Chapitre 23

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Lui faire imaginer des rêves qu'il ne pourra jamais réaliser. Le faire languir et supplier, mais jamais toucher et apprécier.

Cette peine était réelle, il n'y avait aucun moyen de la masquer, de faire comme si elle pouvait être mise de côté. Abandonnée dans un recoin sombre de mon existence, laissant place à une lumière égide d'un nouvel avenir. Sa présence me hantait, j'étais subordonnée à une force spirituelle m'empêchant tout échappatoire. Ma peine était personnifiée, elle s'appelait Romane, et elle ne me quittait pas de la journée. Même si dans les faits elle m'avait réellement quittée. Tout cela était beaucoup trop paradoxal et colossal à expliquer, voire à vivre. J'avais tenté de me libérer des chaînes qui m'entravaient, quitte à faire alliance avec le diable en personne, mais tout n'avait fait qu'empirer. Et j'ai alors dans toute cette ivresse de la vie trouvée ma voie, celle de l'affront, celle où je n'avais le choix que d'être une joueuse afin de gagner, d'être indépendante de tout regret. J'ai souffert, j'ai changé, mais je suis revenu. Car la force c'est de pouvoir se cicatriser des douleurs qui nous ont changé, d'effacer ces traces souffrantes qui nous ont affecté.

- Cécilia ! C'est à qui cette porche devant la maison ? cria ma mère, interrompant le fil divergent de mes pensées.

Je terminais de boucler ma dernière mèche de cheveux, les laissant onduler le long de mon dos et appliqua une couche de rouge à lèvre matte.

- C'est mon ami ! m'écriais-je en espérant que cet idiot ne cherche pas à rentrer dans la maison.

Je levais les yeux au ciel lorsque j'entendis la sonnerie de la maison suivit de la porte de la maison qui s'ouvre. Le grognement énervé de mon père me signala que Nolan avait fait ce que j'appréhendais tant. Je repassais de mes mains ma courte robe blanche, vérifia que mon maquillage était impeccable et portais mes talons aiguilles avant de sortir de ma chambre. Lorsque je descendis les escaliers, tous les regards étaient rivés sur moi. Mais ce n'est pas mes parents qui me laissèrent le plus perplexe, ce fut le regard soutenu de Nolan qui me donna des papillons dans le ventre et accéléra les battements de mon cœur.

- Salut, leur dis-je.

Nolan retrouva rapidement son indifférence tandis que mon père reprit aussitôt sa mine renfrognée. À croire que parler m'avait transformé à nouveau en un monstre abominable.

- Cécilia, tu peux m'expliquer pourquoi Estéban est chez nous ? demanda mon père.

Je lançais un regard noir à Nolan, mais me rappelais rapidement que je devais garder mon rôle de fan amoureusement possessive. Il portait une chemise noire qui faisait ressortir son magnifique corps d'Apollon et avait ébouriffé ses cheveux pour se donner cette allure sexy à laquelle peu de gens pouvait résister.

- Maman, papa, je vous présente mon rendez-vous de ce soir, annonçais-je en allant me placer près du jeune homme.

Mon père faillit s'étouffer avec sa salive tandis que ma mère plaçait gentiment une main sur son épaule pour le calmer.

- Pardon ? demanda mon père. Alors là, Cécilia, j'en ai jusque-là de tes conneries, me gronda-t-il en mettant sa main au-dessus de son front.

- Monsieur. Edmonton, votre fille est assez grande maintenant. Elle peut se permettre d'avoir des amis garçons, vous voyez ce que je veux dire ? Je sais que c'est difficile à accepter, mais vous allez y arriver. D'ailleurs Célia, j'appellerais plutôt ça un rancard, dit nonchalamment Nolan, ce qui ne fit qu'énerver davantage mon père, même si je doutais que c'était le but de mon idiot de rancard.

Mon père lâcha un rire ironique comme il aimait si bien le faire lorsqu'il était énervé.

- Tu es le cauchemar de tout père, Estéban. Tu rends ma fille malheureuse alors tu n'es pas le bienvenu. Pars, dit mon père d'un ton détaché.

Cicatrisés par l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant