Chapitre 27

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Son humanité m'envoûtait, me changeait lentement de la brute que j'étais vers un être moral et juste. Elle était ma lumière, celle que j'avais essayé d'éteindre de peur de me brûler, et sans que je m'en rende compte, ses flammes avaient commencé à me réchauffer, à intérioriser en moi un lot de valeurs purifiantes. Elle était captivante...

PDV Nolan

La petite rebelle que je tenais dans mes bras s'était évanouie, complètement obnubilée par les évènements du soir. La voir comme ça me pinçait le cœur et aussi froid que j'étais, je ne pus m'empêcher d'éprouver de la chaleur en moi. Cette fille me chauffait que ce soit en m'énervant ou en me faisant bander. Elle m'excitait tellement que parfois je me demandais comment j'avais pu être celui à l'arrêter dans toutes ses avances provocantes. Mais ce n'étais pas le moment d'avoir ces pensées, surtout qu'elle était en piètre état et que mon ex meilleur ami avait prononcé des paroles insensées. Je me reconcentrais alors sur lui, levant mes yeux vers cet idiot de Kyle qui avait un jour été l'un de mes meilleurs confidents.

- Qu'est-ce que tu as dit ? demandais-je, d'une voix grave. Tu as violé Lenaya ?

Le jeune homme lâcha un soupir, ne sachant comment continuer cette discussion. J'avais envie de lui arracher sa minable tête, mais quelque chose me disait d'attendre, que quelque chose clochait et qu'il y avait beaucoup plus dans ses paroles crûs que je ne pouvais l'imaginer. Jamais je n'aurais cru pouvoir faire preuve d'autant de compréhension que ce soir, mais je savais que la source de ce changement était paisiblement blottie dans mes bras.

- Nolan. Tu me connais plus que n'importe qui. Tu sais quel genre de personne je suis et c'est pour ça que j'ai décidé de parler en ta présence. Alors s'il te plait, j'ai besoin que tu me crois, me suppliait presque Kyle.

Je serais davantage Cécilia dans mes bras, son corps tremblant me signifiant que je lui avais assez fait endurer. Ce n'étais plus le moment de s'attarder sur les particularités d'un conflit qui n'avait plus de sens. Je lançais toujours un regard noir à Kyle, j'étais en colère contre lui plus que je ne l'avais été contre Célia parce qu'il s'était un jour proclamé comme mon ami le plus fidèle. Il avait été là pendant la mort de mes parents, me rassurant, me disant qu'il serait toujours là pour moi et que je pourrais compter sur lui dans un futur proche. Il avait tout gâché, ce n'étais plus un ange protecteur pour moi, mais un cadeau empoisonné. Et je n'arrivais pas à lui pardonner. Parce que j'avais tellement partagé avec lui que je ne pouvais accepter cette réalité sordide, celle où je réalisais que la personne qui m'avait soutenu toute ma vie était la même qui m'avait laissé tomber quand j'ai eu le plus besoin d'elle. C'est difficile de pardonner un être cher, parce que la valeur de son péché pèse lourdement sur ta tête, comme une épée de Damoclès, si jamais elle a le malheur de tomber sur toi, elle tombe lourdement avec tous les souvenirs et les moments de bonheurs qui la compose.

- Ton père t'a encore foutu à la porte ? demandais-je.

Le jeune homme haussa les épaules et je levais les yeux au ciel, pas étonné de l'évidence de ma question. Kyle et son père, c'était une histoire de guerre sans fin, où le seul refuge de Kyle avait toujours été chez moi. Le père de Jérémie, étant le shériff de la ville, il était gênant pour Kyle de demander abri à son deuxième meilleur ami. Ces derniers temps il avait dû les passer à la rue, vu son état déplorable, pensais-je.

- Suis-moi. Tu parleras de la connerie que t'as encore sorti de ta gueule quand Célia se réveillera et sera en état de t'entendre elle aussi, grommelais-je alors, devant le regard étonné de Kyle.

Qui aurait cru que l'intrépide Estéban avait de la compassion envers ses ennemis ? Même moi, j'étais étonné de moi-même. J'avais toujours préféré être considéré un sans-cœur que de devoir donner et être déçu en retour. Depuis la mort de mes parents, j'avais pensé que le seul moyen de me protéger de ce monde était de me détacher de tout sentiment susceptible de me conduire dans le néant. Mais cette idiote de Cécilia remettait constamment en question ma pratique existentielle, avec ses revendications continuelles du prédicat de l'éthique. Elle était tellement humaine, menant une guerre constante contre ses démons, ne baissant jamais les bras malgré ses peines et souffrances. Son humanité m'envoûtait, me changeait lentement de la brute que j'étais vers un être moral et juste. Elle était ma lumière, celle que j'avais essayé d'éteindre de peur de me brûler, et sans que je m'en rende compte, ses flammes avaient commencé à me réchauffer, à intérioriser en moi un lot de valeurs purifiantes. Elle était captivante, pensais-je, en me dirigeant vers ma voiture noire, avec la jeune fille dans mes bras.

Cicatrisés par l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant