Ian est arrivé avec une bouteille de vin rouge et un petit bouquet de fleurs. Il a fait le tour de l'appartement, a fouillé dans les cd et a mis Leonard Cohen. Il a dit « Hum, c'est bon » en goûtant le poulet au curry, « Hum, c'est bon » en tartinant du fromage sur un bout de pain et « Hum, c'est beau » en regardant ses yeux brillants. Puis il a fait un nouveau tour de l'appartement, a regardé toutes les photos au mur et a posé mille questions. Sa curiosité enchantait Camille autant qu'elle la perturbait. Alors, elle essayait de répondre au plus précis comme au plus vague. Quand la bouteille de vin fut achevée, elle s'excusa de n'avoir rien d'autres à lui offrir. Ça le fit rire. Il dit :
— J'ai pensé toute la journée à cette soirée.
— Je ne vois pas le rapport, lança-t-elle.
— Il n'y en a pas, affirma-t-il, mais je voulais que tu le saches.
Elle lui dit que peut-être ils pourraient aller boire un verre dans un bar dehors, que Prune les attend au bord du Canal Saint-Martin. Mais Ian lui avoue que franchement, si ça ne la dérange pas, il préfère rester là parce que dehors il fait si froid et qu'ici il a bien chaud. Camille acquiesce, commence à débarrasser la petite table qui d'ordinaire lui sert de bureau et il l'aide. Ils n'arrêtent pas de se croiser, de se toucher et de trembler. Les assiettes là, les couverts ici et tous les deux devant l'évier à laver.
— J'adore ça.
— Quoi ?
— Faire la vaisselle.
Camille fronce les sourcils, s'excuse.
— Tu n'es pas obligé de la faire. Ca va vite...
Ian l'interrompt
— Non, c'est sérieux. J'adore être là, avec toi, les mains plongées dans l'eau chaude. C'est simple et calme.
Camille rit.
— Qu'est-ce qui te fait rire ?
— Rien... Je suis juste en train de me dire que personne ne pourrait me croire si je racontais qu'un acteur américain qui gagnera un jour trois Oscars a fait ma vaisselle et a adoré ça ! C'est un peu surréaliste pour moi !
—J'imagine que ça peut paraître surréaliste effectivement. Mais je ne suis pas une star ou un truc du genre. Je ne suis pas milliardaire non plus... Je suis juste un peu connu.
Camille lui tend un assiette qu'il essuie avec beaucoup de soin.
— Tu t'appliques toujours autant ? demande-t-elle amusée en le regardant faire.
— Non, c'est pour t'impressionner.
— Ce n'est pas vraiment nécessaire.
Camille ferme le robinet de l'évier, lui prend l'assiette des mains, la pose sur le bar.
— Tu es déjà impressionnée, c'est ça ?
— Il faudrait que tu m'embrasses pour que je puisse en juger, suggère-t-elle les yeux baissés.
Ian en reste sans voix. Il ne s'y attendait pas comme ça. Mais l'occasion est rêvée, parfaitement adaptée à ses désirs d'elle.
—Tu n'en as pas envie, demande-t-elle gênée.
—Non, c'est juste...et puis non, rien.
Et il se penche vers son visage et l'embrasse tendrement. Baiser doux bien sûr puis très vite d'une humidité affolante. Elle en a le cœur tout retourné, le corps abandonné.
— Oh, mon Dieu, murmure-t-il en la prenant dans ses bras, pourquoi c'est si parfait ?
Mais déjà, Camille s'écarte, le prend par la main et l'entraîne vers le lit. Elle éteint au passage les lumières gênantes et ôte une première épaisseur de vêtements. Ian suit le mouvement et à moitié nu déjà, honteusement fébrile cependant, il l'aide pour les dernières épaisseurs. Immédiatement, la vue de son petit corps de poupée qu'il ne devinait pas si menu lui inspire un drôle de bonheur physique. Mais ce n'est rien comparé au plaisir du contact de sa peau, à la caresse de ses seins ronds et chauds. Il plonge ses lèvres dans son cou, achève de se déshabiller complètement et non sans quelques préambules caressants, la pénètre avidement. Cette absence de préliminaires véritables la surprend quelque peu. Sa petite main nerveusement cherche la sienne. Il s'en saisit et la serre fort. Camille, les yeux grands ouverts, passe ses jambes autour de ses reins, non sans pouvoir retenir quelques petits gémissements d'animal reconnaissant. Les paupières vacillantes, elle tente de retenir le plaisir qu'elle sent inéluctablement monter en elle. Ca n'a jamais été comme ça. Jamais aussi rapide et intense. Elle en a presque mal de plaisir, mal d'une jouissance pareille. Ian lui vole un baiser, replonge sa bouche entre ses seins, accentue la précieuse cadence de ses reins. Mais jamais ne lâche cette petite main dans la sienne. Il en est presque handicapé dans ses mouvements mais ne peut s'en séparer. Soudain, il sent le petit corps sous lui se raidir et elle ne peut s'empêcher de pousser un cri. Non pas petit ou vocalisant mais d'une spontanéité dont elle ne s'était jamais sentie capable, comme un cri poussé par quelqu'un d'autre, un cri qui s'accentue encore quand Ian explose en elle. Ian relève la tête et il voit son visage. Elle est là, oui, à lui sourire, à le regarder dans les yeux, à boire à sa bouche. Ian caresse son visage, repousse ses cheveux.— Mon dieu, murmure-t-il, en retombant sur le côté...
Et Camille se blottit immédiatement contre son corps sans prononcer une parole, sans pouvoir retenir deux ou trois larmes discrètement salées.
— C'est fou, susurre-t-il à son oreille. Tu ne vas pas disparaître, dis-moi ?
Camille cache ses yeux, lui offre un sourire. Elle dit :
— Tu dis toujours ça après ?
Ian, gentiment, s'insurge.
— Non ! D'habitude, je trouve n'importe quel prétexte pour m'enfuir !
— C'est dégoûtant !
— Ouais, mais c'est humain.
— Et tu ne vas pas fuir ?
— Non. Sûrement pas.
VOUS LISEZ
La seule chose qui lui importe au monde
RomanceCamille a 21 ans. Elle vit à Paris, étudie la chimie et ne sait pas dire à quoi la vie la destine. Un soir de novembre, elle croise le chemin de Ian. Américain de nationalité, acteur de profession, célèbre de statut. Aussi différents soient-ils, le...