu immaculé, elle déteint comme les tâches de sang derrière moi. Mes longs cheveux encadrent mon visages lorsque je me relève et me penche pour mieux la voir.Ce n'est pas suffisant et je tente alors de m'approcher pour la voir de plus près mais je n'ai pas fais trois pas quand la première secousse me fait tomber. Je n'ai pas le temps de me relever avant que le sol se mette brutalement à trembler, la fissure n'est plus minuscule, elle s'est transformée en gouffre sombre prêt à m'avaler.  Des cravasses apparaissent de toutes parts, c'est maintenant un paysage apocaliptyque qui m'entoure. Il faut que je trouve un moyen de partir! Je n'ai pas le temps de formuler une autre oensée cohérante avant qu'une nouvelle cavité s'ouvre, sous mes pieds cette fois, et m'emtraîne dans ses rpofondeurs obscures, avant d'ôter toute vie qui habite mon corps.

Plume Grise Où les histoires vivent. Découvrez maintenant