La valse des sentiments

Chapitre 10

Valentine était assis sur la plage depuis maintenant une bonne heure. À quatre heure de l'après-midi, le soleil était encore mordant, mais il s'en moquait. Il était trop occupé à fulminer contre Rhadamanthe. A cause du juge, il s'était à nouveau disputé avec Kanon. Et Mélinoé qui s'en mêlait à présent... Comme si une enfant pouvait en savoir quelque chose ?

Bon d'accord ! Ce n'était pas vraiment une dispute... Et ce n'était pas non plus vraiment une enfant ! Admit la Harpie en réponse aux protestations de sa conscience. Par contre, ce qui était vrai, c'était qu'il détestait cet enfoiré de Whyvern.

- En es-tu sûr ?

Le spectre surpris, se releva d'un bond. Perdu dans ses réflexions, il avait d'abord cru qu'il s'agissait de Kanon.

- Sûr de quoi ?
-  Et bien de détester cet enfoiré de Whyvern.

Le Chypriote, bouche bée détaillait l'intrus qui avait osé lire ses pensées. Comment avait-il peut le confondre avec son amour. La brise qui soulevait l'épaisse chevelure cérulée de celui-ci renvoyait au spectre des senteurs marines lui rappelant son amant. Ses traits fins et son corps svelte semblait lui donner 20 ou 25 ans. Impression démentie par l'expression de ses yeux aussi changeant que l'océan. Malgré un regard d'espiègle moquerie, il émanait de l'individu une aura de puissance qui coupait court à toute envie de familiarité.

- Poséidon ! S'exclama Valentine avec un mouvement de recul.
- Lui-même ! Répliqua le dieu amusé. Mais tu n'as pas répondu à ma question.
- Votre question ?
- Oui ma question ! Es-tu sûr de détester cet enfoiré de Whyvern ? On ne peut pas dire que tu aies inventé l'eau chaude toi ! Avec des spectres pareils, pas étonnant que mon cher frère ait perdu la guerre. Railla le seigneur des mers.
- Oui j'en suis sûr ! Il a brisé ma vie ! Je croyais qu'il m'aimait mais je n'ai toujours été qu'une putain pour lui ! S'exclama la Harpie en ravalant l'insulte, puis il ajouta en oubliant momentanément qu'il s'adressait à un dieu. Et je vous signale que vous aussi vous l'avez perdu et juste contre une poignée de bronze !

La déité éclata de rire.

- Tu es quelqu'un de loyal Valentine de la Harpie, l'étoile céleste de la lamentation. Tu vas même jusqu'à défier un dieu par loyauté.
- Défier... Souffla le spectre soudain inquiet. Non... Mais... Mais... Je ne peux laisser mon seigneur Hadès se faire insulter de la sorte et cela n'a rien avoir avec Rhadamanthe.
- Oh que si, cela à avoir... Un homme de ta trempe ne peut balayer des millénaires de loyauté...
- Malgré tout le respect que je vous dois, vous ne me connaissez pas. Vous ne... De toute façon je ne suis pas sous vos ordres. Répliqua-t-il après une courte pause. Donc ma vie privée ne vous regarde en rien !
- Tu te trompes encore, mon petit spectre ! Fit Poséidon comme s'il s'adressait à un jeune enfant. C'est pourtant simple à comprendre ! Si tu prends la mauvaise décision, tu en souffriras et si tu souffres, ton cher Kanon souffrira... Et je n'ai absolument aucune envie de le materner à nouveau pendant qu'il chouine sur ses problèmes de couple.
- Alors d'abord, Kanon ne chouine pas ! Et vous voulez me faire croire que son sort vous intéresse après ce qu'il vous a fait. S'exclama la Harpie que la condescendance du dieu commençait sérieusement à agacer.
- Bien sûr que je m'en soucie. Je prend toujours soin de ce qui m'appartient.
- Kanon ne vous appartient pas ! C'est un chevalier d'Athéna. C'est à sa déesse qu'il est fidèle.

L'ébranleur de sol se mît à nouveau à rire.

- Ah vous les humains ! Vous êtes tellement naïf que s'en est divertissant. Ton cher et tendre m'appartient. Tant qu'il n'aura pas trouvé et formé un successeur, il reste le général Dragon des mers, protecteur du pilier de l'océan Atlantique Nord. Il croit me défier, me résister, mais il ne fait que me servir. Son insolence ne m'offense pas parce que vois-tu, mon petit spectre, c'est quand il s'imagine se rebeller qu'il est le meilleur... Quant à toi, ne fais rien que tu pourrais regretter, il n'y a pas toujours de deuxième chance contrairement à ce que pense ma chère nièce.