Chapitre 22

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Valentine et Kanon se trouvaient à genoux devant Hadès et Minos. La mine renfrognée du juge avait disparu lorsque le spectre avait annoncé qu'il savait où était Rhadamanthe. Même s'il n'appréciait pas de voir ses ébats interrompus, encore, la nouvelle le réjouissait.

- Où ça ? demanda-t-il en oubliant complètement le protocole, ce qui fit sourire Hadès.
- Où se cache-t-il ? Mais parle ! Le pressa de nouveau le Griffon.

Le dieu amusé et grandement soulagé, fit taire son amant d'un geste tendre.

- Mais laisse-le donc parler mon amour !

Le souverain pouvait lui pardonner son écart de conduire, puisqu'après tout ils se trouvaient dans ses appartements. Mais s'il ne rappelait à l'ordre l'impatient, le pauvre Harpie aura bien du mal à en placer une.

- Mon seigneur, Rhadamanthe se trouve là où à commencer....
- Quoi ?! L'Italie ?! s'étonna Minos.
- Non mon ange. Je pense que Valentine veut parler de leur histoire d'amour. Là où elle a commencé.
- Oh mais bien sûr ! fit le Norvégien en frappant le front. La Crête. Mais pourquoi on n'y a pensé pas  avant ?
- Parce qu'on est parti du principe que Rhadamanthe fera tout pour oublier, répondit l'ex-Dragon avec un petit sourire en coin.

Petit sourire qui ne manqua pas d'agacer Minos, le prenant pour une attaque personnelle, sautant à pieds joints dans le piège du Grec, il répliqua  d'un ton mordant.

- TU es parti du principe...
- Principe que tu as approuvé, se fit un plaisir de faire remarquer Kanon narquois.

Hadès soupira en secouant la tête. Décidément, le chevalier ne pouvait pas s'empêcher de provoquer. Il ignorait ce qu'allait finalement décider l'infernal triangle amoureux mais le souverain jugea préférable pour sa santé mentale de ne pas y penser maintenant, et surtout de couper court à la dispute naissante. Aussi, il se leva et clama d'une voix forte.

- LA FERME !

Trois paires d'yeux convergèrent vers lui avec surprise.

- Bien maintenant que j'ai toute votre attention, poursuivit le dieu en contenant à peine un sourire amusé. Minos, je te charge d'aller le chercher en Crête. Assure-le que je comprend son geste et qu'il n'y aura pas de sanction. Et surtout, surtout, tu me le ramènes de gré ou de force. Cette situation n'a que trop durée. Je servirai de médiateur pour la régler une bonne fois pour toute.
- Seigneur Hadès, intervint respectueusement Valentine. Si vous permettez, c'est à nous d'y aller.
- Valentine, n'y voit là aucun reproche, mais c'est à cause de vous deux qu'il est parti... commença le souverain.
- Justement, l'interrompit Kanon.

Le chevalier avait fait l'effort de rester à genoux comme son amant, mais il n'eut pour autant aucun scrupule à couper le dieu.

- Comme vous l'avez dit, c'est à cause de nous que nous en sommes là. Alors c'est à nous de réparer. Valentine et moi en avons longuement parlé sur le chemin du retour. Les choses sont maintenant claires pour nous et je suis sûr que nous saurons trouver les mots pour ramener votre fugueur. Et puis même si c'est très honorable de ta part de vouloir jouer les médiateurs. Reconnais qu'avec le caractère secret et tête de cochon de ton juge, c'est voué à l'échec. Alors qu'avec moi, il s'est déjà laissé aller aux confidences. En plus, de son point de vue de « Monsieur intransigeance » il a déserté. Alors c'est peut-être pas la peine d'ajouter à son humiliation en envoyant Minos le ramener par la peau des fesses. Même si je trouve l'idée très séduisante.

Hadès se mordit la lèvre pour ne pas rire. Chez tout autre, ce passage du vouvoiement au tutoiement aurait passé pour une étourderie, mais pas chez le Gémeaux. C'était un rappel de leur toute nouvelle amitié et une indication qu'il pouvait lui faire confiance aussi pour cela. Cependant ce n'était pas cela qui amusait le dieu. C'était l'air choqué de ses spectres mêlé de frayeur pour l'un et de rage contenue pour l'autre. D'ailleurs, qu'est-ce qui empêchait Minos d'exploser ? Le protocole ? Non puisqu'ils n'étaient pas vraiment en service. Son inquiétude pour Rhadamanthe ? Non plus. Le souverain sourit lorsqu'il comprit que si le juge ravalait sa colère, c'était parce que ça aurait fait trop plaisir au chevalier. Et la malice à peine visible dans les yeux baissés de ce dernier confirmaient l'hypothèse. Pour désamorcer la situation, Hadès les fit se relever et les invita à prendre place sur des sièges qu'il venait de faire apparaitre.

La valse des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant