Il avait autrefois été mon rêve, il jouait maintenant le rôle de mon pire cauchemar.
Je marchais nonchalamment dans le corridor de mon lycée, prête à encaisser tous les mauvais coups que me réservaient rituellement mes journées. J'ouvris mon casier et sortis des mouchoirs de mon sac afin de nettoyer la sauce tomate avec laquelle on avait soigneusement tartinée mes livres d'écoles. J'enlevais également les quelques menaces de morts signés indifféremment par leur géniteur. Nolan Estéban. Évidemment, c'était celui qui menait la danse dans toute cette tiraille. Il pourrait consacrer une journée entière à construire sans nonchalance ma tombe si l'on lui donnait l'occasion. Me voir mourir de pleurs, mangée par un ours ou encore écrasée hasardement par un bus de l'école sont également quelques nouveaux ajouts dans sa liste noire passionnante dans laquelle mon nom est écrit en gras. Je lâchais un faible soupir, soulagée que cette farce soit beaucoup plus abrégée que la précédente. Je regardais ensuite le casier à ma droite qui paradoxalement au mien, était décorée de fleurs et de mots débordants d'affections. Romane Estéban. Cela faisait maintenant 1 ans qu'elle m'avait quittée, qu'elle nous avait tous quittée d'ailleurs. Et j'étais celle qui souffrait le plus de son départ, autant physiquement que psychologiquement. Elle me manquait terriblement, mais il m'est interdit de le prononcer puisque tout était de ma faute. Si seulement... et voilà, cette culpabilité faisait à nouveau surface. Je refermais rapidement mon casier et m'éloigna le plus promptement possible de ces nombreux souvenirs malveillants que j'avais tenté de chasser sans vergogne. Et comme si la vie elle-même voulait me châtier, je tombais sur mon pire ennemi depuis maintenant exactement une année. Celui que j'avais tant cherché à éviter, celui qui en était venue au point de détester chaque lettre de mon prénom. Je baisais la tête, prête à m'éclipser et à faire de ce moment un nouveau regret quand Nolan m'empoigna le bras.
- Cécilia..., siffla-t-il entre ses dents.
Il était si menaçant, une toute nouvelle personne lorsqu'il était en ma présence.J'essayais de me faire petite, de cacher mon visage avec mes longs cheveux bruns, mais il dégageait une aura si puissante que je savais ne jamais pouvoir trouver refuge loin de son emprise.
- J'espère que mes messages t'ont été livrés, me dit-il d'un ton froid
- Oui...Oui, je les ai reçus ..., bégayais-je
Lorsque j'étais avec lui, je perdais tous mes moyens et lui aussi d'ailleurs, mais pas au sens affectif. Non, c'était plus de la haine qu'il ressentait tandis que moi j'avais une peur frénétique envers sa personne.
- Bien, j'espère aussi ne plus t'avoir dans mon chemin... meurtrière, murmura-t-il doucement dans mon oreille avant de me relâcher et poursuivre son chemin
Je ne sus combien de temps je restais ainsi debout au milieu du couloir, mais la cloche signifiant le début des cours me sortit de ma transe. Je m'empressai de trouver ma classe, mais comme je le craignais j'étais en retard.
- Mademoiselle Edmonton, avez-vous une justification ? , demanda Miss. Élizabeth, ma prof d'anglais
Je regardai les élèves de la classe qui me fixaient méchamment, attendant chaque jour impatiemment que je prenne un siège pour pouvoir me lancer des boules de papiers ou m'accuser de tords à travers pour que le professeur finissent par convoquer mes parents. Mais aujourd'hui, la prof semblait vouloir enseigner un cours discipliné et dans le calme et décida donc que me refuser l'accès au cours était le seul moyen d'avoir ce qu'elle convoitait. Je ne lui en veux d'ailleurs pas, depuis que je suis la risée de l'école, elle n'avait pas pu enseigner à sa guise devant chaque fois sortir les élèves qui m'intimidaient ou moi-même lorsqu'ils réussissaient à m'accabler.
VOUS LISEZ
Cicatrisés par l'amour
RomanceCécilia Edmonton a un passé douloureux, ayant autrefois joué un grand rôle dans la mort de sa meilleure amie, Romane Estéban. Cette erreur a été son plus grand regret et la jeune fille doit vivre avec les cicatrices du passé pour l'éternité. En tous...