Chapitre 17

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Après le désastre qu'il venait de vivre, Hadès ressentit le besoin de marcher pour se détendre. Mais le temple des Gémeaux n'était pas encore en vue qu'il se dit que c'était finalement une mauvaise idée. Il était épuisé, le corps et l'âme meurtris, le garde qui l'escortait grognait à mesure qu'il ralentissait et il avait encore dix temples avant d'atteindre le palais ! Soudain découragé, il vit une silhouette descendre à leur rencontre. Il reconnut le cosmos de Kanon.

- Laisse-nous, ordonna le chevalier. Je me charge de le conduire au palais.

Le soldat ne se le fit pas dire deux fois.

- Bah alors ! C'est à cette heure-ci qu'on arrive ! Taquina le Grec. Chez le commun des mortels le déjeuner c'est le midi, pas le soir.

L'évocation du repas fit se révolter l'estomac d'Hadès, d'un côté n'ayant rien avalé depuis la veille et beaucoup dépensé, il avait très faim, mais de l'autre, sa visite chez Gaïa et ce qu'elle l'avait obligé à faire lui retournait l'estomac. Le silence du dieu l'inquiétant, Kanon jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. Il vit qu'il était anormalement pale et semblait épuisé. Lorsqu'ils pénétrèrent dans le troisième temple, l'ex-marina se dirigea vers l'appartement.

- Je croyais que nous allions voir Shion et Athéna ? S'étonna le souverain.
- C'est exact ! Mais vous avez visiblement besoin d'une petite pause. De toute façon, vu votre retard, ce n'est plus à dix minutes près.

Lorsqu'ils passèrent la porte, Hadès fut surpris par l'apparence spartiate du logement en comparaison à ceux de ses spectres. Mais il était vrai, qu'eux n'avaient pas à reconstruire à chaque guerre et que plus ou moins les mêmes locataires y résidaient au fil des siècles.

- Oui je sais, ce n'est pas le grand luxe, fit Kanon qui devinait aisément ses pensées. Mais que voulez-vous, mon frère est un vrai moine.
- Et il ne t'autorise pas à aménager selon tes goûts ? S'étonnait le dieu.
- Je n'habite pas là, je viens juste lui taxer des trucs de temps en temps.
- Ah ! Je pensais que la maison offerte par Athéna était juste pour....
- Coucher avec Val ? Ouais, c'est vrai qu'elle me l'a donné quand on s'est mis en couple... Non rectification, elle nous l'a donné. Mon frère et moi, on s'aime mais on est trop différent pour des jumeaux, on...
- Tu en as de la chance, coupa tristement Hadès.
- Ok, fit Kanon pour lui-même, si le souverain en venait à regretter ses frères, alors il allait plus mal qu'il ne le pensait. Il proposa. Thé, café, un truc plus fort ?
- Un truc plus fort, sourit la déité.
- Whisky ?
- Non, je déteste. Ça a un goût de punaise écrasée.

Le silence fit relever la tête à Hadès qui vit Kanon le dévisager d'un drôle d'air.

- Quoi ! S'agaça-t-il. J'ai le droit de ne pas aimer.
- C'est vrai. Mais ce qui m'inquiète, répondit le chevalier avec une expression où se mêlait une sincère compassion et un franc dégoût. C'est que vous sachiez quel goût à une punaise écrasée.

Voyant le Gémeaux secoué la tête, consterné, il éclata de rire. Il avait vraiment bien fait d'accepter cette pause.

- En fait, je n'en sais rien. C'est Eaque qui m'a dit cela un jour.
- Ah d'accord, ça me rassure ! Lui par contre, il est tout à fait capable d'avoir goûté pour comparer.
- Beurk ! Lâcha malgré lui le seigneur des enfers. Je vois que tu le connais bien.

Kanon hocha la tête avec la même mine écœurée que son interlocuteur et tous deux éclatèrent de rire.

- Merci Kanon. Fit le dieu en s'asseyant à la table.
- De rien. Donc pas de punaise !... Ah ! Il y a de la Vodka Pinter.
- Il n'y a rien de plus fort ?
- Si ! De l'alcool à 90°

Hadès qui fixait ses mains, releva les yeux vers le Grec qui affichait un sourire amusé.

-Va pour la Vodka alors, répondit-il avec un faible sourire.
- Excellent choix.

La valse des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant