Chapitre 6

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À cause de lui, le passé faisait et ferait constamment parti de mon présent

Flashback, 9 mai 2013

Mes yeux rougies par les larmes, mon visage plus ternie et fragile que jamais, je relisais pour la centième fois les lignes du journal des nouvelles. Peu importe le nombre de fois que je recommençais la lecture, les lignes ne voulaient pas s'effacer, elles restaient telles quels. Je frottais mes yeux, espérant que la rivière de larmes que j'avais continuellement versé étaient responsables de toute cette confusion et me bloquaient la vue. Mais malgré le mouchoir que je passais dessus, les mots étaient toujours indemnes, écrits noirs sur blanc. << Le cadavre de Romane Estéban, une jeune fille âgée de 16 ans, aurait hier soir été retrouvé en très mauvais état dans l'arrondissement du boulevard Hamilton, près du célèbre bar ''Frame''. Le porte-parole de la police de la ville de Londres indique qu'il s'agit sans aucun doute d'un homicide. Un périmètre de sécurité a été établi autour de la scène et des enquêteurs des crimes capitaux ainsi que du service d'identification judiciaire ont été dépêchés sur les lieux. >>

- Romane... Romane ... Romane ! , criais-je sans arrêt, les mains sur la tête, en espérant qu'elle apparaisse miraculeusement devant moi.

La porte de ma maison sonna alors plusieurs fois, me faisant sursauter. Elle est revenue, elle est revenue, pensais-je en courant vers la porte tout en manquant de me fracasser la tête sur le plancher tant j'étais soulagée.

- Romane ?! , criais-je en ouvrant la porte l'esprit complètement chamboulé par tous ce qui se passait

Mais ce ne fut pas ma meilleure amie que je voyais, ce fut un homme possédant les mêmes pupilles qu'elle, mais beaucoup plus glacés. Un homme furieux, le visage en larmes et crispé par la colère me prit violement par le cou et me cloua sur le mur avec une telle férocité que je fus sur le point de tomber dans les pommes. Une nausée immense me submergea tandis que je scellais mes yeux confus avec un regard souffrant d'une douleur si grande que mon cœur sembla exploser tel un feu d'artifice, s'éparpillant à jamais dans le néant.

- TU L'AS TUÉ ! TU M'AS ENLEVÉ MA SŒUR ! TU L'AS TUÉ, MEURTRIÈRE ! REDONNE-MOI MA SŒUR, REDONNE-MOI ROMANE ! , cria le garçon tout en déversant tous les larmes de son corps

- Tu mens ... TU MENS, ROMANE N'EST PAS MORTE ! , criais-je le visage crispé par la douleur

Il ne semblait pas m'écouter, il semblait perdu dans un autre monde. Et la manière dont il me regardait, la façon dont ses poings étaient si fermement enroulés autour de mon cou me prouvait que tout était réel. Mais je n'arrivais pas à l'assimiler, tous ce que je pus faire fus pleurer, déverser toute la peine qui me rongeait. Mais je ne pus pas pleureur à ma guise, je n'eus pas l'occasion de me réfugier dans un petit recoin sans plus jamais sortir au jour, je n'eus pas le temps de tout digérer, car la rage de Nolan m'en empêcha. La manière avec laquelle il m'agrippait m'empêchait de me calmer et je manquais littéralement d'air autant physiquement que moralement.

- REDONNE-MOI ROMANE ! , gueula à nouveau Nolan en me secouant dans tous les sens

Et soudain, je ne ressentis plus son emprise sur moi. Les jambes tremblotantes et le regard en détresse, je pus voir que mes parents le tenaient maintenant chacun d'un bras, l'empêchant de commettre l'acte fatal qu'il avait en tête en venant chez moi.

- LÂCHEZ-MOI ! LÂCHEZ-MOI ! ELLE M'A PRIT MA SŒUR, ELLE M'A PRIT TOUS CE QUI ME RESTAIT, cria-t-il en me pointant d'un doigt tremblotant

Je mis instinctivement une main sur mon cœur, comme pour m'assurer que c'était bien moi qu'il pointait, que j'étais réellement celle qu'il accablait. Et je restais à le regarder s'agiter avec force et acharnement de l'emprise de mes parents. Des secondes ou des minutes passèrent, je n'avais plus la notion du temps, tout était brouillé dans mon esprit. Et c'est dans ces interminables moments de douleurs que Nolan finit par tomber sur ses genoux, fatigué par les émotions ravageuses qui l'avaient submergé, la tête baissé sur ses mains tremblotantes. Je refermais les yeux plusieurs fois et je crus apercevoir des mèches blondes, mais tout ceci était dans mon imagination. Mon regard passa de ma famille en choc vers le corps de Nolan qui semblait avoir subi le martyre.

Cicatrisés par l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant