Chapitre 9

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- Sors d'ici et trouve-toi une autre pute !

Ces mots le frappèrent plus durement que le feu du scorpion. Sous le choc, il fallut quelques instants à Rhadamanthe pour réaliser ce qu'il venait d'entendre.

- Je ne veux plus jamais te revoir !

Quel salaud ! Pensa le juge. Il aurait dû se méfier... Mais c'était si bon d'espérer... Misérables humains ! Ne jamais les croire... Surtout les chevaliers d'Athéna... Le whyvern ne pensait pas éprouver un jour pire douleur que celle provoquée par le sang du seigneur Hadès.  Il ne prêta aucune attention aux spectres ou serviteurs qui le saluaient avec crainte avant de disparaître à la vitesse de l'éclair. Heureusement pour eux, le juge était bien trop occupé à tenter de se calmer

Rage et désespoir bataillaient en lui. La fureur qu'il ressentait contre Kanon était sa bouée de sauvetage, l'empêchant de sombrer dans les abysses du chagrin, de s'effondrer là, au milieu du couloir à sangloter comme un petit garçon. Il s'était montré faible en laissant ses larmes lui échapper. Et cet enfoiré les avait vues ! Cette pensée le fit stopper net. D'un simple mouvement de bras, Rhadamanthe frappa la cloison à sa droite en une fraction de seconde. Son cosmos qui s'était enflammé s'éteignit et alors que le juge se remettait en route, le mur se fissura telle une toile d'araignée, éparpillant au sol la couche superficielle de peinture et de pierre. Tous ceux qui s'activaient aux alentours déguerpirent, comme une envolée d'oiseaux effrayés par un coup de feu.

- Qu'on ne me dérange pas ! Aboya le whyvern en claquant la porte de ses appartements.

Injection bien inutile car personne ne s'y serait risqué, sous peine d'une mort rapide certes, mais fort douloureuse. Il avait voulu être diplomate avec une solution qui conviendrait à tous, mais ce chien de chevalier l'avait trahi. Comment avait-il pu être assez stupide pour faire confiance à un être qui avait trahi deux divinités ? Il lui avait volé l'amour de Valentine ! Alors pourquoi le ménager ? Parce que tu sais que c'est faux ! Clama l'impitoyable voix de sa raison. En réalité, tu as perdu Valentine il y a deux cents ans de cela.

- A cause de ce maudit Alone ! Lança Rhadamanthe en tournant comme un fauve en cage.
- Eh oh ! Grandit un peu et assume tes responsabilités au lieu de rejeter la faute sur les autres ! Persifla l'image d'Eaque, que son esprit égaré venait de créer. Ce n'est pas à cause d'Alone ou de Kanon que tu as perdu Valentine, c'est uniquement de la faute de tes conneries !

L'image de Minos se joignit à son demi-frère en approuvant d'un hochement de tête avant de lâcher "catin ! " tandis que le Garuda illustrait le propos d'un obscène mouvement de bassin.

- Mensonges ! Cria l'Anglais.
- Il t'a offert son amour pendant des millénaires, n'espérant que le tien en retour, ou au moins que tu le remarques... Reprit le Népalais. Et toi, tu n'as fait que le baiser quand tu avais besoin de tirer un coup pour te détendre.
- Catin ! Fit le Griffon en hochant la tête.
- Il n'a couché qu'avec moi avant ce...
- Catin privée !  Coupa le Norvégien avec le même hochement que précédemment.
- Il me l'a prêté quand je lui ai demandé et qu'il croyait que j'allais mal, intervint Eaque.
- Donc, c'est bien sa pute, conclut Minos d'un air entendu.
- Non ! C'est faux ! S'exclama Rhadamanthe avec véhémence.

Pourquoi fallait-il que sa conscience prenne l'apparence de ses frères ? Songea le juge exaspéré.

- Parce que on t'avait prévenu, mais que tu nous as ignoré, nargua Eaque avec l'approbation de Minos.

Le Whyvern se remit à arpenter le salon.

- Catin ! Lancèrent de concert les deux juges.

L'image de Valentine tel qu'il l'avait vu la dernière fois se forma dans son esprit.

La valse des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant